Odile Lacoin (04), Jeune Afrique
Née d’un père du pays du rugby et d’une mère camerounaise, Odile Lacoin a une personnalité attachante et se passionne pour la psychologie. Après un diplôme de management elle fait carrière dans le conseil. Membre du pôle Afrique de son cabinet elle a une grande influence dans ce continent.
Étonnante de vérité. Ouverte, franche, expressive. Toutes les questions dotées d’une réponse qui fuse, immédiate et précise. Son plus ancien souvenir est d’une fête foraine à Dax. Du côté paternel, Odile Lacoin est en effet originaire de ce pays du rugby.
Entrée à l’École après une prépa au lycée Louis-le-Grand, elle y suivit les pas de sa famille, dont son oncle Bernard Julia, major du concours d’entrée à l’X et à la Rue d’Ulm. Elle y apprit à travailler, et y goûta la stimulation intellectuelle.
Deux professeurs de Louis-le-Grand la marquèrent surtout, MM. Goldstein en maths et Colson en physique-chimie.
Indépendance et tradition
Auparavant, l’entièreté de sa scolarité secondaire se fit à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur. Ses acquis de cette autre école prestigieuse furent l’indépendance, l’autonomie, l’attachement aux traditions aussi.
Elle y eut comme professeur d’histoire en cinquième Mme Grépinet, un enseignement dont elle garde un grand souvenir.
De son père Jean, banquier, elle tire l’importance de l’éducation et l’excellence scolaire, ainsi que l’accent du rugbyman sur la compétitivité sportive : à l’X, elle adora jouer au handball.
De sa mère Jeanne, camerounaise, experte-comptable à Bourg-la-Reine, elle acquit l’autorité et le sens de la rigueur. Lors de son service national, à l’École navale, elle acquit enfin l’aptitude au commandement.
Ses racines camerounaises sont fortes, elle compte de nombreux cousins, oncles et tantes à qui elle rend visite « le plus souvent possible » à Yaoundé.
Un bel alliage
Bref, elle est faite d’un bel alliage. De la catégorie des aciers spéciaux. Durant sa scolarité à l’X, Odile Lacoin majora en psychologie et sociologie. Le talent dont elle est le plus fière est de « comprendre la psychologie des personnes ».
Elle s’inscrivit récemment à X‑Afrique et au binet Afrique il y a un an. Ces binets continuent de la mobiliser.
Une grande école, pourquoi pas moi ?
Pendant ces années 2004–2007, tous ses amis de Massy, les jeunes des Ulis, avaient les pires difficultés à s’en sortir. C’est en pensant à eux que, tous les mercredis, l’élève de l’École polytechnique encadra un groupe de lycéens issus de telles banlieues sensibles. Cela prit la forme d’un autre binet, qu’elle fonda en 2005, « Une Grande École, pourquoi pas moi ? ».
« Nous allons être là pour les pousser, leur faire prendre conscience de leurs possibilités. C’est ce qui leur manquait », souligne Odile.
« Et puis, on est jeunes. Le contact passe mieux. Ils ont nos numéros de portables. Le campus leur est ouvert parce que bien souvent ils manquent d’un endroit calme pour étudier. » Ce fut, dit-elle, « la grande fierté de ma vie ».
Après sa scolarité à Palaiseau, elle suivit en 2007–2008 l’enseignement de la Said Business School d’Oxford, dont elle est diplômée en management. Après l’Angleterre, elle revint à Paris : elle se sentait plus intégrée, moins « différente » à Londres qu’à Paris. Exceller socialement lui est un impératif, presque moral.
Viser la performance
Odile Lacoin acquit ensuite une demi-douzaine d’années d’expérience dans le conseil, au cabinet A. T. Kearney, dans la distribution, les biens de grande consommation et les matériaux de construction ; pour y améliorer la performance opérationnelle.
“ Exceller socialement lui est un impératif, presque moral ”
En outre, elle est membre du pôle Afrique de ce cabinet. Elle et ses collègues ont l’oreille des gouvernements africains comme des investisseurs occidentaux.
Ils ont aidé l’Éthiopie à mettre en place la première chaîne alimentaire du pays. Toujours désireuse de créer du lien avec l’Afrique, Odile Lacoin est également à l’initiative de plusieurs clubs ou groupes de réflexion et d’échanges sur la Toile.
Enfin, elle fait partie du jury pour l’Afrique des Cartier Women’s Initiative Awards, qui récompensent chaque année l’esprit d’entreprise de plusieurs femmes à travers le monde.
Le journal réputé Jeune Afrique la désigna comme l’une des cinquante Africaines les plus influentes au monde.
Accomplissement
Odile Lacoin a une présence impressionnante par son authenticité, l’ouverture à son interlocuteur, la simplicité et une évidente joie de vivre. J’aurai commis une belle bourde, si mon texte ne vous a pas convaincus aussi qu’elle a une personnalité attachante.
Elle me laisse l’impression d’une personne accomplie, sans doute capable de prouesses, peut-être encore à l’affût de sa voie.
Mais pour elle, réussir est une aventure collective. Car, et de longue date, sa devise est : « Ce sera toujours mieux ensemble. »