Jean Delacarte (X47) un scientifique habité par le souci de transmettre
Décédé le 2 novembre 2023, Jean Delacarte a eu une brillante carrière professionnelle de chimiste. Mais il est surtout connu pour ses engagements et ses actions en faveur de la transmission des savoirs et acquis de l’expérience, que ce soit aux Apprentis d’Auteuil, à l’AX ou dans le secteur aérospatial.
Né à Neuilly-sur-Seine le 2 décembre 1927, Jean avait un grand-père agrégé de mathématiques. Son père Louis, X1923, est directeur au PLM puis à la SNCF. Après des études secondaires et une prépa à Stanislas, puis l’X, il entre dans le corps des Poudres, où il est responsable des propergols solides. La mise au point de la poudre Tubal est un succès qui lui vaut d’être nommé – à 26 ans – patron de l’autopropulsion au Centre d’études du Bouchet, où il théorise la combustion des blocs de poudre.
En 1960, il est placé au département chimique de la société Air Liquide sur un projet d’étage cryogénique pour la fusée Diamant. Sur sa proposition, Air Liquide rachète la société chimique de la Grande Paroisse, qu’il intègre et dont il devient rapidement PDG. En 1981, Jean Delacarte est secrétaire général de la société Air Liquide dont il devient directeur général de 1984 à 1992.
Au service des autres
Jean s’est beaucoup investi au service des autres et de la Nation, d’abord comme conseiller bénévole du délégué général pour l’Armement, de 1990 à 1999. Et surtout au sein de la communauté polytechnicienne. Dès 1968, il apporte son concours à la Caisse de secours de l’AX et, à partir de 1986, il en assure la présidence jusqu’en 1998. Nommé au conseil d’administration de la Maison des X, il y investit beaucoup de son temps, en particulier au sein du comité d’audit dont il sera un membre actif jusqu’à ses derniers jours. C’est lui qui met au point le contrat de gérance confié à Sodexho, avec le souci de créer un accord gagnant-gagnant. C’était en 1996, et l’accord se révèle toujours actuel.
Le souci de transmettre
Animé par une volonté constante et forte de transmettre, Jean Delacarte s’est investi dans de nombreux domaines. Tout d’abord, celui de l’industrie aérospatiale, domaine qu’il connaissait en raison de son passé professionnel. Il participe au lancement et aux travaux de l’Académie de l’air et de l’espace, dont il assure la vice-présidence de 1994 à 1997. Au début de ce siècle, constatant qu’il n’y avait pas de formation continue adaptée aux ingénieurs du secteur aérospatial, il s’associe avec Jacques Bouttes (X52) pour créer les Entretiens de l’aéronautique et de l’espace – aussi connus sous le nom d’Entretiens de Toulouse – sur le modèle des Entretiens de Bichat dans le secteur médical. Depuis lors ce sont 5 500 ingénieurs qui ont bénéficié de cette formation, pour leur plus grande satisfaction.
Mais Jean ne s’intéressait pas qu’aux ingénieurs et scientifiques. Il avait le souci d’aider les plus défavorisés et c’est ce qui a motivé son choix de consacrer beaucoup de son temps aux Apprentis d’Auteuil. Il y avait un bureau où il travaillait presque quotidiennement. Nicolas Truelle (X80), DG de la Fondation, rappelle que « sa première réalisation fut de développer une relation forte avec l’École polytechnique pour que certains de ses élèves fassent leur stage de première année dans un établissement d’Apprentis d’Auteuil [.…]. Grâce à lui plusieurs centaines de polytechniciens auront vécu et se seront investis aux côtés de jeunes en grande difficulté. La conviction de Jean était très claire : ce n’était pas les polytechniciens qui venaient aider la Fondation, c’était la Fondation qui aidait l’École polytechnique à former les polytechniciens. »
Ce souci de transmettre, inutile de dire qu’il le manifestait aussi au sein de sa famille, comme peuvent en attester son épouse, ses quatre filles, ses huit petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants.