La crise de la globalisation, un défi économique et politique

Dossier : Après la crise : Les nouveaux défis de la théorie économiqueMagazine N°656 Juin/Juillet 2010
Par Pierre-Noël GIRAUD (67)

Révé­lée par la crise finan­cière, la crise de la glo­ba­li­sa­tion dété­riore le bien public mon­dial qu’est la sta­bi­li­té éco­no­mique et moné­taire. Nous man­quons cepen­dant encore de modèles adé­quats de cette globalisation.

REPÈRES
Le pro­ces­sus domi­nant et emblé­ma­tique de la glo­ba­li­sa­tion est la créa­tion du couple « Chi­na­mé­rique « . La Chine, afin de maxi­mi­ser son rythme de rat­tra­page, exporte mas­si­ve­ment ses excé­dents de mar­chan­dises et d’é­pargne aux États-Unis qui les acceptent. Ce pro­ces­sus a lar­ge­ment favo­ri­sé le main­tien de taux d’in­té­rêt bas qui ont ampli­fié les effets de levier exces­sifs, cen­traux dans la crise finan­cière. Il a engen­dré aux États-Unis et ailleurs une dyna­mique de crois­sance par endet­te­ment des ménages insou­te­nable à long terme. Les fruits de la glo­ba­li­sa­tion sont très inéga­le­ment répar­tis. Des conti­nents entiers en sont exclus, voire main­te­nus dans des trappes de pau­vre­té. Au sein des pays riches et émer­gents, les inéga­li­tés explosent, fai­sant chaque année des mil­lions de nou­veaux pauvres relatifs.

La crise de la glo­ba­li­sa­tion, révé­lée par la crise finan­cière, pose de sérieux défis à une théo­rie éco­no­mique qui reste encore mal armée pour l’a­na­ly­ser et pro­po­ser au débat public des pro­ces­sus de sor­tie de crise. En effet, l’ins­tru­ment prin­ci­pal dont elle dis­pose est la théo­rie du com­merce inter­na­tio­nal, qui ana­lyse en détail les consé­quences de l’ou­ver­ture des fron­tières au com­merce des mar­chan­dises. Or cette théo­rie est d’une part épui­sée d’autre part inadé­quate à un phé­no­mène, la glo­ba­li­sa­tion, qui ne se réduit pas à l’ou­ver­ture commerciale.

Les imperfections du marché

La théo­rie du com­merce inter­na­tio­nal est épui­sée par son suc­cès même. Dans les années soixante-dix, comme dans la plu­part des com­par­ti­ments de l’é­co­no­mie, l’in­tro­duc­tion des imper­fec­tions de mar­ché et de l’é­co­no­mie poli­tique révo­lu­tionne les modèles.

La théo­rie du com­merce inter­na­tio­nal est épui­sée par son suc­cès même

Ces imper­fec­tions sont : les mono­poles, dus aux ren­de­ments d’é­chelle crois­sants et aux éco­no­mies de réseau et d’ag­glo­mé­ra­tion, les autres exter­na­li­tés posi­tives (telle la dif­fu­sion des connais­sances) et néga­tives (telles les pol­lu­tions). Elles sont toutes fon­dées sur l’in­com­plé­tude et l’a­sy­mé­trie de l’in­for­ma­tion, laquelle rentre ain­si en force dans la théo­rie éco­no­mique. Quant à l’é­co­no­mie poli­tique, elle intro­duit une vision moins naïve des gou­ver­ne­ments. On peut, certes, les modé­li­ser comme cher­chant à maxi­mi­ser » l’in­té­rêt géné­ral « , mais aus­si tout sim­ple­ment à gagner la pro­chaine élection.

Les imperfections de l’État

Sont intro­duites ain­si, symé­tri­que­ment aux imper­fec­tions de mar­ché, des « imper­fec­tions de l’É­tat « . Elles ne pro­viennent pas seule­ment de ce que les actions de l’É­tat dans la sphère éco­no­mique peuvent être » pol­luées » par des motifs poli­tiques, mais aus­si de ce qu’elles ren­contrent, comme c’est le cas pour les acteurs pri­vés, une infor­ma­tion impar­faite et asymétrique.

Travail qualifié et non qualifié

Les modèles de com­merce inter­na­tio­nal sont par ailleurs trop res­treints pour décrire une glo­ba­li­sa­tion qui excède lar­ge­ment une simple ouver­ture des fron­tières aux flux de biens et ser­vices. Témoin de l’in­suf­fi­sance du cadre ana­ly­tique de ces théo­ries, le débat très vif ini­tié à la fin des années quatre-vingt-dix autour de la ques­tion : » La glo­ba­li­sa­tion est-elle cou­pable de l’aug­men­ta­tion des inéga­li­tés dans les pays riches ? » Non, avaient répon­du la plu­part des éco­no­mistes, car le « com­merce avec les pays à bas salaires » ne pou­vait expli­quer qu’une faible part de l’aug­men­ta­tion des inégalités.

