Stonal

La data et l’IA : de puissants leviers de performance au service du secteur de l’immobilier

Dossier : Supplément : Fintech & croissanceMagazine N°785 Mai 2023
Par Michel TOLILA
Par Robin RIVATON

Si l’immobilier dis­pose de volume tou­jours plus impor­tant de don­nées et d’informations, le sec­teur peine encore à exploi­ter et valo­ri­ser cette data. Conscients de cette réa­li­té, Sto­nal pro­pose à ces acteurs une pla­te­forme qui capi­ta­lise sur la puis­sance de l’IA pour les aider à fran­chir ce cap. Michel Toli­la, Pré­sident-Fon­da­teur, et Robin Riva­ton, CEO de Sto­nal, nous en disent plus.

Quels sont les constats à l’origine de la création Stonal ?

De façon géné­rale, tous les sec­teurs de l’économie doivent apprendre à col­lec­ter, trai­ter et conser­ver la don­née. L’immobilier, et plus par­ti­cu­liè­re­ment la ges­tion d’actifs immo­bi­liers, a encore aujourd’hui un niveau faible de matu­ri­té numé­rique en com­pa­rai­son à d’autres sec­teurs tels que l’industrie ou le transport.

Tou­te­fois, dans ce sec­teur confron­té à de fortes contraintes envi­ron­ne­men­tales, à l’augmentation des régle­men­ta­tions et des normes, ain­si qu’à l’accroissement des ser­vices aux loca­taires, le volume de don­nées géné­ré à exploi­ter et valo­ri­ser ne cesse de croître. C’est ce constat qui a ras­sem­blé les fon­da­teurs de Sto­nal, qui ont tous de longues expé­riences diverses dans l’immobilier (exploi­ta­tion, tran­sac­tion, notariat…).

Concrètement, qu’est-ce que Stonal et quel est votre positionnement ?

Notre acti­vi­té peut être com­pa­rée à celle d’une sta­tion de trai­te­ment des eaux. Nous pom­pons de l’eau sale afin de faire res­sor­tir de l’eau potable qui pour­ra être consom­mée en toute confiance. Concrè­te­ment, nous extra­yons la data des sources pri­maires d’information et de docu­ments tels que des diag­nos­tics de per­for­mance éner­gé­tique, des baux, des attes­ta­tions d’assurance, des docu­ments tech­niques et plans. Grâce à des algo­rithmes de pointe, repo­sant sur l’Intelligence Arti­fi­cielle, Sto­nal per­met ensuite aux ges­tion­naires d’actifs immo­bi­liers de clas­ser auto­ma­ti­que­ment tous ces docu­ments et d’en extraire les don­nées per­ti­nentes (date de vali­di­té, signa­taires, montant…).

Ces sources pri­maires sont celles qui font foi entre les par­ties. Nous ren­dons ain­si des objets inertes sto­ckés inuti­le­ment en des don­nées exploi­tables. Une fois ces don­nées extraites, elles sont sto­ckées sur un data­lake où les don­nées peuvent être com­pa­rées, net­toyées, mises en qua­li­té, conso­li­dées pour un repor­ting aux dif­fé­rents niveaux de l’organisation.

À qui s’adresse votre plateforme et que permet-elle d’accomplir ?

L’information immo­bi­lière a la par­ti­cu­la­ri­té d’être encore prin­ci­pa­le­ment docu­men­taire, enchâs­sée dans de vastes archives numé­riques et sou­vent papier. Son volume est consi­dé­rable, un simple immeuble pou­vant repré­sen­ter plus de 3 000 docu­ments asso­ciés. Fac­tures, diag­nos­tiques, baux, plans… s’y entre­mêlent, com­pli­quant et ren­dant chro­no­phage toute déci­sion. Ces très grandes quan­ti­tés de docu­ments sont en constante évo­lu­tion et doivent être trai­tées, sai­sies dans une base de don­nées, véri­fiées, puis mises à jour à maintes reprises.

« Avec la plateforme Stonal, les gestionnaires d’actifs n’ont qu’à glisser/déposer les documents ou les transférer par mail dans une démarche extrêmement simplifiée. »

L’extraction de don­nées est un pro­ces­sus coû­teux et chro­no­phage en rai­son du grand volume de docu­ments longs mais cru­ciaux. Le tri et la recherche manuels sont syno­nymes d’erreurs humaines et de tra­vail inutile, avec des dizaines de mil­liers de pages à par­cou­rir et des mil­liers de don­nées à reco­pier dans des outils comme excel. Nous avons ban­ni le rem­plis­sage de cases vides qui est pour nous l’illustration l’informatique du 20e siècle. Pour nous, ce tra­vail est la meilleure voie vers l’échec du fait des nom­breuses erreurs lais­sées dans la trans­crip­tion humaine de don­nées (1 faute de frappe tous les 45 chiffres et tous les 70 caractères).

Avec la pla­te­forme Sto­nal, les ges­tion­naires d’actifs n’ont qu’à glisser/déposer les docu­ments ou les trans­fé­rer par mail dans une démarche extrê­me­ment sim­pli­fiée. Nos solu­tions viennent mettre l’humain en posi­tion de vali­der ou arbi­trer, et non de rem­plir la don­née, un tra­vail pénible et inefficace.

