Jean PANHARD (33), la force de ne jamais renoncer

Dossier : TrajectoiresMagazine N°699 Novembre 2014Par : Claude BÉBÉAR (55) et François Bedaux (41)

Tou­jours cour­tois, sou­riant, Jean était un cama­rade déli­cieux et par­fois facé­tieux. Ain­si, reçu à l’X en 1933, il décide de se pré­sen­ter à la Kès. Pour faire sa réclame, il va sus­pendre d’énormes cali­cots sur les immeubles situés en face de l’École.

Le géné­ral com­man­dant l’École n’apprécie pas et envoie Jean et son binôme (Aitoff) en pri­son. Consé­quence : sa brillante élec­tion comme kes­sier. Mer­ci, mon Général !

De 1935 à 1937, il fait l’école d’application d’artillerie à Fon­tai­ne­bleau, où il constate que les canons sont encore tirés par des che­vaux. A‑t-il eu à ce moment-là l’intuition que l’automobile avait devant elle un grand avenir ?

“ La plus ancienne entreprise automobile du monde ”

Ayant ache­vé sa for­ma­tion, il entre chez Pan­hard, entre­prise fon­dée en 1891 par son grand-oncle René qui, asso­cié à Émile Levas­sor, avait alors pro­duit une série de 30 voi­tures, consti­tuant ain­si la plus ancienne entre­prise auto­mo­bile du monde.

Une production haut de gamme

Cette socié­té, très pros­père grâce à son cata­logue de véhi­cules haut de gamme, ne s’était mal­heu­reu­se­ment pas conver­tie à la pro­duc­tion en grande série. Or en 1945, à l’issue de la guerre, Paul-Marie Pons (24), haut fonc­tion­naire, avait conçu un plan qui pré­voyait que seuls Citroën, Renault, Peu­geot et Sim­ca pour­raient béné­fi­cier des appro­vi­sion­ne­ments en matières pre­mières néces­saires à la production.

Jean PANHARD (33) à l'Ecole polytechniqueJean Pan­hard et son père, ne s’avouant pas vain­cus, se rap­prochent alors de Jean-Albert Gré­goire (18), fon­da­teur de l’aluminium fran­çais, et obtiennent de Pons que Pan­hard fasse par­tie du plan à condi­tion de pro­duire un véhi­cule en aluminium.

Ain­si fut pro­duite la Dyna, de concep­tion avant-gar­diste, sui­vie de la Junior, la PL 17, la 24.

Mal­heu­reu­se­ment han­di­ca­pée par un pas­sage trop tar­dif à la grande série, l’entreprise n’était pas viable, ce qui ame­na Jean Pan­hard à conclure des accords avec Citroën qui ne main­tint pas la marque pour les véhi­cules de tou­risme, conser­vant la seule acti­vi­té mili­taire (voir encadré).

De nombreuses responsabilités

En plus de ses acti­vi­tés d’industriel, Jean Pan­hard a assu­mé de nom­breuses res­pon­sa­bi­li­tés durant de nom­breuses années : pré­sident de la Chambre syn­di­cale des Construc­teurs d’au­to­mo­biles, pré­sident du Salon de l’auto, pré­sident de l’assemblée per­ma­nente des Chambres de com­merce et d’industrie en France et en Europe, pré­sident de l’Automobile Club de France, membre du Comi­té exé­cu­tif du CNPF (Medef aujourd’hui), etc.

“ Seule l’entreprise crée des richesses ”

Ces nom­breuses acti­vi­tés lui per­met­taient de côtoyer nombre de per­son­na­li­tés dont les Pré­si­dents de la Répu­blique, de Charles de Gaulle à Jacques Chi­rac à qui il ne man­quait pas de rap­pe­ler que « seule l’entreprise crée des richesses ».

Toute sa vie, Jean est res­té très atta­ché à l’X. Il fut de longues années membre du Conseil de per­fec­tion­ne­ment de l’École pré­si­dé par Louis Armand (24).

Jean citait sou­vent Wins­ton Chur­chill : « Ne jamais renon­cer, tou­jours ten­ter quelle que soit l’adversité. »

Claude Bébéar (55)

DES VÉHICULES MILITAIRES

Le récent décès de Jean Panhard a été salué par un vibrant hommage à l’action énergique qu’il a inlassablement menée en faveur de l’expansion et du rayonnement de l’industrie automobile française.
Il a également porté un intérêt passionné à l’étude et la fabrication de ces grands frères de l’automobile que sont les véhicules blindés de combat.
Selon une tradition très ancienne, un département de la Société des automobiles Panhard leur était consacré, devenu célèbre pour sa compétence et la hardiesse de ses réalisations, mais dont l’avenir, en 1965, paraissait bien compromis, l’Armée française, seul client, ayant fait connaître que ses besoins étaient désormais pourvus.
Il fut donc décidé, lors de la fusion Citroën-Panhard, de l’ériger en société – probablement éphémère – la SCMPL présidée par Jean Panhard, que je rejoignis à cette époque comme directeur général, et avec lequel s’établit rapidement une collaboration fondée sur une respectueuse amitié.
Nous nous sommes vite aperçus que la seule solution pour sauver la société était de lui trouver des clients étrangers, c’est-à-dire de conquérir une place sur un marché international hautement compétitif, ce qui exigeait une réorganisation complète et l’apprentissage de nouveaux métiers. Grâce à la ferme volonté de la direction et aux efforts du personnel, le résultat a été atteint et, vingt ans plus tard, la SCMPL avait fourni des véhicules modernes et efficaces à de nombreuses armées amies de notre pays.
Durant cette période, Jean Panhard et moi-même avons rencontré d’énormes difficultés et vécu des moments pénibles, mais aussi connu des occasions de satisfaction et de fierté.
La dernière, avant la retraite de Jean Panhard, a été le privilège d’assister, en invités officiels, depuis le balcon présidentiel, le jour de la fête nationale du Mexique, à un magnifique défilé où figuraient en bonne place vingt de nos véhicules blindés.
Quelques années après, la récession atteignait la SCMPL et surtout PSA obligé de se recentrer sur ses activités automobiles. Il la vendit donc, ce qui entraîna sa dissolution.

François Bedaux (41), ingénieur en chef de l’Armement

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