Le rai­son­ne­ment était simple. Dans un pays riche, le com­merce avec un pays à bas salaires détruit des emplois, géné­ra­le­ment non qua­li­fiés, et aug­mente la demande d’emplois qua­li­fiés. En effet, le pays riche exporte des biens com­pre­nant peu de tra­vail, mais qua­li­fié et cher, en échange de biens com­pre­nant beau­coup de tra­vail peu qua­li­fié bon mar­ché, impor­tés des pays pauvres. Il est alors facile de mesu­rer l’ef­fet méca­nique direct, sur les inéga­li­tés entre tra­vail qua­li­fié et non qua­li­fié, du seul com­merce avec les pays à bas salaires.

Démon­trer ce qu’on veut
L’é­pui­se­ment de la théo­rie du com­merce inter­na­tio­nal vient de ce que ses modèles ont été enri­chis et diver­si­fiés à un point tel qu’ils per­mettent désor­mais de « démon­trer » à peu près ce que l’on veut, s’a­gis­sant des rela­tions de cau­sa­li­té entre ouver­ture com­mer­ciale, crois­sance et inéga­li­tés. Avec un modèle com­pre­nant des imper­fec­tions de mar­ché en quan­ti­té et en inten­si­té ad hoc, et un com­por­te­ment des États de même, on peut « démon­trer » que : l’ou­ver­ture com­mer­ciale sti­mule la crois­sance et réduit les inéga­li­tés, ou qu’elle sti­mule la crois­sance en accrois­sant les inéga­li­tés, ou l’in­verse, ou qu’elle ne favo­rise ni la crois­sance ni la réduc­tion des inéga­li­tés. De plus, ces résul­tats peuvent varier for­te­ment selon des condi­tions exo­gènes par­fois bien dif­fi­ciles à défi­nir et a for­tio­ri à quan­ti­fier, telle la « bonne gou­ver­nance ». Ce ne serait pas très gênant si des tests empi­riques robustes per­met­taient de tran­cher entre les dif­fé­rentes thèses. Or c’est rare­ment le cas, pour de mul­tiples rai­sons : per­ti­nence et qua­li­té des don­nées, cor­ré­la­tions entre variables du modèle, don­nées exo­gènes non sta­tis­ti­que­ment « contrôlables ».

Des investissements défensifs

Les pays riches à la fin des années quatre-vingt- dix étant en réa­li­té peu ouverts au com­merce avec les pays à bas salaires, cet effet était très limi­té. Pour les par­ti­sans de cette ana­lyse, c’é­tait donc essen­tiel­le­ment le pro­grès tech­nique (le déve­lop­pe­ment des tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion) qui, reje­tant du tra­vail non qua­li­fié rem­pla­cé par les ordi­na­teurs, expli­quait la crois­sance des inéga­li­tés entre tra­vail qua­li­fié et tra­vail non qualifié.

Cepen­dant, on ne se deman­dait géné­ra­le­ment pas pour­quoi ce pro­grès tech­nique était « biai­sé » en défa­veur du tra­vail non qua­li­fié. Celui des Trente Glo­rieuses, tout aus­si vigou­reux, ne l’a­vait pas été. Pour­quoi cette dif­fé­rence ? Cette thèse » la mon­dia­li­sa­tion n’est pas cou­pable « , appuyée sur les théo­ries du com­merce inter­na­tio­nal, fai­sait éga­le­ment peu de cas des effets induits du com­merce avec les pays à bas salaires. En par­ti­cu­lier des inves­tis­se­ments défen­sifs, mis en évi­dence par Adrian Wood, qui, pour résis­ter à la concur­rence des pays à bas salaires (vic­to­rieu­se­ment, donc pas de trace dans le volume du com­merce), sub­sti­tuent des machines aux emplois et réduisent ain­si encore plus l’emploi total. Un bon exemple de : » autre modèle, autre résul­tat », et dans ce cas comme dans bien d’autres, il fut mal­heu­reu­se­ment dif­fi­cile de les tes­ter empiriquement.

Changer de cadre

La glo­ba­li­sa­tion ne se rédui­sait pas au « com­merce avec les pays à bas salaires « , elle se tra­dui­sait alors sur­tout par un accrois­se­ment de la com­pé­ti­tion entre les ter­ri­toires des pays déve­lop­pés. Enfin glo­ba­li­sa­tion et pro­grès tech­niques sont évi­dem­ment liés. Les entre­prises orientent la recherche tech­nique selon les inci­ta­tions créées par la glo­ba­li­sa­tion. Ce débat très mal posé était le signe incon­tes­table qu’il fal­lait chan­ger de cadre et de méthodes d’analyse.

