Jean Gruau (52), un pionnier de l’aventure spatiale

Dossier : ExpressionsMagazine N°631 Janvier 2008Par Charles BIGOT (52)

Par­mi nos deux cents cama­rades de la 52, Jean Gruau était déjà un per­son­nage, grand mani­tou d’un mys­té­rieux binet élec­tro­nique, et l’on pou­vait déjà devi­ner ce qui mar­que­rait sa vie pro­fes­sion­nelle : la curio­si­té, le goût de com­prendre, la pas­sion de trouver.
À la sor­tie de l’X, après son diplôme de Sup Télé­coms, il com­mence une car­rière mili­taire dans les trans­mis­sions en Algé­rie, puis à la socié­té Thomson.
En 1967, il vient rejoindre notre petite équipe au Cnes, en charge d’une colos­sale aven­ture, celle de déve­lop­per les lan­ceurs spa­tiaux. C’est Jean Gruau, le pre­mier, qui sut ima­gi­ner et mettre en œuvre un sys­tème de qua­li­té pour les lan­ceurs, dans un milieu de tra­vail exal­tant, mais où l’ap­pa­reil tech­nique devait lais­ser la place à une humi­li­té res­pec­tueuse devant la réalité.

Un gardien de la rigueur

Au début de l’a­ven­ture Ariane, on le découvre quelques années plus tard à Kou­rou, direc­teur du Centre spa­tial guya­nais. Puis, il prend de la hau­teur comme ins­pec­teur géné­ral, mais tou­jours près du ter­rain, sur­tout pour les lan­ce­ments, du pre­mier au cen­tième vol ! Cha­cun de nous gar­de­ra le sou­ve­nir de sa façon très per­son­nelle de tenir ce rôle de gar­dien de la rigueur, asso­cié à la recherche pas­sion­née des solu­tions accep­tables, et cela dans les pires situa­tions. Il savait écou­ter et appré­cier sans a prio­ri, il savait com­prendre sans com­pro­mis­sion, com­po­ser sans tran­si­ger et faci­li­ter ain­si, sans fai­blir, l’a­bou­tis­se­ment des bonnes déci­sions. Sans jamais, non plus, se dépar­tir d’un calme olym­pien, d’un opti­misme bien mesu­ré et d’une inal­té­rable bonne humeur, contri­buant ain­si avec bon­heur au moral des équipes.
Infa­ti­gable, il assu­mait encore de grandes res­pon­sa­bi­li­tés minis­té­rielles comme haut-com­mis­saire à la Sécurité.
Il prê­tait aus­si ses com­pé­tences à ses col­lègues, les radio­ama­teurs du monde entier, et leur a favo­ri­sé et orga­ni­sé un sys­tème de satel­lites spé­cia­li­sés pour déve­lop­per leurs rela­tions. Moi qui ai eu la chance et le pri­vi­lège d’une belle et longue ami­tié avec lui, je vou­drais témoi­gner d’autres aspects de ce grand pro­fes­sion­nel de l’Es­pace, celui d’un être un peu secret par­fois, ser­viable quoi­qu’un peu bour­ru, affable, géné­reux, intègre, pudique et plein d’hu­mour. Jean Gruau est res­té cou­ra­geux devant les épreuves de ses dix der­nières années, heu­reux de vivre mal­gré tout.
À ses trois filles et ses neuf petits-enfants, au-delà de la com­pas­sion et de la tris­tesse par­ta­gée, je veux dire qu’ils ont de la chance d’a­voir un tel exemple à médi­ter et qu’ils doivent être fiers de lui.

Commentaire

Ajouter un commentaire

SUEURrépondre
18 février 2012 à 8 h 40 min

Bon­jour,
J’ai eu la chance de

Bon­jour,
J’ai eu la chance de bien connaître Jean Gruau en qua­li­té de radio­ama­teur (F8ZS) et son épouse Marie-Claude.
A tout ins­tant, j’ai appré­cié leur édu­ca­tion, leur gen­tillesse et leur simplicité.
Mal­gré un emploi du temps extrê­me­ment char­gé (Ins­pec­teur Géné­ral du CNES et haut fonc­tion­naire de défense, il savait res­ter à l’é­coute des autres, avec cha­leur humaine.
Je vou­lais sim­ple­ment lui rendre hommage.
Bien cordialement.
François.

Répondre