La décarbonation, c’est maintenant !
La décarbonation est une dimension essentielle de la politique environnementale du gouvernement. L’annonce faite tout récemment par le Président de la République d’une « planification écologique » contribue à la ramener sur le devant de la scène, même si elle ne l’a jamais réellement quittée. En effet le CO2 est un gaz à effet de serre et il contribue pour une grande part au réchauffement climatique dont nous sentons de plus en plus nettement les effets dans notre vie courante. Réduire sa production est donc l’un des objectifs majeurs de toute politique environnementale qui se respecte, même si ce n’est pas le seul.
L’hydrogène dans ce contexte est une solution énergétique intéressante et il jouit d’une grande faveur dans l’esprit des gens, car il a d’emblée une image « propre ». L’idée est que son utilisation énergétique, qui repose sur sa combinaison avec l’oxygène de l’air, ne produit que de l’eau et est donc essentiellement décarbonée. Encore faut-il que la production de cet hydrogène n’ait pas elle-même produit beaucoup de gaz carbonique… La France est dans ce domaine bien placée : elle a un nombre d’acteurs impliqués dans cette filière d’un demi-millier d’entreprises, de laboratoires, de collectivités ; elle dépose dans ce domaine un nombre considérable de brevets ; elle a surtout une source primaire d’énergie qui est très peu carbonée, à savoir le nucléaire.
“La décarbonation est une dimension essentielle de la politique environnementale du gouvernement.”
La construction est l’un des secteurs principaux en termes d’empreinte carbone et elle doit faire l’objet d’une attention particulière dans les politiques de décarbonation. C’est l’utilisation du ciment et du béton qui a le plus fort impact en la matière. On remarquera l’émergence d’un « béton de bois », sorte d’oxymore piquant mais aussi technique prometteuse ; le sable et le gravier sont remplacé par des granulats valorisant les chutes de bois industriel ; cela permet de construire jusqu’à du R + 10 ! Beaucoup d’avantages, outre un bilan carbone négatif : confort thermique, légèreté, isolation acoustique, possibilités de préfabrication, recyclage à 100 %… Le monde de la construction a aussi un problème de traitement des déchets, qui sont habituellement enfouis. On remarquera une technique innovante de fossilisation accélérée de ces déchets, qui permet de produire des granulats et de séquestrer le CO2. Certes, comme pour toute mutation d’importance, il faut accepter un lourd investissement, mais si rentable !
Reste la mobilité, si productrice de carbone… Le choix technologique n’est que la première étape d’un processus plus général qui doit intégrer l’ensemble du cycle de vie du produit de mobilité. Ainsi les émissions liées à la fabrication d’un véhicule électrique sont très importantes en raison des batteries et diminuent notablement l’intérêt de cette solution en termes de décarbonation. Il faut donc travailler sur la décarbonation de la production, sur une économie circulaire du secteur en le réorganisant, sur l’autopartage et le covoiturage, sur le dimensionnement des véhicules en fonction des utilisations réelles.
Enfin il n’y pas que l’État qui oriente la décarbonation de notre société. Les collectivités territoriales ont un rôle important à jouer. C’est au plus près des usages et des producteurs que se joue le succès des politiques environnementales, notamment en matière de décarbonation.