Israël. Le piège de l’Histoire
Gérard Araud poursuit ses travaux pratiques pour appliquer les préceptes qu’il a si élégamment dégagés des grandes expériences diplomatiques du passé dans son ouvrage Histoires diplomatiques de 2022. Après l’application rétrospective à notre entre-deux-guerres (Nous étions seuls de 2023, développement de son chapitre VIII), il s’intéresse au conflit israélo-palestinien dans le présent ouvrage, saut dans le présent le plus brûlant (développement de la conclusion de son chapitre Ier).
L’auteur a toutes les qualifications pour traiter du sujet, avec son expérience du terrain (deux séjours à Tel-Aviv dont l’un comme ambassadeur) et des dossiers (suivi du sujet au « département » – comme on dit au Quai –, à Washington et à New York). Les qualités manifestées dans ses ouvrages précédents se retrouvent logiquement dans celui-ci : netteté du dessein porté par le texte, clarté de l’exposé, logique du raisonnement, réalisme des approches ; sans oublier ni les notations personnelles qui attirent la sympathie du lecteur, ni la touche d’humour ou d’ironie qui le font jubiler ; le tout dans 200 petites pages très accessibles. Un vrai plaisir. Il ne révèle rien qu’un esprit éclairé ignore s’il suit l’actualité et s’intéresse à l’histoire, mais il replace le tout dans un ensemble qui rend les faits lumineux et il les illustre de précieuses précisions.
Enfin il amène cet esprit éclairable à la solution des deux États non comme un simple Diktat de la logique abstraite, mais comme l’adhésion raisonnable à une issue difficile à trouver dans l’impasse actuelle, avec sa noble exigence de réalisme, un rôle pour chacun dont en premier la France et une part d’optimisme pas infondé. On ne saurait à mon sens trouver mieux sur le marché ! Quel chapitre de ses Histoires va-t-il à présent développer ?