La caisse de solidarité de l’AX : un outil souple et efficace
Les actions de solidarité ont représenté, en 2014, 47 % du montant des cotisations perçues par l’AX. Ce chiffre correspond à une constante actée depuis la fusion entre l’AX et la Caisse. Cela représente seulement 19 % du montant total des produits si l’on inclut l’Annuaire, La Jaune et la Rouge et le Bal de l’X, dont les bénéfices éventuels reviennent à la Caisse.
Une activité essentielle de l’AX
Trois personnes travaillent au sein de l’équipe des permanents de l’AX à temps partiel : le délégué général adjoint, une assistante sociale et une assistante de direction, auxquels il faut ajouter 50 % de l’activité du Bureau des carrières.
Au-delà des chiffres, rappelons que l’aide n’est pas toujours et n’est jamais seulement financière. Le temps consacré au dialogue, à reconstruire l’estime que chacun a de soi, à maintenir la dignité de celui qui souffre est encore plus essentiel et n’a pas de prix.
REPÈRES
En 2014, 200 dossiers étaient cours, avec 27 nouveaux dossiers dans l’année. Ces chiffres sont assez stables globalement mais ils cachent des évolutions importantes qui varient selon les catégories de personnes aidées.
La charge totale pour l’AX a été en 2014 de 560 000 euros. Les dépenses couvrent des secours sous forme de dons à hauteur de 115 000 euros. L’encours de prêts était de 2 060 000 euros, dont plus de la moitié était provisionnée, avec une croissance significative (+ 311 000 euros) de cette provision de 2014 par rapport à 2013.
Le nouveau visage de la solidarité
Il est légitime de se demander à quoi sert aujourd’hui la Caisse de solidarité. Les associations d’alumni américaines, pourtant très riches, ne pratiquent pas de telles aides. Rares aussi sont les autres associations d’élèves de grandes écoles françaises qui le font, et c’est alors à beaucoup plus petite échelle. En revanche, elles sont nombreuses aujourd’hui à se poser la question et elles nous consultent.
“ L’aide n’est pas toujours et n’est jamais seulement financière ”
La France est globalement riche d’un système de protection sociale. Le but n’est pas ici de discuter de son efficacité, mais d’en constater l’existence avec à la base un principe égalitaire. De très nombreuses associations complètent ce dispositif.
Alors pourquoi faire plus à destination d’une communauté dont la très grande majorité des membres sont plutôt bien lotis, certains diraient même nantis, ce qu’ils doivent certes à leur mérite et à leur talent ?
D’abord, comme dans tout ensemble de quelques milliers de personnes (de fait, plus de 20 000 anciens, soit près de 100 000 personnes avec leur famille), il y a nécessairement un lot « d’accidentés de la vie ».
Ce chiffre est inconnu : il est probablement un ordre de grandeur en dessous de la moyenne nationale et un ordre de grandeur au-dessus du nombre de dossiers d’aides de l’AX.
Un geste naturel
DE NOMBREUX BESOINS
Longues et graves maladies, handicaps, décès laissant conjoints et enfants en situation précaire frappent nos membres comme les autres. Il y a aussi ceux qui se sont mis dans des situations difficiles conduisant rapidement à l’exclusion, ceux-là aussi méritent qu’on les aide à se reconstruire sans porter de jugement, en fermant la parenthèse du passé et en recréant les conditions d’un avenir meilleur.
À cela s’ajoutent avec la crise actuelle et plus généralement, avec la fin de l’emploi à vie, de plus en plus de camarades qui connaissent le chômage et le chômage de longue durée.
Que ceux qui sont dans une situation confortable, et c’est le cas de la grande majorité d’entre nous, tendent la main à ceux et à leurs proches pour qui les circonstances n’ont pas été, ont cessé, temporairement ou non, de leur être favorables, alors que sur les bancs de la même école entre dix-huit et vingt ans ils pouvaient tous prétendre réussir leur avenir, semble assez naturel.
D’autant qu’il s’agit de compléter les aides auxquelles ils ont droit en tant que citoyens en ne faisant appel qu’à la seule générosité de notre association. Et dans la période actuelle, force est de constater que nos membres ne sont pas tous épargnés par la crise économique.
Bien sûr, chacun doit d’abord penser à ceux qui lui sont encore plus proches. Il y a aussi quelques milliards de personnes qui ont encore plus besoin d’aide dans le monde, dont quelques millions en France. Là aussi, nous pouvons et devons faire quelque chose. Il y a pour beaucoup un choix personnel.
