Jean Nganso Sunji (58) premier polytechnicien camerounais
Décédé le 14 novembre 2021, Jean Nganso Sunji a choisi, à sa sortie de l’École, de faire carrière dans l’armée de son pays natal, le Cameroun, où il s’est fait connaître notamment en organisant, avec succès, la résistance à la tentative de putsch de 1984.
Né le 15 octobre 1937, à Balengou, dans le département du Ndé, région de l’Ouest, Jean Nganso Sunji a fait des études classiques jusqu’au baccalauréat, dans l’enseignement public au Cameroun. (Rappelons qu’après la Première Guerre mondiale le Cameroun, auparavant colonie allemande, a été placé sous tutelle de la Société des Nations qui a confié l’administration de la partie orientale du pays à la France, le reste étant administré par la Grande-Bretagne.) Jean a poursuivi ses études dans les classes préparatoires du lycée Montaigne de Bordeaux. Il a réussi le concours d’entrée à Polytechnique et a fait partie de la promotion 1958. À l’X, il était un camarade très sympathique et cordial avec les amis qu’il fréquentait (notamment au groupe catho) et très modeste. On ne se rendait pas du tout compte qu’il était le premier élève africain (hors Maghreb) ayant réussi à entrer à l’X. Après l’X, il a suivi le même chemin que les ingénieurs du corps des Ponts et Chaussées : deux ans d’études à l’ENPC (École nationale des ponts et chaussées), six mois d’école d’officier à l’EAG (École d’application du génie d’Angers). C’est, peut-être, cette dernière période qui a déterminé sa vocation militaire qu’on ne soupçonnait pas quand il était à l’X, mis à part le brevet de parachutiste qu’il avait passé, à titre sportif, comme bien d’autres élèves.
Participer au développement du Cameroun
Ses camarades ont beaucoup apprécié le fait que, après ses études en France, il retourne au Cameroun, pour aider son pays d’origine à s’organiser et à se développer, après avoir obtenu son indépendance en 1960. En effet, à cette époque, beaucoup d’étudiants africains préféraient rester en France après leurs études et y faire carrière, plutôt que de retourner dans leur pays d’origine pour l’aider à bâtir son indépendance fraîchement acquise. Après quelques années de service sur le terrain, années peu nombreuses mais difficiles et où il a été très efficace, il rejoint le ministère des Forces armées du Cameroun.
Là, toujours sans se mettre en avant, il jouera un rôle prépondérant dans l’organisation et l’équipement des Forces armées du Cameroun, tout en faisant, dans les premiers temps, des stages (deux ans au total) dans les principaux états-majors de l’armée française. Au fur et à mesure de ses promotions successives, il œuvrera dans tous les départements importants du ministère, avec une spécialisation finale dans l’armée de l’air dont il sera général chef d’état-major pendant dix ans, à partir de 1983.
Un soldat aussi valeureux que loyal
Il n’est apparu au grand public de son pays qu’en avril 1984, lorsque des militaires ont voulu organiser un putsch contre le Président Paul Biya. Avec deux autres généraux, il a pris la tête des troupes restées fidèles et a organisé, avec un grand courage, la résistance aux troupes des putschistes qui a été couronnée de succès.
Cette action a grandement contribué à stabiliser le Cameroun qui, en cas de succès de ce premier putsch, risquait de connaître une succession d’actions similaires et de sombrer dans l’instabilité.
Au cours de ses dernières activités de carrière, il a été, en tant que général de corps d’armée, inspecteur général des armées.
Jean Nganso-Sunji a été admis en deuxième section le 11 mars 2011.
Il était, au Cameroun, commandeur de l’ordre de la Valeur et grand cordon du Mérite. En France, il était commandeur de la Légion d’honneur.
Il laisse derrière lui son épouse, Mme Marie Esther Kouekeu, trois enfants et six petits-enfants.