La fabuleuse histoire du nom des poissons
Je suis encore une fois bluffé par l’érudition de nos duettistes de l’étymologie et de la nature qui, après leurs ouvrages sur les mammifères et les oiseaux, nous ont construit un troisième tome d’autant plus remarquable que son sujet ne sort de l’eau que si c’est un poisson volant ou celui du poissonnier. Cette fois, en tant que Breton amateur de coraux vus de la surface, je suis dans mon élément.
Pour montrer que je suis l’homme de la situation pour cette recension, je ferai deux remarques : on aurait pu ajouter qu’aux Antilles le nom du poisson porc-épic est poisson armé et je m’étonne que le capelan, qu’on trouvait jadis séché sur les marchés de Bretagne (et vraisemblablement pas ailleurs) porte un nom provençal, même quand il vient d’Islande. Mais quand je lis que ce nom est aussi celui d’un poisson de Méditerranée, je comprends mieux.
Revenons à nos moutons (ceux des vagues évidemment). Même si l’on n’est pas pêcheur (pécheur, nous le sommes tous), on ne peut qu’être passionné à chaque ligne (je n’ai pas trouvé un autre mot…). On retrouve la baleine de Jonas, qui n’en était pas une, l’hippocampe, qui navigue entre réalité et mythologie grecque, le poisson- torpille, qui plonge sa victime dans la torpeur, et sait-on que le grondin gronde vraiment ?
J’ai été très sensible également à l’ouverture d’esprit des auteurs qui n’hésitent pas à donner et à expliquer les noms des poissons dans nos langues de la banlieue européenne (anglais, allemand, espagnol, italien…) et même parfois en japonais pour le fugu, en tupi-guarani pour le piranha ou en russe pour l’esturgeon. Et l’on trouve encore d’autres dimensions à cet ouvrage souvent ludique : l’histoire des naturalistes par exemple, d’Aristote à Cuvier en passant par le successeur de Buffon, Lacépède, dont l’éclectisme est tout simplement confondant.
Je me félicite de la stabilité du tandem formé par notre camarade Avenas et la célèbre linguiste Henriette Walter. C’est la promesse d’autres passionnants ouvrages et un modèle pour les jeunes qui ignorent que le temps apporte la fécondité.
Rappel : L’étonnante histoire des noms des mammifères et La mystérieuse histoire du nom des oiseaux d’Henriette Walter et Pierre Avenas (Robert Laffont, 2003 et 2007).