Compétitifs ou protégés

Pour être à la hau­teur des défis que lui lance la glo­ba­li­sa­tion, la théo­rie éco­no­mique devrait donc d’une part adop­ter un cadre d’a­na­lyse plei­ne­ment adap­té aux mobi­li­tés par­ti­cu­lières qu’au­to­rise et entrave la glo­ba­li­sa­tion actuelle et d’autre part pri­vi­lé­gier les modèles dyna­miques de simu­la­tion des pro­ces­sus sur de longues périodes.

Ce que dit un modèle est tou­jours en par­tie déter­mi­né par les condi­tions initiales

S’a­gis­sant du cadre d’a­na­lyse, il fau­drait selon moi rai­son­ner en termes d’ac­teurs éco­no­miques « nomades », qui mettent en com­pé­ti­tion l’en­semble des ter­ri­toires pour la loca­li­sa­tion de l’en­semble de leurs acti­vi­tés, et » séden­taires « , atta­chés à un territoire.

Pour ce qui est des indi­vi­dus rési­dents d’un ter­ri­toire, il fau­drait rai­son­ner en termes de » com­pé­ti­tifs « , c’est-à-dire sou­mis à la com­pé­ti­tion avec des acteurs d’autres ter­ri­toires et » pro­té­gés » de cette com­pé­ti­tion, quoique très sou­vent en vive com­pé­ti­tion entre eux.

Car les inéga­li­tés engen­drées par la glo­ba­li­sa­tion se creusent d’a­bord entre ces deux caté­go­ries, les inéga­li­tés qua­li­fiés – non qua­li­fiés n’en étant qu’une conséquence.

De grossières simplifications

Il faut par ailleurs modi­fier le mode d’u­sage des modèles. Réduire l’im­por­tance rela­tive actuel­le­ment accor­dée à l’é­la­bo­ra­tion foi­son­nante de modèles théo­riques d’é­qui­libre avec solu­tions ana­ly­tiques (donc avec d’é­normes sim­pli­fi­ca­tions des com­por­te­ments d’ac­teurs et des rela­tions de mar­ché, qui seuls rendent pos­sible une solu­tion analytique).

Ce qui s’im­pose est la mon­tée en puis­sance du « nou­vel État mercantiliste »

S’o­rien­ter vers des modèles de dyna­miques éco­no­miques avec imper­fec­tions de mar­ché et ratio­na­li­té limi­tée des acteurs, qui pour être un peu réa­listes sont néces­sai­re­ment des modèles de simulation.

Autant que pos­sible, cher­cher à les cali­brer dans cer­taines cir­cons­tances his­to­riques et géo­gra­phiques. Il convien­drait enfin de ne les uti­li­ser qu’à des fins ana­ly­tiques, l’ex­pli­ca­tion des tra­jec­toires pas­sées, et pros­pec­tives, la construc­tion des scé­na­rios de tra­jec­toires futures en fonc­tion des dyna­miques et des actions de poli­tique éco­no­mique qu’ils modélisent.

La ruée des nomades
La glo­ba­li­sa­tion actuelle ne se réduit pas à une ouver­ture des fron­tières com­mer­ciales. Elle a consi­dé­ra­ble­ment accru aus­si la mobi­li­té des infor­ma­tions y com­pris scien­ti­fiques, de la mon­naie, des titres, et enfin du capi­tal humain por­teur de savoir-faire mana­gé­riaux et tech­niques de pointe. Des fac­teurs pro­duc­tifs essen­tiels, en par­ti­cu­lier humains, deviennent ain­si par­fai­te­ment mobiles, de purs nomades capables de fer­ti­li­ser très rapi­de­ment le » capi­tal social » séden­taire patiem­ment accu­mu­lé dans les futurs « pays émer­gents », en par­ti­cu­lier durant leur phase socia­liste. Si bien qu’une joint-ven­ture ini­tia­le­ment, puis rapi­de­ment une firme locale, qu’elle soit manu­fac­tu­rière en Chine ou de ser­vices infor­ma­tiques en Inde, obtient la même pro­duc­ti­vi­té du tra­vail qu’en Europe avec des salaires bien moindres et qui res­te­ront long­temps tirés vers le bas par la masse pay­sanne et le sec­teur domes­tique for­mel et infor­mel à faible pro­duc­ti­vi­té. Un capi­tal social favo­rable, un capi­tal humain dont une frac­tion s’a­mé­liore très rapi­de­ment, de bas salaires les­tés par les masses à faible pro­duc­ti­vi­té tra­vaillant pour le mar­ché inté­rieur, ajou­tez à cela les éco­no­mies dyna­miques d’ag­glo­mé­ra­tion (il vaut mieux être là où les autres sont déjà que d’être un pion­nier iso­lé ailleurs), voi­là qui explique que les nomades du monde entier se ruent dans cer­taines pro­vinces du monde

