Fabrication additive par le procédé DED

La fabrication additive, terre d’innovations

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°789 Novembre 2023
Par Yannick LOISANCE (X71)

Fon­da­teur de Mul­ti­sta­tion, une entre­prise spé­cia­li­sée en solu­tions dédiées à la fabri­ca­tion digi­tale et addi­tive, Yan­nick Loi­sance (X71) par­tage avec nous quelques réflexions sur la fabri­ca­tion addi­tive, son évo­lu­tion, son poten­tiel et le posi­tion­ne­ment de sa socié­té dans ce contexte.

La fabrication additive : entre maturité des procédés et valorisation des actifs

Aujourd’hui, la fabri­ca­tion addi­tive se décline au plu­riel et ses pro­cé­dés sont mul­tiples. Pour les dif­fé­ren­cier, le TRL1 (Tech­no­lo­gy Rea­di­ness Level) est l’alternative la plus adap­tée. De manière géné­rale, les machines basées sur des pro­cé­dés au TRL infé­rieur à 5 sont pro­po­sées aux uni­ver­si­tés et centres de recherche, et l’industrie demande des équi­pe­ments au TRL supé­rieur à 5. À titre d’exemple, la joaille­rie ou l’industrie den­taire uti­lisent des pro­cé­dés au TRL 9 qui sont tota­le­ment maî­tri­sés. À l’inverse, les pro­cé­dés de la fabri­ca­tion addi­tive métal ne le sont pas encore tota­le­ment. Notons aus­si que les opé­ra­teurs des machines de fabri­ca­tion addi­tive à faible TRL doivent avoir une for­ma­tion uni­ver­si­taire et poly­va­lente ce qui entraîne un coût sala­rial élevé.

La fabri­ca­tion addi­tive, vivant de son deve­nir, fait face à une perte de valo­ri­sa­tion de ses actifs, du fait que les construc­teurs cherchent à dyna­mi­ser le mar­ché en déve­lop­pant et pro­po­sant de nou­velles fonc­tion­na­li­tés ! Plus la machine est « high­tech », plus son coef­fi­cient obso­les­cence est éle­vé. Résul­tat : leur valeur de mar­ché réelle est très sou­vent infé­rieure à leur valeur d’amortissement comp­table. D’ailleurs, nom­breuses sont les socié­tés qui vont pré­fé­rer gar­der un maté­riel inuti­li­sé plu­tôt que d’enregistrer une perte….

Un marché qui se cherche, un désinvestissement difficile

Le mar­ché du dés­in­ves­tis­se­ment en fabri­ca­tion addi­tive est récent et peu struc­tu­ré. Sa matu­ra­tion a été bru­ta­le­ment accé­lé­rée par les crises récentes alors que les règles anciennes s’y appliquent difficilement. 

Contrai­re­ment à l’investissement, un pro­ces­sus volon­taire et une approche posi­tive de déve­lop­pe­ment, le dés­in­ves­tis­se­ment n’est pas une pra­tique habi­tuelle. Cette démarche est char­gée d’images néga­tives et ren­voie à un signe tan­gible de dés­in­dus­tria­li­sa­tion avec un impact social signi­fi­ca­tif. C’est aus­si un vec­teur de la déstruc­tu­ra­tion de la cohé­sion d’une entre­prise, un sujet tabou auquel per­sonne ne veut être associé. 

Dans la fabri­ca­tion addi­tive, le dés­in­ves­tis­se­ment peut s’expliquer par divers élé­ments : une erreur d’appréciation dans le choix du pro­cess, des expec­ta­tions sur­éva­luées sur les per­for­mances atten­dues, des sous-esti­ma­tions sur les risques HSE, ou encore un rejet bru­tal des don­neurs d’ordre qui, très sou­vent, ont conseillé à leurs sous-trai­tants d’investir dans cette tech­no­lo­gie. En résu­mé, un mau­vais pari ! 

Aujourd’hui, le rap­port au dés­in­ves­tis­se­ment est dif­fé­rent. Asso­cié aux efforts de décar­bo­na­tion, le dés­in­ves­tis­se­ment a, en effet, repris ses lettres de noblesse. Ache­ter un maté­riel d’occasion est deve­nu « ten­dance » d’autant plus que les fonc­tion­na­li­tés des anciens modèles peuvent être suffisantes.

Anticiper l’imprévisible : quel avenir pour la fabrication additive ?

Aujourd’hui, l’incertitude indus­trielle est deve­nue la norme. Affron­ter l’imprévisible demande de la créa­ti­vi­té, de l’intuition et le cou­rage de sor­tir du ration­nel. Der­nière illus­tra­tion en date : l’industrie nucléaire avec un revi­re­ment total du dés­in­ves­tis­se­ment au réinvestissement. 

Côté fabri­ca­tion addi­tive, deux ques­tions per­sistent : est-ce une tech­no­lo­gie incer­taine et son déve­lop­pe­ment est-il pré­vi­sible ? Pour appor­ter des élé­ments de réponse, il nous faut faire la chasse aux signaux faibles, annon­cia­teurs de pos­sibles dis­rup­tions, comme ces retours de moteurs de Pratt et Whit­ney suite à des pro­blèmes géné­rés par l’usage de cer­taines poudres métal­liques en fabri­ca­tion additive.

