La formation humaine, complément harmonieux à l’enseignement scientifique
La formation humaine et militaire est une spécificité du projet pédagogique polytechnicien, venant compléter harmonieusement l’enseignement scientifique pluridisciplinaire. Elle permet aux élèves de mieux se connaître, d’améliorer leurs comportements et de construire leur projet professionnel avec cohérence et maturité.
La formation humaine et militaire, prodiguée par le personnel civil et militaire de la direction qui porte ce nom (DFHM), est dispensée aux élèves à trois niveaux différents.
La difficulté du commandement
La nouveauté en 2009 a été le retour à La Courtine après la fermeture du centre de Barcelonnette. De ce changement est né un renouveau de la FMI : l’École en a ainsi profité pour réécrire le concept et définir un programme conforme à ses attentes. » La montagne « , qui était un élément essentiel de la FMI, et qui (clin d’oeil??) a été retenue comme chant de promotion pour la 2009, a fait place à des ateliers de mise en situation de responsabilité des élèves. Chacun est nommé chef de groupe et doit mener une mission à bien en un temps déterminé. L’objectif étant de leur faire prendre conscience de la difficulté du management et du commandement.
Le premier est celui des activités identifiées par la direction des études. C’est le cas des trois stages, des enseignements sportifs, des conférences et des cérémonies militaires institutionnelles.
S’ajoutent les activités périscolaires pour lesquelles la DFHM apporte un soutien aux élèves dans la conception ou l’organisation d’événements (Point Gamma, challenges sportifs, etc.), ou bien les encadre pour certaines activités spécifiques (cérémonies commémoratives, chant, parachutisme, etc.).
Une passerelle progressive entre le monde étudiant et le monde militaire
Enfin, l’encadrement de contact agit au quotidien auprès des élèves dans un rôle d’adulte référent.
Bien sûr, la formation humaine n’est pas l’apanage de la DFHM. Chacun à l’École, en interagissant avec les élèves, contribue, dans une certaine mesure, à cette formation. Il en va de même de certains enseignements des départements Humanités et sciences sociales et Langues, cultures et communication.
La Formation Militaire Initiale
« La Formation militaire initiale (FMI) est une passerelle progressive entre le monde étudiant et le monde militaire ; elle permet de donner aux nouveaux élèves un socle leur permettant de découvrir la vie en collectivité tout en développant leur personnalité. Mais elle est aussi un avant-goût du monde professionnel. » C’est ainsi que le lieutenant-colonel Éric Legrix, chef du bureau d’organisation-études, conçoit cette étape initiatrice de la vie polytechnicienne.
Passer à une logique collective
« Les élèves y passent d’une logique individuelle – celle des classes préparatoires ou du parcours universitaire – à une logique collective », ajoute le lieutenant-colonel Fix, commandant la promotion 2009 et qui a accompagné les élèves du 31 août au 25 septembre 2009. » Coupé de son milieu géographique et familial, l’élève atteint plus vite les objectifs de la formation : développer son savoir-être et acquérir les savoir-faire de base du métier militaire avant d’aborder plus sereinement la phase suivante, le stage de formation humaine. La FMI, c’est aussi la première expérience commune qui marque le début de la vie d’une promotion. » La diversité de l’origine de l’encadrement interarmées, très riche sur le plan humain, est un facteur primordial de l’ouverture d’esprit des élèves.
Mener une mission à bien en un temps déterminé
« J’ai été surpris d’entendre de la part des 2007 présents à La Courtine, que la nouvelle formule était constructive et bien acceptée des 2009 ? » précise le lieutenant-colonel Éric Legrix. « Cette formation peut paraître difficile à certains au départ, mais elle porte ses fruits et le jugement des élèves s’avère très positif à leur retour sur le campus en avril. »
LE CHANT, ACTIVITÉ STRUCTURÉE ET STRUCTURANTE
Tous participent
« Le chant est un travail de cohésion, quelles que soient les qualités vocales des élèves », explique Patrice Holiner.
« Il participe à la cohésion de la compagnie, de la section et de la promotion tout entière car tous y participent, même ceux qui chantent faux ! Et les élèves sont fiers du résultat. Cette année, j’ai été agréablement surpris du nombre de liens vidéo de La Marseillaise du 18 octobre mis sur Facebook et Youtube ! ».
