Julien Solé, voyageur du regard
Du dessin et du voyage » : c’est par ces mots que Julien Solé avait intitulé son autoportrait paru dans le n° 52 de la SABIX À la rencontre des peintres polytechniciens.
C’est en effet un voy(ag)eur qui exposait ces jours-ci au Centre culturel égyptien de Paris, renouant là avec ses premières amours de dessinateur/peintre : l’Égypte, qu’il a découverte adolescent et sans cesse revisitée depuis, loin des circuits touristiques pour mieux en capter l’humanité grouillante, somptueuse et douloureuse.
Entre-temps, une vocation de peintre née dans le cours d’Hervé Loilier (67) à l’X : « L’enseignement de nos professeurs, pour autant que je m’en souvienne, consistait, quelques heures par semaine, à nous mettre un pinceau dans la main, avec le moins de théorie possible, et de nous encourager à faire.
C’était un pas de côté. Une bonne part des élèves qui suivaient les cours d’arts plastiques étaient comme moi, assidus, maladroits, émerveillés, et certains revenaient travailler le soir dans l’atelier. »
Est-ce son autre métier, celui de paysagiste urbain, qui le porte volontiers vers la fresque, comme celle réalisée pour la bibliothèque d’Alexandrie en 2010 ?
« Pour ces installations éphémères, j’aime que mes petits papiers bougent : c’est vivant, comme l’arbre… » Le résultat le surprend souvent : « Avec la fresque, tu ne maîtrises pas le résultat final, seulement le processus. »
UN VISITEUR SANS ORDRE DE MISSION
Cette accumulation de dessins et de notes, à qui et à quoi pourra-t-elle bien servir ? Moi-même je n’en sais rien. Je ne sais pas si c’est de l’art ou de la manie, du bricolage ou de la science. Si ces fragments que je m’efforce de produire et d’accumuler sont une représentation un peu fidèle de quoi que ce soit : d’un sentiment que j’ai eu ou d’un pays qui existe peut-être.
J. Solé in À la rencontre des peintres polytechniciens
Ce voyageur n’aime pas les cadres, ni ceux de la vie professionnelle, ni ceux de la peinture traditionnelle : il délaisse donc le format trop statique du tableau en atelier pour peindre le monde voyagé, en fresques, ou… en rouleaux !
Encore peut-être un hommage à l’art égyptien ? Ou encore le besoin de voir le tableau comme se déroule un paysage ?
Du paysage au portrait, n’y aurait-il qu’un pas ? « Avec le visage, tout change : là où le paysage, la fresque se laissent faire, le visage impose la relation à l’autre, le face-à-face avec le modèle. »
Julien Solé réalise sur commande des œuvres et notamment des fresques pour des bâtiments ou dans le cadre d’événements.