Jean Prunieras (41)
L’ingénieur général des Ponts et Chaussées Jean Pruniéras nous a brutalement quittés le 6 mars 2004 alors qu’il organisait encore, les semaines précédentes, au titre de l’Institut français de Navigation, la table ronde d’une étude de la Commission européenne sur les ports petits et moyens. Sa famille a souhaité que ses obsèques aient lieu dans la discrétion et la plus stricte intimité, il est juste cependant que soit publiquement rendu hommage à l’action de ce grand ingénieur qui a tant œuvré pour la sécurité et l’efficacité de la navigation maritime.
Il débute sa carrière au port d’Oran. En 1955, il rejoint le Service des Phares et Balises où il va faire le reste de celle-ci. Il y prend les fonctions d’ingénieur en chef du Service technique des Phares et Balises en 1963, et celles de directeur du Service des Phares et Balises en 1972. Il devient ainsi le treizième secrétaire de la Commission des Phares succédant à certains parmi les plus grands, Augustin Fresnel (1804) et Léonce Reynaud (1821) entre autres. Il devient également le secrétaire général de l’Association internationale de Signalisation maritime (AISM). Il prend en 1977, avec le rattachement des Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross) à son service, le titre de directeur du Service des Phares et Balises et de la Navigation (SPBN). Il conserve cette fonction jusqu’à son départ à la retraite en 1988.
Lorsque Jean Pruniéras rejoint le Service des Phares et Balises celui-ci termine la reconstruction de ses installations et s’engage sur le défi technologique que seront la généralisation de l’électrification, l’utilisation de l’électronique et l’automatisation.
Parallèlement, il consacrera une partie importante de son temps libre à mener des travaux arithmétiques de haut niveau dans le cadre d’une thèse.
Dans les différents domaines que Jean Pruniéras a abordés au cours de sa carrière professionnelle puis des travaux qu’il a conduits pendant sa retraite, il s’est toujours efforcé de disposer de l’analyse la plus précise possible des besoins avant de déterminer la meilleure solution à adopter. C’est ainsi qu’il conduit à son terme la définition par l’AISM d’un système unifié de balisage en faisant mener par le STPB à Bonneuil-sur-Marne une étude sur la reconnaissance des éclats qui permettra de définir les rythmes de feux différenciables et donc ceux de balisages cardinaux. Ce système unifié, recherché depuis la fin du xixe siècle, sera adopté par l’Organisation maritime internationale en 1981.
Il fera également réaliser à la fin des années soixante-dix une importante étude sur l’utilité des systèmes de position afin de rechercher les systèmes d’aides radioélectriques à la navigation les plus adaptés aux différentes utilisations (navigation, pêche, chenalage, etc.).
Jean Pruniéras avait reconnu très tôt l’intérêt des radars pour améliorer la sécurité de la navigation dans les chenaux portuaires puis au large. Les études menées ont conduit à ce qu’on appelle aujourd’hui les VTS (Vessel traffic services - services de trafic maritime). Le projet de l’installation d’un tel système à la pointe de Bretagne avait été préparé sous sa direction ; la catastrophe de l’Amoco Cadiz (mars 1978) a conduit à en trouver le financement.
Si ce dispositif combiné avec le reste des moyens de l’action de l’État en mer n’a pas permis de prévenir tous les accidents, comme l’a malheureusement montré la catastrophe de l’Erika fin 1999, il a permis d’en éviter de nombreux puisqu’on estime à une quinzaine le nombre d’accidents graves évités entre 1980 et 1999.
L’expérience française ainsi acquise sous la direction de Jean Pruniéras a conduit à l’adoption de nombreux textes à l’AISM, à l’Association internationale des Ports (IAPH) et à l’Organisation maritime internationale (OMI). Lorsque la Commission européenne a lancé un vaste programme d’étude sur les VTS au début des années quatre-vingt c’est tout naturellement Jean Pruniéras qui a été retenu pour animer l’action correspondante.
Et lorsque ses pairs l’ont élu à la tête de l’Institut français de Navigation puis de son comité technique, sa renommée a conduit à ce que cet organisme se voie confier la coordination des diverses actions européennes dans ce domaine et plus généralement dans tout ce qui touchait de près ou de loin à la sécurité de la navigation. Il y travaillait encore à la veille de sa mort.
La personnalité de Jean Pruniéras avait conduit en outre le Ministère à confier au SPBN et à son service technique des tâches allant bien au-delà de ce que recouvraient la signalisation maritime et la sécurité de la navigation puisqu’il a dirigé des réalisations allant de l’automatisation des sondages dans les ports au suivi des modèles de sédimentation et de courantologie du Laboratoire national d’hydraulique dans le cadre d’une convention avec le Ministère. Il dirigeait également les études sur les modèles mathématiques de navire et les campagnes de mesures des houles significatives sur les côtes de France.
Dans ces dernières années, il a également coordonné des études de la Commission européenne sur l’efficacité des ports et des terminaux portuaires et le suivi des marchandises.
Cette courte notice survole les apports de ce grand ingénieur. Dans le cadre du bicentenaire du Conseil général des Ponts et Chaussées, le Centre d’études techniques maritimes et fluviales consacrera une journée, le 7 décembre 2004, aux travaux de Jean Pruniéras.
Dans le même cadre, le port autonome du Havre consacrera une demi-journée, le 28 octobre, à son apport dans les problèmes portuaires. Ce n’est que justice.
Nous souhaitions apporter un hommage au nom de tous ses anciens collaborateurs pour l’expérience et la formation qu’il nous a apportées, la rigueur dans l’analyse des besoins et la recherche de solutions adaptées, l’écoute qu’il accordait à l’avis de chacun.
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Un grand merci à tous les
Un grand merci à tous les deux pour ceci ! M