La baie du mont-Saint-Michel et ses bassins versants : un modèle d’anthroposystèmes

Dossier : Océans et littoralMagazine N°575 Mai 2002Par : Jean-Claude LEFEUVRE, professeur au Muséum d'Histoire naturelle, directeur de l'Institut d'écologie et de gestion de la biodiversité (IEGB), président de l'Institut français de la biodiversité (IFB)

Cela fait long­temps que les scien­ti­fiques de dis­ci­plines variées s’in­té­ressent à ce site pres­ti­gieux qu’est la baie du Mont-Saint-Michel, car outre son inté­rêt his­to­rique elle repré­sente un ter­rain d’ob­ser­va­tion idéal pour de nom­breuses spécialités :
 

  • les sédi­men­to­logues la consi­dèrent comme l’un des plus beaux modèles sédi­men­taires au monde,
  • les éco­logues la consi­dèrent comme une zone idéale pour étu­dier com­ment évo­luent les sys­tèmes éco­lo­giques sous l’ac­tion conco­mi­tante des phé­no­mènes natu­rels et anthro­piques. Dans le cadre des recherches sur les échanges conti­nent – océan, les bas­sins ver­sants de la baie per­mettent d’é­va­luer le rôle des dys­fonc­tion­ne­ments induits dans les eaux côtières par l’é­vo­lu­tion de la qua­li­té des eaux des rivières pro­vo­quée par les chan­ge­ments d’u­sage des sols et la forte dimi­nu­tion de la trame boca­gère dans les pay­sages des bas­sins versants,
  • la baie s’a­vère être un bon exemple de sys­tème en per­pé­tuel chan­ge­ment où il importe de défi­nir les condi­tions d’un déve­lop­pe­ment durable,
  • dans le contexte actuel et futur d’aug­men­ta­tion du niveau des mers, phé­no­mène lié à l’aug­men­ta­tion de la tem­pé­ra­ture du globe du fait de l’ef­fet de serre, la baie du Mont-Saint-Michel peut, à cause de son his­toire, four­nir des indi­ca­tions pré­cieuses sur l’é­vo­lu­tion du trait de côte et jouer un véri­table rôle de » sentinelle « .


Une ving­taine d’é­quipes de recherche se sont foca­li­sées sur ce sec­teur pour répondre à l’en­semble de ces questions.<

Si la baie consti­tue un modèle d’in­té­rêt excep­tion­nel sur le plan sédi­men­taire, c’est parce que s’y est for­mé, depuis des mil­liers d’an­nées, ce que l’on appelle un prisme sédi­men­taire hété­ro­gène. En effet, pen­dant les phases de trans­gres­sion marine (la mer pro­gresse vers l’in­té­rieur), des dépôts marins s’ac­cu­mulent, alors que les phases de régres­sion du niveau des mers se tra­duisent par l’ins­tal­la­tion de marais d’eau douce sur les anciens marais salés, avec accu­mu­la­tion de matière orga­nique (la tourbe). Ce sys­tème » feuille­té » per­met, grâce à la data­tion du car­bone de la tourbe, d’a­voir la chro­no­lo­gie de tous les évé­ne­ments qui ont carac­té­ri­sé l’his­toire de la baie, et aus­si de recons­ti­tuer l’é­vo­lu­tion du trait de côte en condi­tions naturelles.

On sait ain­si qu’au cours des 10 000 der­nières années l’aug­men­ta­tion du niveau des mers a été plus ou moins rapide : de 10 000 à 7 500 BP *, le niveau des mers a aug­men­té de 60 cm par siècle (aug­men­ta­tion atten­due pour le nou­veau siècle) puis elle a été de 33 cm par siècle entre 7 500 et 5 000 ans BP. À par­tir de là, elle s’est sta­bi­li­sée autour de 10 cm par siècle pour atteindre 15 cm au XXe siècle.

Depuis le Moyen-âge, le trait de côte de la baie évo­lue éga­le­ment en fonc­tion des inter­ven­tions humaines : endi­gages suc­ces­sifs qui ont per­mis la mise en place pro­gres­sive des marais de Dol (12 000 ha) et des pol­ders récents (2 800 ha), amé­na­ge­ments divers tels que : cana­li­sa­tion du Coues­non, construc­tion de la digue-route, édi­fi­ca­tion du bar­rage de la Caserne… Ces tra­vaux ont for­te­ment modi­fié l’é­qui­libre dyna­mique de la baie, accé­lé­rant son col­ma­tage par des sédi­ments que ne peuvent plus enle­ver ni les fleuves ni les marées.

