Jean SIBELIUS : Les sept symphonies
L’œuvre symphonique de Sibelius (1865- 1957) comprend sept symphonies, toutes mémorables.
Elles sont, avec le Concerto pour violon et quelques poèmes symphoniques (Tapiola, Finlandia, En saga, Quatre Légendes), des piliers de la musique du XXe siècle, parmi ce que ce siècle a fait de meilleur en musique.
Ces symphonies sont encore insuffisamment connues et jouées en concert, comme l’étaient celles de Mahler il y a quarante ans. Karajan ne s’y était pas trompé, lui qui les a dirigées dès les années 1930, et les a enregistrées à plusieurs reprises (sauf la Troisième), considérant que ces symphonies étaient l’écrin idéal pour valoriser le soyeux des cordes, la brillance des cuivres et l’élégance des bois de l’Orchestre philharmonique de Berlin dont il avait forgé un son proprement inouï.
Un autre chef qui avait fait de Sibelius un cheval de bataille est Simon Rattle, alors jeune chef d’obscurs orchestres britanniques, dont ces enregistrements avaient participé à sa notoriété qui l’a amené progressivement jusqu’à diriger l’orchestre le plus célèbre du monde, à Berlin.
La réunion dans ces symphonies d’un Rattle désormais plus mûr de trente ans et de l’Orchestre de Karajan (oui, des caractéristiques de l’orchestre de cette époque ont survécu, écoutez leurs pizzicati, un son identifiable qui date même de Furtwängler le prédécesseur de Karajan) est un événement pour les amateurs de Sibelius.
Mais nous avons aussi la chance de trouver là une production qui filme magnifiquement les représentations, données pour les cent cinquante ans de la naissance du compositeur. Or comme souvent pour les oeuvres riches et complexes, l’image apporte beaucoup.
Il est aisé de suivre le flux orchestral, la richesse de la partition, la qualité musicale des musiciens, le leadership du chef.
La forme des symphonies de Sibelius évolue entre une première symphonie de forme très classique en quatre mouvements jusqu’à la septième en un seul mouvement, flux musical continu sans structure ni reprise, formidable.
Pour enrichir le son, très important chez Sibelius, des bois, les deux flûtes de l’orchestre sont là de nature et de son différents, Emmanuel Pahud jouant de sa traditionnelle flûte en vermeil mais accompagné d’un second flûtiste avec une flûte en bois.
Pour les mouvements lents où les bois sont souvent à découvert (la Troisième ou la Cinquième Symphonie par exemple), cela donne un effet très fort, un son plus riche et complexe. Personnellement j’aime et collectionne tout Sibelius, y compris sa musique de chambre, ses cantates ou l’opéra de jeunesse, son oeuvre de piano, ses mélodies.
Et je me réjouis à écouter ses successeurs finlandais Sallinen, Rautavaara et Kalevi Aho, passionnants. Pour les symphonies de Sibelius j’écoute régulièrement les enregistrements de Karajan et du jeune Rattle, de Bernstein, de Vladimir Ashkenazy, de Colin Davis.
Mais désormais cet ensemble de films, par leur qualité et l’émotion qu’ils suscitent, est pour moi une merveille, un Blu-ray où je reviens maintenant très régulièrement.