Jacques Gallois (X45) Engagé contre l’exclusion
Décédé le 16 janvier 2010, Jacques Gallois était un passionné des moteurs. Il y a consacré sa vie d’ingénieur, devenant un expert reconnu au plan international. À sa retraite en 1988, il s’est engagé aussitôt à ATD Quart Monde. Il fut un des artisans de la rubrique « Forum social – L’envers du décor ».
Enfant, Jacques Gallois s’intéressait moins à ses livres d’histoire ou de géométrie qu’à Miroir du cyclisme ou à encore démonter tout ce qui pouvait l’être. Et pourtant, il intègre l’X en 1945. Grâce à un camarade de promotion, Guy Mercier qui sera l’ami de toute une vie, il fait la rencontre de sa future épouse. Avec quelques camarades de l’X, il est très actif dans les quartiers populaires de Paris où ils essayent, de leur propre initiative, d’occuper les enfants de la rue. Guy Mercier lui fait rencontrer François Gazier1, futur mari de sa sœur aînée, avec qui il formera une cordée magnifique pendant plusieurs années.
Un motoriste reconnu
À sa sortie de l’X, sa passion pour la mécanique l’amène vers l’industrie : quelques années à la SNECMA, puis en 1953 la SEMT Pielstick2 où il effectuera toute sa carrière. À l’époque, cette société spécialisée dans la mise au point de gros moteurs diesel destinés aux bateaux, aux locomotives et aux groupes de production d’électricité terrestre commercialisait ses moteurs au travers d’un réseau de licenciés. Dans son secteur, Jacques Gallois devient vite une référence, en améliorant considérablement les rendements des moteurs par des procédés innovants en matière d’injection et de suralimentation. Il parcourt alors le monde, de congrès en visite de licenciés, apportant son expertise sur un brise-glace en Russie ou sur un groupe électrogène en Afrique. Plus de 30 fois il s’est rendu au Japon où il a conservé des amitiés fidèles.
Le refus de la misère
En 1988, c’est la retraite, mais pas le repos pour autant. Il se rend à ATD Quart Monde avec le projet de monter un atelier de mécanique. Mais très vite Joseph Wresinski le mobilise pour participer à l’organisation d’un événement majeur, la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, qui sera ensuite célébrée chaque année. Et c’est ainsi que Jacques Gallois se retrouve aux côtés du père Joseph, de Geneviève de Gaulle et d’autres, pour frapper inlassablement aux portes des parlementaires et des patrons d’industrie.
Démarre alors pour lui un combat permanent pour l’accès de tous aux droits fondamentaux et notamment à l’éducation, à la formation, à la santé, à la culture et au logement. En 1999, il prend contact avec le général Novacq qui commandait l’École, pour une action de sensibilisation des élèves, en mobilisant notamment ceux qui avaient fait un service civil à l’Éducation nationale, dans la police ou dans des associations comme ATD.
Cette action a débouché sur un rassemblement présidé par le Général dans le grand amphi de l’École, à la suite duquel François Ailleret, alors président de l’AX, a donné pour mission à l’équipe qu’animait Jacques d’ouvrir dans La Jaune et la Rouge une rubrique » Forum Social – L’envers du décor « . Tous ses amis en étaient frappés : pour Jacques Gallois, le combat contre l’exclusion sociale était devenu une passion qui l’a possédé jusqu’à la fin de sa vie.
1. F. Gazier (Y 2006) conseiller d’État.
2. Société d’étude des machines thermiques.
Un colloque sur l’exclusion
En 2008, l’AX a demandé à l’équipe du « Forum social » d’organiser, à l’issue de son Assemblée générale, un colloque sur le thème Lutter contre l’exclusion par le système éducatif : un défi ». Ce fut l’occasion d’éditer un recueil des articles parus dans La Jaune et la Rouge, dont quelques exemplaires sont encore disponibles.