Jean-Sébastien Bach : Variations Goldberg Glenn Gould, piano, 1981
Glenn Gould a abandonné sa carrière de concertiste à trente et un ans pour ne plus jamais se produire en public. Il se consacra alors uniquement aux enregistrements en studio et à la production d’émissions de radio.
On l’a dit le mois dernier ici, les interprétations de Glenn Gould divisent les mélomanes. Certains adorent tout, d’autres détestent presque toujours, certains comme nous apprécient énormément une grande partie et haïssent le reste (ses Mozart et Beethoven, principalement). Mais il est une interprétation qui met tout le monde d’accord, c’est l’enregistrement mythique que Gould fit des Variations Goldberg de Bach en 1981, publié un mois avant la mort de l’artiste, sans aucun doute un des plus grands disques de piano de l’histoire (sur l’île déserte, il faut amener également les Nocturnes de Chopin par Claudio Arrau). Disque primé et célébré de nombreuses fois.
Cette œuvre est un des sommets de la musique pour clavier de Bach. Il s’agit de trente variations contrapuntiques sur une aria, en fait une Sarabande dont Bach utilise la ligne de basse pour construire ses variations. Elle est dédiée au virtuose et compositeur Johann Gottlieb Goldberg, qui l’a probablement jouée en public pour la première fois (1741). C’est curieusement l’œuvre (et le disque) qui a rendu Glenn Gould célèbre à 22 ans en 1955 et qui a clos sa carrière en 1981. La seconde interprétation est sensiblement plus longue (et quelques variations bien plus lentes) que la première de 1955. Gould disait : « Il me semble que l’essentiel de la musique qui me touche profondément, j’aimerais l’entendre (et évidemment la jouer moi-même) dans un tempo très pensif et très lent. Voyez-vous, autrefois, ce qui était capital pour moi, c’était la course rythmique précipitée ; mais, en vieillissant, j’ai eu de plus en plus l’impression que de nombreuses interprétations (dont, certainement, la majorité des miennes) étaient beaucoup trop rapides. […] C’est précisément le manque de tempi lents qui me dérange le plus dans mon vieil enregistrement des Variations Goldberg. »
Ce que l’on ne sait pas souvent, c’est que simultanément à l’enregistrement de 1981, Bruno Monsaingeon a filmé l’ensemble de l’interprétation, ce qui fait de cet enregistrement vidéo une formidable occasion de voir Gould à son meilleur. On peut ainsi apprécier la difficulté des différentes variations, la technique du pianiste, ses manies légendaires (chantonnement, mouvement des mains, mimiques, siège de son enfance…). Un tel enregistrement montre bien combien son excentricité, même si elle est visible constamment, est secondaire musicalement. Mais surtout l’image permet de suivre précisément la richesse du contrepoint (deux, trois ou quatre voix) de Bach et la fantastique et haletante interprétation de Glenn Gould. Déjà fantastiques en disque, l’interprétation, l’équilibre des voix, la variation des phrasés et des touchers prennent une dimension supplémentaire en vidéo.
On l’a compris, une œuvre iconique, un disque mythique de référence, que l’on a la chance de retrouver en vidéo avec tous les éclairages supplémentaires sur l’œuvre, l’interprétation et l’interprète que l’image apporte.
1 DVD Sony