“ Force est de constater que nos membres ne sont pas tous épargnés par la crise économique ”
La solidarité commence à notre porte, et même dans notre foyer ou notre famille. Il ne s’agit pas d’exclure ces autres formes de solidarité, mais d’agir aussi au sein de notre communauté. La contribution annuelle à la Caisse de solidarité, via votre cotisation à l’AX, que tous les membres en soient remerciés, reste somme toute assez modeste et tout à fait égalitaire, si l’on met de côté les quelques dons généreux que nous recevons. Et ce qui est fait grâce aux membres est déjà beaucoup.
Aider les membres de notre communauté, nous pouvons le faire et c’est toujours d’actualité.
Trois types d’aide
La Caisse de solidarité, pour qui ? De fait, chaque cas est un cas particulier qui nécessite une approche personnalisée et toute tentative de classement est réductrice. Pour bien saisir l’évolution de notre activité, il est toutefois utile de distinguer trois catégories de personnes aidées.
Aider les membres de notre communauté, nous pouvons le faire et c’est toujours d’actualité. © FOTOLIA
Tout d’abord, les cas classiques constituent notre activité principale depuis des décennies : les décès laissant une famille démunie, les vieillesses entraînant des pertes d’autonomie, les maladies de longue durée parfois handicapantes, dont les troubles mentaux, et aussi les séparations de couples laissant un ex-conjoint et des enfants en situation pécuniaire à la limite de la pauvreté.
Dans tous les cas, nous nous assurons que toutes les aides publiques ont été correctement utilisées et que la solidarité familiale a bien joué son rôle. Nous aidons les enfants dans leurs études de façon à ce que la situation de leurs parents ne les pénalise pas.
Il nous arrive, dans de rares cas, d’aider aussi des petits-enfants dans le cas où la situation des enfants est également très difficile (handicapés eux-mêmes, par exemple). Il y a aussi certains de nos camarades qui se sont mis, et cela parfois volontairement, en marge de la société.
La plupart ne demandent pas à être aidés, mais qu’ils sachent que nous répondrons néanmoins présent si leur situation devient pour eux insupportable. À noter, pour parler d’évolution, qu’heureusement les cas de veuves ou orphelins de guerre n’existent plus, alors qu’ils ont été très significatifs par le passé.
Les jeunes aussi
La Caisse de solidarité fournit des cautions de loyer. © FOTOLIA
En deuxième lieu, nous aidons les jeunes diplômés : c’est nouveau et c’est même, en nombre de dossiers, la majorité.
Cela est dû à plusieurs facteurs : des études plus longues que les quatre ans du cursus quand un élève n’est plus payé ou n’a plus de bourse et n’est pas encore en mesure de trouver une activité rémunérée en parallèle avec la poursuite de ses études, l’internationalisation de l’École et la plus grande difficulté à transformer sans rupture un stage en emploi.
Il s’agit, dans ces cas, d’aides relativement ponctuelles : caution de loyer, avance d’un billet d’avion et de frais d’installation pour un stage rémunéré à l’étranger, court prêt-relais dans l’attente du premier salaire.
Ces aides sont remboursées assez rapidement. Mentionnons aussi l’aide (non financière) qui consiste à démêler des situations assez complexes en termes de cartes de séjour. Le souhait de l’AX est que les plus jeunes pensent à ce que nous faisons pour eux quand leur est offerte la possibilité d’adhérer et de cotiser à l’AX.
Et les moins jeunes
Enfin, il y a le chômage des plus de cinquante ans.
“ Des cas peu nombreux mais nécessitant une aide mensuelle d’un niveau élevé ”
C’est nouveau, et c’est dû à la crise. Il y a un effet retard (possibilité de vivre temporairement sur les indemnités de licenciement, croyance qu’il n’y aura pas de difficulté à retrouver rapidement un emploi). Les cas ne sont pas très nombreux mais nécessitent une aide mensuelle d’un niveau élevé (surtout avec famille et enfants), et cela sur la durée avec le concours du Bureau des carrières et des cabinets d’outplacement partenaires.
Les prêts que nous faisons sont remboursés en fonction des moyens dès le retour à l’emploi et en cas d’existence d’un patrimoine disponible.
Souplesse, réactivité et éthique
TRAVAILLER EN AMONT
Nous travaillons avec l’École et la Fondation pour que la prise en compte des actions en soutien à de jeunes camarades se fasse le plus en amont possible, évitant ainsi de traiter dans l’urgence ce que seule la Caisse de solidarité sait faire.