Actuel­le­ment, les dépôts sédi­men­taires conti­nuent au rythme de 1 500 000 m3/an et l’ex­ten­sion des marais salés se pour­suit au rythme moyen de 25 à 30 nou­veaux hectares/an. Mais la pro­gres­sion la plus spec­ta­cu­laire des marais salés se situe autour du Mont-Saint-Michel, mena­cé d’être encla­vé au milieu des terres. Cette situa­tion a pro­vo­qué une réac­tion : ten­ter d’en­rayer ce pro­blème d’at­ter­ris­se­ment autour du Mont. En 1975 débutent alors une série d’é­tudes cou­ran­to­lo­giques et sédi­men­to­logues, com­plé­tées par la réa­li­sa­tion d’un modèle phy­sique (modèle réduit) de la » petite baie « , l’en­semble étant destiné :

1) à com­prendre les causes de » l’en­sa­ble­ment » (terme alors utilisé),

2) à éta­blir des pré­vi­sions d’évolution,

3) à pro­po­ser des tra­vaux de » désen­sa­ble­ment « . La tech­nique pro­po­sée pour se débar­ras­ser des sédi­ments excé­den­taires consis­tait essen­tiel­le­ment à créer des bas­sins-chasse d’eau per­met­tant de sup­pri­mer de grandes sur­faces de marais salés. Plu­sieurs pro­jets se sont suc­cé­dé sans abou­tir à un consen­sus ; seul, l’a­ra­se­ment de la digue de Roche-Torin a été effec­tué (1984). Les études ont été reprises et affi­nées ain­si que le modèle réduit (modèle SOGREAH) dans les années 1995–2001.

Marais salé non pâturé, marais à obione au Mont-Saint-Michel
Marais salé non pâtu­ré, marais à obione.
© MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE

Le pro­jet actuel est très dif­fé­rent : il vise essen­tiel­le­ment à main­te­nir un carac­tère mari­time aux abords du Mont-Saint-Michel, avec un bar­rage-chasse d’eau sur le Coues­non, la par­ti­tion du Coues­non en deux bras de part et d’autre du Mont-Saint-Michel, la sup­pres­sion par­tielle de la digue-route afin de main­te­nir la cir­cu­la­tion d’eau tout autour du Mont (voir article de Phi­lippe Unterreiner).

Les tra­vaux de recherche qui ont per­mis, au début de cette longue marche vers le main­tien du carac­tère mari­time aux abords du Mont, de pro­po­ser des solu­tions pour blo­quer les dépôts sédi­men­taires et l’en­va­his­se­ment par les marais salés se sont foca­li­sés uni­que­ment sur des modèles hydro­dy­na­miques et sédimentaires.

Ils ont pen­dant long­temps occul­té un aspect fon­da­men­tal : la baie est aus­si une baie vivante carac­té­ri­sée par des richesses natu­relles exceptionnelles :

  • pour les oiseaux migra­teurs, elle est une zone d’hi­ver­nage d’im­por­tance inter­na­tio­nale, plus spé­cia­le­ment pour les ana­ti­dés (canards et oies) et les limi­coles. Les marais salés jouent un rôle essen­tiel pour ces oiseaux d’eau, en par­ti­cu­lier pour les canards sif­fleurs et les ber­naches cra­vant dont l’a­li­men­ta­tion est basée sur la puc­ci­nel­lie, plante favo­ri­sée par le pâtu­rage des mou­tons. Pas moins des 45 des marais salés de toute la baie sont pâtu­rés par les mou­tons de prés-salés (chep­tel éva­lué à 17 000 bre­bis). Une demande d’ob­ten­tion d’AOC a été mise en place pour favo­ri­ser le main­tien de cet éle­vage dont l’in­té­rêt est à la fois éco­no­mique mais éga­le­ment éco­lo­gique puisque, grâce à lui, la baie consti­tue une zone pri­vi­lé­giée pour l’ac­cueil de cer­tains oiseaux d’eau,
     
  • les gise­ments d’huîtres plates ont naguère fait la répu­ta­tion de la baie. Épui­sés par sur­pêche et l’ap­pa­ri­tion de para­sites dans les années 1930, les stocks d’huîtres sau­vages ont été rem­pla­cés par des huîtres d’é­le­vage, plates et creuses. Plus récem­ment, vers 1960, est appa­rue la myti­li­cul­ture. Actuel­le­ment, avec une pro­duc­tion moyenne de 10 000 tonnes de moules de bou­chots par an, la baie du Mont-Saint-Michel est deve­nue un des tout pre­miers centres de pro­duc­tion des côtes fran­çaises, tout en res­tant, avec 6 000 tonnes/an, une zone ostréi­cole encore importante,
     
  • la baie est éga­le­ment une nur­se­rie de pre­mier plan pour de nom­breuses espèces de pois­sons : soles, plies, raies, bars, mulets…
     
  • la baie repré­sente le plus vaste » gise­ment » de récifs d’her­melles de toutes les côtes euro­péennes. Le plus connu et le plus éten­du d’entre eux est » le banc des her­melles » situé au plein centre de la baie (il est connu de tous les pêcheurs à pied sous le nom de » crassiers »),
     
  • deux des prin­ci­pales rivières se jetant en baie, à savoir la Sée et la Sélune, ont une répu­ta­tion natio­nale pour la pêche du saumon.


