La croisée des chemins

Dossier : ExpressionsMagazine N°643 Mars 2009
Par Michel PRUDHOMME (64)

Il arrive dans la plu­part des vies pro­fes­sion­nelles un moment-clé : celui où l’intéressé est conduit à envi­sa­ger un chan­ge­ment majeur de métier, de sec­teur ou de type d’entreprise ; pas­ser du public au pri­vé, d’une start-up à une grande entre­prise, d’un groupe mul­ti­na­tio­nal à une PME fami­liale, quit­ter la recherche pour rejoindre une start-up, faire du conseil.

Cela peut arri­ver avant trente ans. Dans ce cas, le chan­ge­ment peut être assez facile si la moti­va­tion est là, car les habi­tudes ne sont pas encore ancrées.

Cela se pro­duit plus sou­vent autour de qua­rante ans, lors de cette crise per­son­nelle et pro­fes­sion­nelle, appe­lée mid-life cri­sis par les Anglo- Saxons, que nous tra­ver­sons tous. À ce moment-clé, la per­sonne se rend compte en géné­ral de ses limites de temps ou d’énergie, ain­si que des contraintes. Tout peut bas­cu­ler si ce chan­ge­ment échoue.


Un chan­ge­ment signi­fi­ca­tif dans une vie pro­fes­sion­nelle ne s’improvise pas

Après cin­quante ans, beau­coup res­sentent la néces­si­té de faire quelque chose de dif­fé­rent : quit­ter le sala­riat, se mettre à son compte, faire du béné­vo­lat, dimi­nuer son rythme de travail.

L’expérience nous montre tous les jours au Bureau des Car­rières que la plu­part de nos cama­rades sous-estiment les dif­fi­cul­tés et se lancent sans pré­pa­ra­tion préalable.

En cas d’échec, nous retrou­vons quelques années plus tard ces cama­rades dans des situa­tions com­pli­quées, avec des expli­ca­tions peu convain­cantes sur leur chan­ge­ment mal vécu, et cer­tains han­di­caps pour retrou­ver un emploi qui leur conviennent.

Si le chan­ge­ment est subi, l’intéressé peut alors res­sen­tir le besoin de faire prendre un tour­nant à sa vie pro­fes­sion­nelle. Dans ce cas et quel que soit son âge, nous lui recom­man­dons for­te­ment de négo­cier avec son employeur la prise en charge d’un accom­pa­gne­ment adap­té (out­pla­ce­ment) dans le cadre d’une éven­tuelle tran­sac­tion : il pour­ra construire ou affi­ner son pro­jet pro­fes­sion­nel avant d’entamer sa recherche d’emploi, aug­men­tant ain­si ses chances de réussite.

Être clair avec soi-même

Si le chan­ge­ment est sou­hai­té, l’intéressé se trouve alors devant un dilemme : 

• ou bien il a trou­vé un nou­vel emploi, mais alors com­ment être sûr que ce chan­ge­ment lui sera béné­fique à long terme ? 
• ou alors il n’a pas encore trou­vé son nou­vel emploi, mais alors com­ment le recher­cher tout en étant en poste ? Un mini­mum de réflexion et de pré­pa­ra­tion s’impose. Connaître ses forces et ses fai­blesses, être clair avec soi-même sur ses freins et ses moteurs, ain­si que sur ses moti­va­tions pro­fondes, se fixer des objec­tifs à cinq ans, à dix ans me semble être incontournable.

Avoir en outre, de manière innée ou acquise, la capa­ci­té de com­mu­ni­quer sur son nou­veau pro­jet, par écrit (CV) et ora­le­ment (entre­tiens), avec les réponses aux objec­tions, les expli­ca­tions et l’enthousiasme indis­pen­sables pour don­ner envie à un employeur poten­tiel d’aller plus loin. Si, de plus, la per­sonne pos­sède déjà un réseau opé­ra­tion­nel de contacts dans son milieu, cela ne pour­ra que lui faci­li­ter la tâche. Sinon, il sera indis­pen­sable de le créer à l’occasion de ce chan­ge­ment, et ce sera long et difficile.

En effet, les petites annonces, les cabi­nets de recru­te­ment et les chas­seurs de têtes ne sont pas, sauf excep­tion, les moyens les plus favo­rables pour réus­sir un chan­ge­ment signi­fi­ca­tif dans une vie pro­fes­sion­nelle : une démarche de réseau bien menée a beau­coup plus de chances de réus­sir. Le pro­blème est que cette démarche est dif­fi­ci­le­ment com­pa­tible avec la tenue effec­tive d’un poste opérationnel.

En conclu­sion, si vous devez ou sou­hai­tez négo­cier un virage impor­tant dans votre vie pro­fes­sion­nelle, si vous êtes à la croi­sée des che­mins, pre­nez vos précautions.

Créé il y a plus de qua­rante ans, le Bureau des Car­rières de l’AX pro­pose à tout membre de l’Association des entre­tiens per­son­na­li­sés, des sémi­naires et ate­liers, l’accès à dif­fé­rents réseaux ain­si que des moyens logistiques.

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