La bagagerie Mains libres au service des SDF
Les SDF sont encombrés et stigmatisés par leurs bagages, qu’ils peuvent par ailleurs perdre ou se faire voler. Les consignes à bagages existantes ne les accueillent généralement que pour un temps limité à quelques mois et n’ouvrent qu’une ou deux fois par semaine ; ils ne peuvent donc pas y déposer leurs affaires quotidiennes pour vaquer à leurs occupations, démarches, soins ou travail.
Un an d’analyse
Cinquante casiers
La bagagerie » Mains libres » a été inaugurée en mars 2007 sur la terrasse du Forum des Halles, rue Rambuteau. Elle ouvre de 7 h à 9 h et de 20 h à 22 h, 7 jours sur 7, et comprend 50 casiers d’un demi-mètre cube chacun, qui sont attribués pour une durée indéterminée, aussi longtemps que la personne en a besoin, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’elle retrouve un logement ou un hébergement durable.
Un groupe réunissant des volontaires SDF et ADF (avec domicile fixe) et des associations spécialisées du quartier a travaillé pendant un an pour analyser le besoin et imaginer un équipement totalement innovant, à la fois dans la prestation offerte et dans le fait qu’il serait géré en grande partie par ses propres usagers. La Ville de Paris, convaincue de l’intérêt du projet, a fourni un local de 135 m².
Accueil et gestion
Les permanences sont assurées par des bénévoles, avec ou sans domicile fixe
Les permanences sont assurées par trois bénévoles, indifféremment des ADF ou des SDF, dont la candidature a été approuvée par le Conseil d’administration ; ils sont un peu plus d’une cinquantaine. Leur tâche est d’accueillir les usagers, de leur offrir des boissons chaudes, de ranger leurs bagages dans la salle des casiers ou de leur donner ceux dont ils ont besoin, d’attribuer à tour de rôle les quatre postes de consultation d’Internet, de faire respecter le règlement intérieur et d’effectuer le ménage à la fin de la vacation. Les fonctions d’achat et de gestion des fournitures, de maintenance du local et du matériel informatique, de ménage hebdomadaire, de gestion des clefs électroniques du local, de planning des bénévoles sont assurées presque exclusivement par des usagers ou anciens usagers.
Faciliter l’insertion
Le service concret apporté aux usagers, à savoir pouvoir déposer leurs affaires en sécurité mais aussi y accéder matin et soir, joue un rôle très important pour faciliter l’insertion : comment chercher du travail avec un sac et un duvet sur le dos ? Comment entreprendre des soins à l’hôpital sans savoir ce que deviendront les affaires confiées à un copain de la rue pas forcément très fiable ? Les services concrets annexes, recharger son téléphone mobile ou consulter Internet, sont également très appréciés.
Le Conseil d’administration
Le Conseil d’administration, qui se réunit chaque mois, comprend 6 SDF, 6 ADF, 2 anciens usagers et 4 représentants d’associations partenaires. Son rôle est d’examiner les candidatures d’usagers et de bénévoles, de surveiller les statistiques de fréquentation pour s’inquiéter d’un usager qui aurait cessé de passer à la bagagerie ou pour reprendre un casier si quelqu’un n’en a manifestement plus l’usage, de décider des avertissements ou sanctions en cas d’infractions au règlement intérieur, et bien sûr d’engager les dépenses conformément aux orientations et au budget définis par l’Assemblée générale.
Respect et équité
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Mais la bagagerie c’est aussi et surtout un lieu de rendez-vous biquotidien où l’on peut recommencer à tisser du lien social, à la fois avec d’autres SDF et avec les ADF bénévoles, reprendre confiance en soi et dans les autres, et peu à peu, recommencer à faire des projets. Pour cela, la convivialité de la grande table autour de laquelle on s’assoit pour prendre ensemble une boisson chaude ne suffit pas. Le respect du règlement intérieur joue un rôle déterminant, d’abord pour assurer l’équité entre les usagers, notion à laquelle ils sont extrêmement sensibles compte tenu du manque de considération ou même des humiliations qu’ils subissent régulièrement en vivant dans la rue, ensuite pour faire de ce lieu un espace » normé « , paisible, où toute violence physique et verbale est proscrite.
De nombreuses manifestations
Les liens sociaux entre SDF, ou entre ADF et SDF, s’établissent non seulement lors des permanences, mais à l’occasion des nombreuses manifestations auxquelles Mains libres participe dans le quartier, comme le vide-grenier du Jardin des Halles, où les bénévoles SDF tiennent un stand au bénéfice de l’Association, le concours de pétanque annuel qu’ils organisent eux-mêmes dans le jardin avec des lots offerts par les commerçants du quartier, ou encore la grande fête familiale du Jardin extraordinaire, que Mains libres coorganise depuis trois ans avec d’autres associations locales : les bénévoles SDF et ADF participent à l’installation de la scène et des décors, assurent un des numéros du spectacle, tiennent des stands de chamboule-tout et de pêche à la ligne pour les enfants et se chargent de la sécurité.
Un stand sur le marché
Par ailleurs, des usagers volontaires tiennent sur le marché, tous les dimanches matins, un stand de vente de produits issus du commerce équitable et de gâteaux préparés dans la cuisine du Centre d’animation des Halles, avec lequel l’Association a signé une convention.
La bagagerie est devenue un pilier de l’insertion des SDF dans le quartier
Le stand est tenu par trois personnes et les rémunérations sont versées via l’Association intermédiaire Travail au Clair, qui perçoit les recettes et établit les fiches de paie. Pour les usagers qui participent (5 de manière régulière), c’est une façon de reprendre contact avec une activité économique, mais aussi de développer des liens sociaux grâce au travail en équipe et aux contacts avec les clients, dont beaucoup sont devenus des habitués.
Un quartier transformé
Grâce à ces différentes activités, le regard porté sur les SDF dans le quartier a été radicalement transformé et on peut vraiment parler d’un travail » d’inclusion » des SDF dans la communauté locale, inclusion qui joue un rôle déterminant pour préparer et faciliter leur insertion, c’est-à-dire la recherche d’un logement ou d’un travail. L’accompagnement des démarches d’insertion n’est pas pris en charge directement par Mains libres, sauf exception lorsqu’une opportunité de logement ou d’emploi se présente, mais confié aux trois associations professionnelles partenaires, Emmaüs, Aux captifs la libération et les Enfants du Canal.
» En tant que présidente de l’Association, j’avoue qu’avant l’ouverture de la bagagerie, j’étais un peu inquiète sur notre capacité à faire appliquer le règlement. À ma grande surprise, c’est en réalité l’une des préoccupations centrales des usagers, et ce sont les ADF qui se font » remettre en place » lorsqu’ils se montrent négligents ou coupablement indulgents. » E. B.
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Recherche un sans abris
Bonjour,
Ma démarche est tous d’autre. Je suis à la recherche désespéré de mon oncle Mr Germain Makwakwa. Je sais qu’il a été dans les bagagerie de Paris. Quand, je ne sais pas. Et le quel je ne sais pas non plus. J’aimerais juste lui faire parvenir un message « ta famille te recherche et on t’aime. » Personnellement je ne sais plus où chercher à par marché dans les rue de Paris ( gare, métro, ruelles…) Mais sans espoir pour l’instant. Je sais que cette rubrique ne sert pas a celà mais je n’ai pas trouvé d’autres moyens pour le retrouver.
Cordialement
Edwige Masamuna