La ceinture airbag intelligente qui prévient les chutes et redonne confiance aux personnes âgées !
La ceinture airbag développée par INDIENOV est un dispositif médical CE. Elle permet de réduire drastiquement le risque de fracture du col du fémur après une chute chez les personnes âgées et redonne confiance dans leurs mouvements de la vie quotidienne. Entretien avec Gérard Leseur, cofondateur et Président, qui nous explique le développement de cette solution innovante.
Comment avez eu l’idée d’INDIENOV ?
Au départ avec mon associé, Maurice Khan, nous avions pour objectif de développer une solution pour réduire le risque de noyade des enfants sans surveillance aux abords des piscines. Nous avons ainsi exploré diverses pistes et avons finalement travaillé sur la miniaturisation d’un collier airbag. Mais le marché n’était pas au rendez-vous.
Nous avons alors cherché d’autres applications et nous nous sommes intéressés plus particulièrement à la chute des personnes âgées qui entraînent très souvent une fracture du col du fémur. C’est une des plus grave conséquence des chutes chez la population âgée, car 30% en décèdent dans l’année suivant une hospitalisation, et près de 50 % perdent leur autonomie. Forts de ces constats, il y a déjà trois ans, nous avons lancé le développement d’une ceinture airbag connectée et intelligente pour protéger le col du fémur en cas de chute.
Votre ceinture est, d’ailleurs, en cours de commercialisation. Concrètement, comment fonctionne-t-elle ?
Notre ceinture intègre diverses briques technologiques et pré-détecte les chutes grâce à l’intelligence artificielle embarquée. Les airbags se déploient en 200 ms pour éviter la fracture du col du fémur. L’un des défis techniques consistait de stabiliser l’algorithme d’intelligence artificielle pour ne déployer les airbags qu’en cas de chute. Pour travailler sur ces faux positifs, lutter contre les ouvertures intempestives et s’assurer que la ceinture se déclenche bien avant la collision avec le sol, nous avons mobilisé diverses expertises et compétences afin de développer un produit qui soit le plus fiable possible : algorithmes en IA embarquée, électronique embarqué, semi-conducteurs.
La ceinture est aussi connectée. En cas de chute, le soignant, la famille ou le voisin sont automatiquement alertés. Il est possible de préenregistrer jusqu’à 5 numéros afin que l’utilisateur soit assisté le plus rapidement possible.
Notre ceinture, qui est un dispositif médical, a un poids de 450 grammes, là où des équipements de protection individuelle issus de l’industrie ou de la moto pèsent 1,2 kgs. Elle est donc très légère et peut être portée au quotidien sans aucune gêne. Nous avons, en effet, accordé une attention particulière à la miniaturisation de la ceinture pour faciliter son adoption. Et enfin, elle est réutilisable : il suffit de changer la cartouche de gaz et replier l’airbag dans son emplacement.
Dans le cadre de ce développement, vous avez, d’ailleurs, déposé 3 brevets…
En effet ! Son caractère innovant s’articule autour de plusieurs dimensions : la miniaturisation des systèmes de pyrotechnie et des airbags, et l’ adaptation de leur forme aux hanches. Cela représente l’analyse de plus de 1 000 chutes et de près de 500 heures de port pour arriver à en maîtriser et contrôler toute la chaîne de valeur.
Comment le dispositif a‑t-il été accueilli par les différentes parties prenantes, les médecins et les personnes âgées qui vont être amenés à porter votre ceinture au quotidien ?
Dès le lancement du développement de notre ceinture airbag connectée et intelligente, nous nous sommes entourés d’un comité scientifique. Nous avons eu un très bon accueil, car il y avait une réelle attente et un besoin avéré pour un dispositif médical comme le nôtre. En effet, on recense chaque année, plus de 90 000 fractures du col du fémur en France, et bien plus encore en Europe et dans le monde. D’ailleurs, on estime un coût de près de 3,4 milliards pour la Sécurité Sociale chaque année1.
Notre ceinture permet aussi de redonner confiance aux personnes âgées qui la portent et qui vont ainsi se remettre en mouvement, car en cas de chute, le col du fémur est protégé et une personne sera automatiquement alertée. La ceinture est équipée d’une carte d’une carte SIM, pour alerter même en cas de chute à l’extérieur du domicile. Notre dispositif médical favorise donc aussi le maintien à domicile.
Enfin, nous avons été finalistes de la 25e édition des Trophées INPI en 2023, et « coup de cœur » du SNITEM en 2022. Et notre démarche est reconnue par la Silver Économie qui nous a attribué le Silver Eco Awards en 2021.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous allons finaliser et sécuriser toute la partie relative aux tests de la ceinture en capitalisant sur nos différents partenaires et parties prenantes afin de nous assurer du fonctionnement optimal de notre dispositif médical.
Aujourd’hui, nous commercialisons auprès des distributeurs de matériel médical et souhaitons garantir un accompagnement aux personnes qui vont acquérir la ceinture.
Nous considérons aussi le marché international. Il y a une réelle appétence pour cette typologie de dispositif médical en Europe. Nous avons des discussions avancées en Belgique, en Italie, mais aussi en Espagne…, des pays qui ont un système de soin axé sur la prévention.
Nous avons aussi participé au CES de Las Vegas en 2023 et 2024 où notre ceinture a intéressé de nombreux distributeurs internationaux.
Enfin, pour assurer notre développement commercial et la fabrication de la ceinture qui se fait actuellement à Marseille, nous avons aussi un enjeu financier. À date, nous avons levé 3 millions d’euros. Il s’agit maintenant de lever des fonds complémentaires.
Sur le plus long terme, nous explorons également de nouvelles pistes pour faire évoluer notre ceinture afin qu’elle ait une plus fine capacité de prédiction des chutes, mais aussi afin de pouvoir adresser un public plus large, comme les patients atteints de maladies neurodégénératives.
1 Source : CNAMTS 2019