Le propre d’un inves­tis­se­ment est de s’inscrire dans la durée ! Or la prise de déci­sion dans un monde vola­til, incer­tain, com­plexe et ambi­gu est dif­fi­cile : pour­quoi donc chan­ger de tech­no­lo­gie si la nou­velle géné­ra­tion est incer­taine et peut géné­rer des effets impré­vi­sibles ? À la valo­ri­sa­tion et au coef­fi­cient d’obsolescence s’ajoute donc un « coef­fi­cient d’imprévisibilité ». En un mot, l’enjeu est de déris­quer la fabri­ca­tion addi­tive, ce qui a été le cas aux États-Unis alors que l’Europe reste la cham­pionne de la frilosité.

A contra­rio, sous l’impulsion des évo­lu­tions tech­no­lo­giques et socié­tales majeures qui impactent dif­fé­rem­ment les sec­teurs avec un phé­no­mène d’hyper-croissance pour cer­tains (bat­te­ries, défense, drones, spa­tial…) et d’effondrement pour d’autres (moteurs ther­miques), la fabri­ca­tion addi­tive tire son épingle du jeu : elle peut appa­raître comme un nou­veau moyen de pro­duc­tion faci­le­ment accep­table si elle n’arrive pas en rem­pla­ce­ment d’un ancien moyen. C’est ce que l’on remarque dans cer­taines appli­ca­tions comme la pro­duc­tion de lan­ceurs spatiaux.

Le bonheur dans intelligence artificielle ou le métavers

La fabri­ca­tion addi­tive, comme toute tech­no­lo­gie émer­gente, exige des tech­niques avan­cées de mar­ke­ting indus­triel, car l’enjeu est de trou­ver la voie la plus sûre entre la demande en inno­va­tion des indus­triels et l’offre sou­vent dis­rup­tive des fabri­cants de machines. Plu­sieurs ques­tions se posent : l’intelligence arti­fi­cielle va-t-elle per­mettre l’automatisation des tech­niques de pros­pec­tion et de qua­li­fi­ca­tion de pros­pects, plus glo­ba­le­ment la ges­tion de la rela­tion clients ? Va-t-elle nous aider à bien déter­mi­ner la solu­tion addi­tive la plus per­for­mante ? Le méta­vers per­met­tra-il l’éclosion de centres de démons­tra­tion vir­tuels ?… autant de pistes explo­rées par Mul­ti­sta­tion et qui ont voca­tion à bou­le­ver­ser les métiers de ser­vice et d’intermédiation industrielle.

Mul­ti­sta­tion est en veille per­ma­nente et en recherche active de nou­veaux pro­cé­dés, qui vont per­mettre de fabri­quer des pièces que nous ne savions pas pro­duire avec les tech­no­lo­gies tra­di­tion­nelles. Au-delà, la fabri­ca­tion addi­tive génère chaque jour de belles inno­va­tions. On peut notam­ment citer l’optimisation topo­lo­gique qui per­met d’alléger les struc­tures tout en gar­dant leurs pro­prié­tés méca­niques ou bien la fabri­ca­tion addi­tive de struc­tures lat­tice. Mais comme le souf­flé retombe aus­si vite qu’il est mon­té, ces nou­velles tech­no­lo­gies font par­fois l’objet d’exécutions som­maires. Mal­gré la dif­fi­cul­té de tenir une pos­ture face à l’incertitude et ces nou­velles néces­si­tés d’évaluation per­ma­nente des risques, Mul­ti­sta­tion tient son cap avec agi­li­té et adap­ta­tion aux fluc­tua­tions de la demande. Mul­ti­sta­tion est fon­da­men­ta­le­ment confiant dans l’adoption pro­gres­sive de la fabri­ca­tion addi­tive et est heu­reux de par­ta­ger sa vision avec des dizaines de fabri­cants qui lui font confiance !

* Sys­tème de mesure ima­gi­né par la NASA qui divise en 9 le niveau de matu­ri­té d’une tech­no­lo­gie afin de mieux appré­hen­der et gérer le risque tech­no­lo­gique des programmes


En bref

Mul­ti­sta­tion SAS est un four­nis­seur de solu­tions com­plètes en fabri­ca­tion digi­tale et addi­tive. Depuis sa créa­tion en 1987, Mul­ti­sta­tion contri­bue à l’histoire de la fabri­ca­tion addi­tive. À ce jour, l’entreprise a livré des cen­taines de machines à des­ti­na­tion de sec­teurs divers et variés : l’éducation, l’automobile, le fer­ro­viaire, l’aéronautique, la joaille­rie… Forte d’une équipe authen­tique, dotée d’une exper­tise tech­nique, d’une bonne logis­tique et d’une expé­rience mar­ke­ting, l’entreprise a mis sur le mar­ché de nom­breuses nou­velles tech­no­lo­gies : le sou­dage robo­ti­sé dans les années 80, l’usinage 5 axes dans les années 90, la fabri­ca­tion addi­tive métal dès le début des années 2000, les pre­miers kits d’imprimantes 3D à 1 000 euros en 2010 et, plus récem­ment, une gamme de machines-outils lourdes ou com­plexes, des machines pour l’industrialisation des com­po­sites, des machines de fabri­ca­tion addi­tive uti­li­sant divers maté­riaux et pro­cé­dés. A l’aide de son réseau, elle est aus­si à l’origine de la pla­te­forme inter­na­tio­nale de mar­ché Mul­ti­sta­tion Second Life. Le fon­da­teur de l’entreprise, Yan­nick Loi­sance (X71) est aus­si le fon­da­teur de l’Association Fran­çaise de Pro­to­ty­page Rapide en 1992, qui depuis est deve­nue France Additive.

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