Juan Pablo Morales Fernandez (X07), ambassadeur AX au Chili
Juan Pablo Morales Fernandez (X07), CTO de Kwali AI, est ambassadeur AX pour le Chili. Il nous présente son parcours et les actions qu’il mène pour la communauté polytechnicienne.
Pourquoi as-tu choisi l’X en 2007 ? Qu’est-ce que tu retiens de l’enseignement à Polytechnique ?
Je suis chilien originaire de Santiago, même si ma famille vient du sud, de Concepción et Lota. Pendant mon Bac scientifique au lycée français de Santiago, j’ai découvert la réalité des classes préparatoires et des grandes écoles lors de la visite d’un proviseur de classe prépa parisienne. Mon attrait pour les maths et la réputation de l’École polytechnique m’ont très vite amené à viser l’X. Plus tard, muni d’une bourse, j’ai pris mon départ pour Paris.
J’ai fait une 3A atypique : j’ai combiné une spécialisation en mathématiques pures en topologie algébrique avec des cours d’entrepreneuriat. À l’époque, les cours de business n’étaient pas aussi populaires qu’aujourd’hui, on en était encore aux débuts du lancement des start-up. Par la suite j’ai intégré le master HEC entrepreneurs et très vite j’ai lancé ma start-up. Aujourd’hui j’en suis à ma deuxième start-up et, grâce à l’explosion de l’IA après 2012, j’ai trouvé un bon équilibre maths-business qui me convient parfaitement.
De mon parcours à l’X je retiens particulièrement l’enseignement du mandarin qui m’a amené à vivre en Chine pendant plus d’un an, la section volley et l’excellente formation sportive, ainsi que les cours de maths de Pierre Colmez et Jean Lannes.
Combien d’X sont présents au Chili ? Et dans quels secteurs ?
Une quarantaine d’X sont présents au Chili. Les secteurs les plus représentés sont la tech, la banque et la recherche. Avec le groupe X Chili, nous avons organisé des rencontres informelles entre anciens élèves et plusieurs d’entre nous, entrepreneurs, reçoivent chaque année des stagiaires de Polytechnique. La pandémie a ralenti ce processus, mais le lancement des ambassades AX nous a redonné de l’élan.
Comment est la vie au Chili en 2023 ?
Santiago est à 1 h 30 de la mer et à 45 minutes du ski. Les infrastructures à Santiago sont de qualité : excellent internet, autoroutes et réseau de métro impeccables, beaucoup de sécurité pour sortir, des parcs dans la ville et la cordillère à proximité pour partir en randonnées. L’offre gastronomique et culturelle est variée, ce n’est pas São Paulo, mais nous sommes imbattables dans la région pour le vin et les fruits. L’effervescence sociale de 2019–2020 s’est apaisée depuis les élections, donc nous retournons vers une période de confiance dans l’économie même si les temps sont difficiles un peu partout en ce moment. Avec le télétravail, de nouveaux pôles sont en développement, notamment Puerto Varas qui a un environnement naturel privilégié : bord du lac Llanquihue, fjords et proximité du lac de Todos los Santos et de Bariloche (Argentine).
Pourquoi le Chili attire-t-il autant de stagiaires chaque année ?
Le Chili a l’avantage de proposer un dépaysement et de magnifiques paysages avec le désert d’Atacama, la région des lacs et des volcans, la Patagonie et le parc Torres del Paine, tout en assurant des conditions de travail similaires à celles qu’on trouve en Europe en termes d’infrastructures, de qualité des transports, de main d’œuvre qualifiée et de sécurité. Le monde académique chilien ressemble au système français. L’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) a un centre à Santiago ; les programmes pour ingénieurs universitaires sont complètement inspirés par le système français, notamment concernant la méthode d’enseignement de mathématiques. Le Chili est un des premiers pôles technologiques en Amérique Latine grâce à des programmes comme Start-Up Chile, grâce aux aides pour la R & D de la Corfo (Corporación de fomento de la producción, organisme étatique chilien chargé du développement de l’industrie) et de la Conicyt (Comisión nacional de investigación científica y tecnológica) et plus récemment grâce au développement du secteur du lithium.
Quelles sont les perspectives pour renforcer les flux d’étudiants chiliens vers l’X et la coopération pour la recherche entre les universités chiliennes et l’X ?
Tout d’abord je pense que les programmes Bachelor et MScT (Master en sciences et technologies), étant plus jeunes, nécessitent plus de visibilité. Plus de 95 % des Chiliens qui vont à l’X le font par le cycle ingénieur.
Nous avons aussi besoin d’accords importants comme celui entre l’X et l’Université pontificale catholique du Chili (PUC), ou avec d’autres universités comme l’Université du Chili ou l’Université technique Federico Santa María (UTFSM) de Valparaíso, voire avec des universités privées. Je pense aussi que les échanges franco-chiliens de stages de recherche – on en voit moins que des stages en entreprise – seraient bien reçus par nos universités et prépareraient le terrain pour des accords comme celui avec la PUC.