Cet ensemble excep­tion­nel de richesses natu­relles, recon­nu par plu­sieurs inven­taires scien­ti­fiques (ZNIEFF, ZICO) fait l’ob­jet d’un panel de pro­tec­tions régle­men­taires (sites clas­sés et ins­crits – loi de 1930 -, espaces remar­quables – loi lit­to­ral -, Zone de pro­tec­tion spé­ciale (ZPS) – pro­tec­tion euro­péenne -, réserve de chasse…).

Récifs d’hermelles au Mont-Saint-Michel
Récifs d’hermelles. © MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE

C’est éga­le­ment un site Ram­sar (conven­tion inter­na­tio­nale de pro­tec­tion des zones humides d’im­por­tance inter­na­tio­nale) et un site ins­crit sur la liste du Patri­moine mon­dial (Unes­co). Enfin, la baie du Mont-Saint-Michel fait par­tie des sites pro­po­sés à l’Eu­rope dans le cadre du réseau Natu­ra 2000.

La forte pro­duc­tion secon­daire qui quitte la baie du Mont-Saint-Michel chaque année néces­site en amont une pro­duc­tion pri­maire impor­tante. Or la baie pos­sède des eaux très tur­bides, ce qui limite for­te­ment la pro­duc­tion de phy­to­planc­ton (c’est-à-dire la pro­duc­tion pri­maire), car la lumière pénètre peu dans la masse d’eau. La ques­tion qui se pose alors est la sui­vante : quelle est la source de matière orga­nique pro­duite, néces­saire à tous ces orga­nismes vivants, qu’ils soient sau­vages ou bien issus d’é­le­vage ? Com­ment est-elle produite ?

Nous appuyant sur les tra­vaux amé­ri­cains des années 1960 qui concluaient que les marais salés sont la richesse de la mer, nous avons pu déve­lop­per une recherche sur les prés salés ou her­bus de la baie, les plus éten­dus des côtes euro­péennes. Ces recherches ont per­mis de mon­trer que, si les marais salés euro­péens dif­fèrent des marais salés amé­ri­cains en termes de situa­tion topo­gra­phique et en termes de struc­ture et de bio­di­ver­si­té, ils en pos­sèdent l’une des carac­té­ris­tiques essen­tielles, celle d’être des sys­tèmes consi­dé­rés comme les plus pro­duc­tifs du monde (20 à 40 tonnes de matière sèche/hectare/an pour cer­taines zones, en par­ti­cu­lier les moyens et hauts marais).

Ces marais salés sont donc des pro­duc­teurs de matière orga­nique. Nous avons pu mon­trer que cette matière orga­nique était expor­tée vers la mer prin­ci­pa­le­ment sous forme dis­soute, et secon­dai­re­ment sous forme de par­ti­cules. Il se pro­duit éga­le­ment une expor­ta­tion de nutri­ments (1 hec­tare de marais salé est capable d’ex­por­ter 50 kg de nitrate/an) et, à l’in­verse, le marais salé est for­te­ment impor­ta­teur de sédiments.

Dès lors, le para­doxe des pro­jets suc­ces­sifs de » désen­sa­ble­ment » devient évident : pour pré­ser­ver le carac­tère mari­time du Mont, on a vou­lu pen­dant des années se débar­ras­ser de vastes éten­dues de marais salés (sur­tout à l’est du Mont avec deux réser­voirs chasse d’eau) alors que ces éco­sys­tèmes jouent un rôle impor­tant dans le fonc­tion­ne­ment de la baie.

En uti­li­sant des tech­niques sophis­ti­quées comme les iso­topes stables ou des bio­mar­queurs comme les acides gras et les molé­cules osmo­pro­tec­trices, nos recherches ont mon­tré qu’une par­tie de la matière orga­nique trans­fé­rée par ces marais pou­vait être uti­li­sée direc­te­ment par les inver­té­brés marins (vers poly­chètes comme les néréis ou les aré­ni­coles, crus­ta­cés, mol­lusques…). Mais l’es­sen­tiel de ces trans­ferts vient enri­chir les vasières de la baie sur les­quelles à marée basse, grâce aux nutri­ments et à la matière orga­nique dis­soute, se déve­loppe une micro­flore abon­dante, à base de microalgues ben­thiques, les diatomées.

