La démocratie déséquilibrée
La question des retraites domine l’actualité, mais ce n’est pourtant que la pointe de l’iceberg appelé vieillissement qui va avoir une influence énorme sur nos sociétés et même sur celles du tiers-monde où la natalité s’effondre et qui, en ce domaine, nous rattrapent à grands pas (ce qui interdira bientôt de trop compter sur l’immigration : tous ces pays vont avoir besoin de leurs jeunes).
Les études démographiques auraient dû nous mettre en garde depuis longtemps, mais une manipulation politique incroyable, vers 1960, leur a ôté efficacité et précision, et donc crédibilité.
Récemment débarrassée, grâce à l’école démographique française, de cette manipulation indue, la démographie retrouve peu à peu sa dignité et son rang : c’est la plus précise des sciences humaines. Et que nous dit-elle ? Elle nous dit que, sauf mesure appropriée, nous allons droit à un déséquilibre très grave de nos démocraties et que les jeunes risquent d’être écrasés sous la charge de personnes âgées et leur poids électoral grandissant… Ce qui les conduirait à fuir nos vieux pays ou bien à limiter outre mesure leur descendance, toutes choses qui ne feraient bien sûr qu’accélérer le vieillissement puis l’effondrement.
Déjà une conséquence majeure se développe sous nos yeux aveugles : la paupérisation progressive, mais aussi massive, des jeunes Français de moins de trente ans. Longtemps cette paupérisation est restée relative, mais elle est même devenue absolue depuis 1993.
Comment sortir de ce cercle vicieux ? Comment faire en sorte que les hommes politiques puissent prendre les mesures qui permettront aux jeunes femmes de concilier vie professionnelle et vie familiale ? C’est aujourd’hui leur souhait majeur, tandis que la société actuelle les contraint souvent à des choix douloureux. Les pays qui se désintéresseront de cette question vitale et céderont à la facilité qu’il y a à satisfaire d’abord les votants désormais les plus nombreux – les plus de cinquante ans – ces pays connaîtront fatalement un grave déficit de naissances et donc un vieillissement accéléré.
Face à ce problème, et après avoir longuement étudié la question, le groupe X‑Démographie, Économie, Population propose une mesure simple : la “ démocratie complète ”. Il faut que les enfants et les jeunes soient eux aussi considérés pour ce qu’ils sont : des citoyens. Le fait qu’ils soient mineurs ne doit pas aboutir à ce que leurs intérêts passent après ceux des autres citoyens, ils ont droit eux aussi à l’égalité. Pour cela le plus efficace est qu’ils soient représentés dans les élections, de préférence par leur mère, cela changera radicalement le point de vue des hommes politiques toujours légitimement soucieux de réélection. Ces hommes pourront désormais prendre les mesures nécessaires sans risquer leur carrière, sans qu’une majorité artificielle de personnes âgées, simplement parce que les enfants ne sont pas représentés, ne puisse repousser ces mesures et écraser les jeunes sous leurs exigences.
Bien entendu tout cela soulève de nombreuses objections et a entraîné discussions et analyses. Avons-nous vraiment fait un tour suffisant de la question ? L’avis de chacun est sollicité.
Si vous n’êtes pas convaincus, rappelez-vous que les Françaises ne votent que depuis 1944 et reconnaissez que leur condition s’est prodigieusement améliorée. Leur présence dans les élections a permis de lever une à une la plupart des barrières, des inégalités et des discriminations dont elles souffraient.