Le rôle de l’État

Dans les deux cas, il faut admettre que ce que dit un modèle est tou­jours en par­tie déter­mi­né par les condi­tions ini­tiales et envi­ron­nantes, par l’in­ten­si­té sup­po­sée et très dif­fi­ci­le­ment quan­ti­fiable des imper­fec­tions de mar­ché, et enfin par les poli­tiques publiques modé­li­sées qui ne peuvent être que de gros­sières sim­pli­fi­ca­tions des poli­tiques, elles-mêmes très impar­faites, effec­ti­ve­ment menées. L’é­co­no­mie devrait donc se conten­ter de l’am­bi­tion de construire des outils heu­ris­tiques et des scé­na­rios aux condi­tions exo­gènes bien explicitées.

Vers une science expérimentale
L’é­co­no­mie devrait aban­don­ner toute pré­ten­tion nor­ma­tive et deve­nir une science expé­ri­men­tale et pas seule­ment une mathé­ma­tique com­bi­nant des com­por­te­ments trop sim­pli­fiés. Elle devrait se rap­pro­cher des méthodes à l’oeuvre dans les sciences de l’in­gé­nieur, qui d’ailleurs se rap­prochent d’elle par un usage crois­sant de la modé­li­sa­tion numé­rique. Elle ne per­dra ain­si pas néces­sai­re­ment en influence, au contraire, mais elle per­dra fort oppor­tu­né­ment en arro­gance. Heu­reu­se­ment, il semble bien qu’un cer­tain nombre d’é­co­no­mistes aient com­men­cé à s’en­ga­ger dans cette voie. Par ailleurs l’exi­gence, les tech­niques et les moyens de l’an­crage empi­rique des modèles progressent.

Au sein des défis lan­cés par la glo­ba­li­sa­tion à la théo­rie éco­no­mique il en est un qui est par­ti­cu­liè­re­ment redou­table, car intri­qué à la géo­po­li­tique. C’est l’a­na­lyse du rôle des États. Bien que l’on ait consta­té le retour des » États key­né­siens » à l’oc­ca­sion de la crise éco­no­mique, ce qui s’im­pose aux yeux de l’a­na­lyste de la glo­ba­li­sa­tion est la mon­tée en puis­sance du » nou­vel État mercantiliste « .

En dehors du main­tien de la paix inté­rieure, le rôle essen­tiel de l’É­tat contem­po­rain semble être de rete­nir et d’at­ti­rer sur son ter­ri­toire le maxi­mum des purs nomades que sont deve­nus les firmes glo­bales et les indi­vi­dus aux com­pé­tences hau­te­ment valo­ri­sables dans la glo­ba­li­sa­tion. Il se com­porte ain­si comme les monar­chies mer­can­ti­listes qui cher­chaient à atti­rer le maxi­mum d’or dans leur royaume.

Une stra­té­gie par nature égoïste et poten­tiel­le­ment conflic­tuelle. Dans le même temps, les mobi­li­tés crois­santes mul­ti­plient les besoins de « biens publics mon­diaux » : cli­mat, bio­di­ver­si­té, contrôle des pan­dé­mies, sta­bi­li­té du sys­tème finan­cier et moné­taire inter­na­tio­nal, biens qui doivent être » pro­duits » par une coopé­ra­tion volon­taire entre grands États.

Une coopération mutuellement bénéfique

Ain­si, pour reve­nir au couple » Chi­na­mé­rique « , il est pos­sible de com­prendre la ratio­na­li­té des com­por­te­ments éta­tiques et les rai­sons d’une coopé­ra­tion bila­té­rale jugée jus­qu’i­ci mutuel­le­ment béné­fique. Le gou­ver­ne­ment chi­nois maxi­mise sa vitesse de rat­tra­page par une crois­sance tirée par les expor­ta­tions et les inves­tis­se­ments directs étran­gers, le gou­ver­ne­ment des États-Unis élude de pos­sibles dif­fi­cul­tés éco­no­miques, sociales et poli­tiques issues de l’ac­crois­se­ment des inéga­li­tés dues à la glo­ba­li­sa­tion, grâce à une consom­ma­tion fon­dée sur une dette crois­sante dont cha­cun des deux par­te­naires sait très bien qu’elle ne sera jamais remboursée

Mais, ce fai­sant, ils dété­riorent un bien public mon­dial, en l’oc­cur­rence la sta­bi­li­té moné­taire et finan­cière inter­na­tio­nale, ce dont ils finissent par pâtir eux-mêmes, mais de façon dif­fé­ren­ciée, ce qui engendre de fortes ten­sions dans l’en­tente ini­tiale… Modé­li­ser ne serait-ce que la ratio­na­li­té éco­no­mique de ce genre de jeu com­plexe de stra­té­gies concur­rentes, tel est le défi dans le défi.

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