Celles-ci, reprises par le flot à marée mon­tante, sont dis­per­sées dans la colonne d’eau. Elles rem­placent ain­si le phy­to­planc­ton que l’on trouve en mer lorsque les eaux sont trans­pa­rentes. Ces diato­mées sont la nour­ri­ture de base des huîtres, moules, coques et de nom­breux autres inver­té­brés sau­vages, ces der­niers ser­vant à leur tour de proies aux pois­sons qui fré­quentent la baie (plus d’une cen­taine d’es­pèces inven­to­riées) et aux mil­liers d’oi­seaux limi­coles qui hivernent en baie.

Nous venons de nous aper­ce­voir que ce sys­tème est encore plus com­plexe qu’il n’y paraît. En effet, à marée haute, mal­gré leur faible durée d’im­mer­sion (moins de 40 % des marées inondent la par­tie basse des marais salés et, seules, les très grandes marées recouvrent leur par­tie haute, au pied des digues), les criches (ou che­naux de drai­nage) et les marais salés four­nissent la nour­ri­ture à des pois­sons micro­phages comme les mulets ou macro­phages comme les gobies et les juvé­niles de bars.

Ces der­niers viennent chas­ser un petit crus­ta­cé, Orches­tia, qui, par ailleurs, joue un rôle dans la décom­po­si­tion de l’o­bione, la plante la plus pro­duc­tive des marais salés, avec des pics à 35 tonnes/ha/an de matière sèche. Ce régime presque exclu­sif des bars de pre­mière année suf­fit à expli­quer à lui seul jus­qu’à 90 % de leur croissance.

Mais l’o­bione résiste mal au pié­ti­ne­ment des mou­tons ; elle est alors rem­pla­cée ain­si que nous l’a­vons dit pré­cé­dem­ment par la puc­ci­nel­lie. Cette » herbe à mou­tons » qui occupe d’im­por­tantes sur­faces n’est que fai­ble­ment pro­duc­tive (moins de 5 tonnes de matière sèche/ha/an). Elle per­met donc moins de trans­fert vers les vasières et le milieu marin. Par ailleurs, la den­si­té d’Orches­tia y est très faible et ne per­met pas aux jeunes bars la prise de nour­ri­ture néces­saire à leur croissance.

>En d’autres termes, on peut dif­fé­ren­cier deux sys­tèmes de marais salés :

1) les marais salés pâtu­rés, net­te­ment majo­ri­taires, sont le sup­port d’une pro­duc­tion agri­cole de mou­tons de prés-salés très répu­tée, jus­ti­fiant sa demande d’ob­ten­tion d’un label AOC. Le pâtu­rage de ces marais salés favo­rise l’ac­cueil des canards sif­fleurs en hiver­nage. Ces der­niers consti­tuent une des espèces cibles des chas­seurs. Les marais à puc­ci­nel­lie sont éga­le­ment recher­chés par un autre ana­ti­dé hiver­nant, la ber­nache cra­vant, qui est une espèce protégée,

2) les marais salés non pâtu­rés, dont la com­po­sante flo­ris­tique prin­ci­pale est l’o­bione, sont favo­rables à la pré­sence des pois­sons à l’i­mage des tout jeunes bars qui viennent s’y nour­rir. Ces marais sont, par ailleurs, plus expor­ta­teurs d’élé­ments dis­sous par­mi les­quels se trouvent aus­si des osmo­pro­tec­teurs. Ce fai­sant, ils contri­buent à la pro­duc­tion marine de la baie. L’une de ces pro­duc­tions phares est l’é­le­vage des moules sur bou­chots qui cherche éga­le­ment à obte­nir un label AOC.

Un équi­libre doit donc être trou­vé entre l’u­ti­li­sa­tion agri­cole des marais salés et le main­tien de marais naturels.

Bocage dense, Haute vallée de la Sée.