La gestion de la Caisse doit concilier souplesse, réactivité et respect d’une éthique rigoureuse.
Elle est pilotée par un comité de gestion de seize membres qui se réunit quatre fois par an. Le comité de gestion définit la politique générale et revoit tous les cas nouveaux et tous les cas anciens qui ont évolué ou sont difficiles.
Il est principalement composé de rapporteurs qui ont à leur charge deux ou trois cas qu’ils suivent personnellement. Ses membres sont donc proches du terrain. Notons qu’un rapporteur qui serait choisi pour un seul cas spécifique ne serait pas nécessairement membre du comité de gestion, et, réciproquement, tous les membres du comité de gestion n’ont pas nécessairement un cas dont ils s’occupent à un instant donné (mais ils en tous suivi plusieurs au cours du temps).
Les membres du comité de gestion sont approuvés par le Conseil d’administration de l’AX. Un président est nommé par ce Conseil d’administration, dont il est aussi vice-président.
L’appui des permanents de l’AX
L’équipe permanente joue un rôle tout à fait essentiel. Notre assistante, Sylvie Clairefond, s’assure entre autres que tous les dossiers sont à jour, complets et facilement accessibles. Elle est à la source de tous les éléments de reporting, en particulier financier.
UNE CHARTE POUR ENCADRER L’ACTION
La souplesse d’action ne doit pas se faire aux dépens de la rigueur. Nous avons mis par écrit les règles traditionnelles que nous suivions au travers d’une charte (disponible sur simple demande).
Cette charte est fortement inspirée de celle des assistantes sociales. Nous fournissons un reporting régulier. Toutes nos décisions font l’objet d’écrits et tous les dossiers sont auditables (sous réserve que l’auditeur respecte la confidentialité des données des personnes aidées).
L’assistante sociale, Véronique Mary-Lavergne, apporte toute la compétence de son métier, elle connaît parfaitement toutes les aides, publiques ou non, disponibles par ailleurs, sait les obtenir au travers de rouages administratifs pas toujours simples. Elle sait aussi (et peut de par son statut) dialoguer avec les autres assistantes sociales concernées par le dossier (celle de l’employeur ou de l’hôpital par exemple), voire avec les médecins.
Le Bureau des carrières, principalement Nicolas Zarpas en ce qui concerne la Caisse, conseille les jeunes et les moins jeunes en matière de recherche d’emploi et sollicite, si nécessaire, des cabinets d’outplacement avec lesquels il a développé des relations régulières.
Enfin, le délégué général adjoint traite au départ de tous les cas, demande l’intervention d’un rapporteur en fonction du dossier et sinon les gère sous sa responsabilité.
“ La simplicité de nos modes de décision nous permet d’être très réactifs ”
Le plus important est qu’entre tous ceux qui sont concernés règne un véritable esprit d’équipe, un véritable sens de l’échange, grâce notamment à la messagerie électronique à laquelle même les plus anciens se sont mis.
Mieux suivre les régions et l’international
Ce qui nous manque le plus, car tout n’est pas parfait, c’est une véritable présence en région, avec des rapporteurs locaux. Si l’on va plus loin, c’est aussi une plus grande capacité à suivre l’internationalisation des membres.
La taille réduite de l’équipe, la simplicité de nos modes de décision nous permettent d’être à la fois très réactifs (les situations sont souvent urgentes) et de pouvoir nous adapter en permanence aux cas qui se présentent.
DES RAPPORTEURS POUR LES CAS IMPORTANTS
Tous les cas importants (par l’enjeu financier, leur aspect humain ou leur complexité) bénéficient d’un rapporteur. Ce rapporteur propose le niveau d’aide qui est approuvé par le comité de gestion, gage de neutralité et d’égalité dans les mesures adoptées.
Le rapporteur a aussi pour mission de développer une relation humaine de qualité avec la personne aidée, ce qui ne veut pas dire sans fermeté parfois. Tous les cas « actifs » sont revus au moins une fois par an avec une analyse détaillée de la situation sur le plan humain comme sur le plan financier (revenus et patrimoine).
Une mission clef de l’AX
La camaraderie et la solidarité sont une des forces de notre communauté. La Caisse de solidarité est souple et efficace, adaptée aux besoins d’aujourd’hui et gérée avec rigueur selon une charte éthique.
Adhérer à l’AX, c’est contribuer à sa mission. Des axes de progrès sont toujours possibles : plus de rapporteurs dans les régions, plus de femmes dans notre comité de gestion, mieux appréhender comment suivre l’internationalisation de l’École. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.