La catastrophe ou la vie.
Pensées par temps de pandémie.
Après Une guerre qui ne peut avoir lieu, essai de métaphysique nucléaire, Jean-Pierre Dupuy vient de publier ce livre où il égrène les pensées qui lui sont venues pendant la crise Covid du 10 mai au 15 décembre 2020. Son ambition est de ‑comprendre comment des intellectuels ont pu et peuvent encore déraisonner au sujet de cette pandémie. Bien qu’intellectuel lui-même, Jean-Pierre Dupuy se démarque des autres car il a l’avantage d’avoir une formation scientifique.
C’est ainsi que Jean-Pierre Dupuy consacre un chapitre à descendre en flammes le covidoscepticisme d’André Comte-Sponville qui confond moyenne et médiane et ceux qui dénoncent une prétendue sacralisation de la vie, en distinguant entre la vie nue et l’authentique vie humaine. Il y revient dans un autre chapitre sur la vie biologique, grandeur et déclin, après une diversion sur le concept de catastrophisme éclairé, qui procède d’une réflexion sur le rôle du prophète de malheur, comme Jonas à Ninive.
Le sophisme de l’an 2000 est un exemple d’événement prévu par tous mais qui ne s’est pas produit, preuve selon certains que le soi-disant bug de l’an 2000 était une illusion et qu’il ne fallait rien faire ! Jean-Pierre Dupuy retrouve ce sophisme dans le discours des intellectuels français à propos de la pandémie.
Il s’insurge contre l’indécence du tri entre les personnes à soigner. Ce tri a toujours existé car les moyens disponibles sont limités et la seule autre solution, le tirage au sort, n’est vraiment pas optimale. Un chapitre sur le prix de la vie rappelle que si des économistes avaient attribué un prix aux vies sauvées par les investissements routiers, ce n’était pas du tout un jugement de valeur mais une variable traduisant la contrainte budgétaire.
Jean-Pierre Dupuy conclut que nous n’avons décidément pas été à la hauteur de notre passé ni de nos capacités.
Ce livre a eu un grand retentissement dans les médias.