Bocage dense, Haute val­lée de la Sée.  
© MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE

La forte contri­bu­tion des marais salés au fonc­tion­ne­ment glo­bal de la baie pose la ques­tion de leur évo­lu­tion future. Un nou­veau pro­blème appa­raît alors : il s’a­git de l’ex­ten­sion très rapide d’une plante carac­té­ris­tique des hauts marais, Ely­tri­gia (ou chien­dent), qui enva­hit les for­ma­tions de moyen marais. Ain­si, sur cer­tains sec­teurs de la baie, Ely­tri­gia a tri­plé sa zone d’emprise en dix ans. Le risque de cette inva­sion pour­rait conduire à un bou­le­ver­se­ment du fonc­tion­ne­ment des échanges évo­qués pré­cé­dem­ment, de même qu’une remise en cause des pos­si­bi­li­tés d’ac­cueil des canards et ber­naches en hiver­nage. De nou­velles recherches sont en cours à ce sujet.

Dans la pré­sen­ta­tion des recherches effec­tuées jus­qu’à pré­sent, il a très peu été ques­tion du rôle des bas­sins ver­sants. Jus­qu’à aujourd’­hui, ce com­par­ti­ment conti­nen­tal, par­tie inté­grante de l’en­ti­té fonc­tion­nelle » baie du Mont-Saint-Michel « , a très peu été étudié.

Le pro­gramme de recherche » zone – ate­lier « , récem­ment label­li­sé par le CNRS, doit per­mettre de com­bler ce retard. Rap­pe­lons tout d’a­bord que les zones – ate­liers sont des­ti­nées à créer une dyna­mique de recherche ins­crite dans le long terme. Elles sont l’ho­mo­logue des » long term eco­lo­gi­cal stu­dies » aux USA. En ce qui concerne les bas­sins ver­sants dont la super­fi­cie totale est de 3 350 km2, on s’at­ta­che­ra à éva­luer tout par­ti­cu­liè­re­ment les trans­ferts via les rivières prin­ci­pales (Sée, Sélune, Coues­non et Guyoult).

Quelques réfé­rences bibliographiques

  • LEFEUVRE J.-C., BOUCHARD V., (2002) – From a civil engi­nee­ring pro­ject to an eco­lo­gi­cal engi­nee­ring pro­ject : an his­to­ri­cal pers­pec­tive from the Mont-Saint-Michel Bay (France). In Lefeuvre J.-C., W. J. MITSH and BOUCHARD V. Ed. The 1998 Paris Sym­po­sium Spe­cial issue for Eco­lo­gi­cal engi­nee­ring (sous presse).
     
  • LEFEUVRE J.-C. (2000) – La baie du Mont- Saint-Michel. Actes Sud, Arles, 48 p.
     
  • LEFEUVRE J.-C., BOUCHARD V., FEUNTEUN E., GRARE S., LAFAILLE P., RADUREAU A. (2000) – Euro­pean salt marshes diver­si­ty and func­tion­ning : the case of Mont-Saint-Michel Bay, France. Wet­lands Eco­lo­gy and Mana­ge­ment, 8 : 147–161.
     
  • DANAIS M. (coor­di­na­teur) (1997) – La baie du Mont-Saint-Michel. 3 fas­ci­cules. Penn Ar Bed nos 164, 167 et 169.

Que repré­sentent ces apports pour la baie ? Quelles sont les consé­quences induites par des chan­ge­ments sur les bas­sins ver­sants (pra­tiques cultu­rales bou­le­ver­sées depuis cin­quante ans, réduc­tion plus ou moins dras­tique selon les bas­sins ver­sants du réseau bocager) ?

Ce pro­gramme ambi­tieux néces­site l’adhé­sion, non seule­ment de la com­mu­nau­té des cher­cheurs venant de dis­ci­plines variées (sciences humaines y com­pris), mais éga­le­ment de l’en­semble des ges­tion­naires et usa­gers de la baie pour les­quels cette recherche est notam­ment des­ti­née à tra­vers un trans­fert per­ma­nent des connais­sances acquises dans le but de déve­lop­per une ges­tion de la baie dans une pers­pec­tive de déve­lop­pe­ment durable.

C’est dans cet esprit qu’ont été orga­ni­sées en avril 2000 les ren­contres de Pon­tor­son qui ont per­mis aux scien­ti­fiques et aux élus d’é­chan­ger leurs points de vue. Dans l’a­ve­nir, la res­ti­tu­tion des acquis scien­ti­fiques pour­rait prendre la forme d’un réseau d’é­changes struc­tu­ré per­met­tant, sur la base des connais­sances acquises et de celles pro­duites par une recherche s’ins­cri­vant dans le long terme, de répondre aux ques­tions que se posent les usa­gers, les élus et plus géné­ra­le­ment tous ceux qui ont à prendre des déci­sions sur l’a­mé­na­ge­ment et la ges­tion de ce pays de la baie qui ras­semble Bre­tons et Nor­mands des bas­sins ver­sants autour d’une des plus belles baies du monde domi­née par un monu­ment de renom­mée internationale. 

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