À par­tir de cette don­née extraite, nous avons déci­dé de créer des modules métier per­met­tant de répondre à des pro­blèmes pré­cis des ges­tion­naires d’actifs : la confor­mi­té régle­men­taire selon le type de bâti­ment, les ERP, l’incendie, les plans plu­ri­an­nuels de tra­vaux, la tra­jec­toire car­bone et l’optimisation des charges cou­rantes. Ces modules per­mettent aux grands ges­tion­naires de suivre leurs enga­ge­ments sur leur patri­moine dans la durée.

Au cœur de votre modèle, les nouvelles technologies et l’IA jouent un rôle clé. Quel est-il ? Comment cela se traduit-il ?

Si avec ChatGPT, l’intelligence arti­fi­cielle s’affiche aujourd’hui par­tout, les usages concrets sont dif­fi­ci­le­ment iden­ti­fiables. Dans l’immobilier, pour l’instant, l’action pré­sen­tée comme la plus exci­tante est la rédac­tion d’annonces par des agents immo­bi­liers uti­li­sant ChatGPT.

Tou­te­fois, il est cer­tain que cela va chan­ger. Le lan­ce­ment du ChatGPT a été le moment Spout­nik de la course à l’IA. L’alunissage est immi­nent. Ope­nAI n’est qu’une socié­té par­mi d’autres aux côtés de Cohere, Github, Hug­ging­Faces, Deep­Mind sans par­ler de Google, Bai­du, Nvi­dia, Micro­soft, Meta, Tencent ou IBM. Le mon­tant des inves­tis­se­ments pri­vés en intel­li­gence arti­fi­cielle est pas­sé de 6 mil­liards de dol­lars en 2013 à 176 mil­liards de dol­lars en 2021 d’après le labo­ra­toire d’IA de Stan­ford. Et toutes ces entre­prises qui se créent, lèvent des fonds et déve­loppent des pro­duits ne vou­dront pas lais­ser de côté une indus­trie aus­si impor­tante que l’immobilier.

» L’intelligence artificielle doit d’abord être utilisée comme un extracteur de données. »

L’intelligence arti­fi­cielle va deve­nir un assis­tant capable d’aider les opé­ra­teurs humains à dis­cri­mi­ner la don­née, l’organiser, la syn­thé­ti­ser, faire des pre­mières recom­man­da­tions. Le pro­blème aujourd’hui est que cette don­née de qua­li­té fait défaut dans l’immobilier. Les docu­ments, baux et contrats, sont certes déma­té­ria­li­sés, mais le texte n’est pas numé­ri­sé et n’a pas été ana­ly­sé. Les plans sont figés avec des réfé­ren­tiels qui ne sont pas orga­ni­sés à l’échelle du patri­moine. Même les don­nées finan­cières sont frag­men­tées et peuvent dif­fi­ci­le­ment être mises en rela­tion avec des don­nées publiques de démo­gra­phie, de consom­ma­tion ou de trans­port. L’immobilier ne pour­ra pas avoir accès à l’IA s’il ne fait pas sa révo­lu­tion de la donnée.

Fort de ces constats, l’intelligence arti­fi­cielle doit d’abord être uti­li­sée comme un extrac­teur de don­nées pour rat­tra­per d’autres sec­teurs plus axés sur les don­nées (indus­trie manu­fac­tu­rière, trans­port…). C’est seule­ment à par­tir de ce moment-là qu’elle pour­ra uti­li­ser cette don­née pour sug­gé­rer une meilleure ges­tion du patri­moine (acqui­si­tion, ces­sion, réha­bi­li­ta­tion, opti­mi­sa­tion) avec des effets puis­sants sur les ren­de­ments. Loin des effets d’annonce, c’est un tra­vail de l’ombre qui débute. Et les pre­miers qui s’y engagent auront un avan­tage déci­sif après la phase de com­pres­sion des taux d’intérêt qui a été un grand éga­li­seur des performances.

Aujourd’hui, où en est Stonal ? Quelles sont les prochaines étapes de votre développement ?

Sto­nal, créée en 2017 par des experts de l’immobilier et de la tech, est la pla­te­forme d’intelligence arti­fi­cielle de réfé­rence pour les pro­prié­taires et ges­tion­naires d’actifs immo­bi­lier, rési­den­tiel ter­tiaire, public et pri­vé. Après avoir levé 20 mil­lions d’euros, la pla­te­forme est aujourd’hui déployée sur plus de 200 mil­lions de m² à tra­vers l’Europe.

Elle a réa­li­sé près de 14 mil­lions de dol­lars de chiffre d’affaires en 2022 et compte 125 col­la­bo­ra­teurs. Après avoir signé ses pre­miers clients inter­na­tio­naux, Sto­nal a déci­dé d’ouvrir un bureau à Londres pour répondre à la demande crois­sante pour sa pla­te­forme de ges­tion de docu­ments basée sur l’IA.

Comment vous projetez-vous sur le marché ?

Si l’industrie immo­bi­lière était en retard par rap­port à d’autres sec­teurs, elle est en train d’évoluer rapi­de­ment sous la pres­sion de la tran­si­tion envi­ron­ne­men­tale, des tra­vaux néces­saires pour l’accompagner et de l’augmentation des régle­men­ta­tions. Seuls des outils digi­taux comme Sto­nal per­met­tront d’atteindre ces objec­tifs ambi­tieux. Nous avons construit un pro­duit tech­no­lo­gique très puis­sant sur lequel nous pou­vons poser des briques métier diverses et des don­nées mul­tiples. À cet égard, nous consi­dé­rons actuel­le­ment plu­sieurs oppor­tu­ni­tés d’acquisition sur le marché.

Poster un commentaire