Patrice Holiner, maître de musique de l’École polytechnique, est rattaché à la Direction de la formation humaine et militaire. Le chant est une partie intégrante de la formation humaine des élèves. Les élèves commencent dès leur arrivée sur le campus, lors de l’incorporation, par l’apprentissage de La Marseillaise et du chant de promotion. Le travail se poursuit au stage de La Courtine où il se prolonge par compagnie et en section. Les chants de section aident les élèves dans leur apprentissage de l’ordre serré et l’on peut les voir défiler par section (environ 25 personnes) au rythme du chant dans le camp de La Courtine. L’aboutissement de ce travail est un concert donné au profit de la ville d’accueil, Ussel depuis cette année. Mais la finalité reste la cérémonie de Présentation au drapeau, qui a eu lieu le 18 octobre pour la promotion 2008, en présence du Premier ministre et des familles.
LE STAGE DE CONTACTS
Les élèves effectuent un stage de contacts humains à la fin de leur 2e année. Loïc Was (2007) est parti cet été à Melbourne, en Australie, mettre en boîte des bouteilles de shampoing dans l’entrepôt de distribution de L’Oréal.
Servir les autres avant de recevoir
« Toutes les composantes de ce stage ont été enrichissantes pour moi, de la recherche du stage à la préparation de la soutenance orale. Une anecdote amusante est à l’origine de cette opportunité : un article dans mon journal local, « Les étrangers du Tarn vous souhaitent une bonne année ». C’est ainsi que j’ai obtenu le contact d’une personne qui travaille chez L’Oréal à Melbourne, puis ce stage, inhabituel en entrepôt. Une fois là-bas, j’ai côtoyé des gens très différents du milieu dans lequel j’évolue ici ; la plupart ont commencé à travailler à 18 ans et espèrent finir leur carrière comme chef de poste dans l’entrepôt. J’étais obligé de m’adapter et les échanges qui ont suivi sur les habitudes de travail étaient très enrichissants. J’ai ouvert mon horizon culturel et découvert le travail au sein d’un grand groupe dans un environnement nouveau. »
LA FORMATION PAR LE SPORT
La formation sportive est cruciale à l’École polytechnique car c’est un support privilégié de la formation humaine. À travers leurs six heures de sport hebdomadaires, les élèves apprennent le respect des règles, le partage, le goût de l’effort, l’esprit d’équipe, le dépassement de soi, la prise de décision en temps réel, la confiance, autant de valeurs qui les suivront toute leur vie.
La compétition concourt à valoriser l’image de l’École
Pour Olivier Allart, enseignant civil du Département de la formation sportive au sein de la section aviron, les trois objectifs finaux du sport sont de donner un cadre de travail, de créer la communication et d’enseigner aux élèves à accepter la critique, donc à se remettre en question et à se positionner dans le monde du travail. Les élèves partent chaque année en voyage de section, en stage sportif, ce qui complète leur formation personnelle et les ouvre sur un environnement de plus en plus international. « ?La compétition concourt à valoriser l’image de l’École et permet aux élèves de se découvrir et de s’affirmer dans un contexte où ils sont appelés à mettre en oeuvre des valeurs de loyauté, de contrôle de soi et de respect des autres ? », rappelle le commandant Serge Derongs, directeur du Département de la formation sportive. Enfin, la particularité d’un encadrement militaire à l’École canalise les élèves mais permet aussi une proximité nécessaire pour détecter leurs faiblesses et leurs problèmes. Le sport est un véritable vecteur de contacts humains.
LES CÉRÉMONIES MILITAIRES
Le parachutisme
« La section militaire sportive parachutiste est une belle école de vie » résume l’adjudant-chef Pascal Godréaux, responsable de la formation. On y apprend à servir les autres avant de recevoir, le respect mutuel, la confiance et la discipline, qui sont les fondamentaux pour devenir un bon chef. En effet, sauter pour la première fois encadré d’un moniteur que l’on ne connaît pas demande une certaine confiance. Cette activité à risque, mais non dangereuse, demande préparation, méthodologie et prise de décision parfois rapide. Pas de têtes brûlées chez les paras. Directement sous les ordres du bureau des activités parachutistes et du chef de corps, le binet organise des stages et des week-end tout au long de l’année pour 130 élèves. L’encadrement est assuré par des instructeurs de parachutisme militaire et civil dans des conditions idéales : un parc de 41 parachutes, ce qui fait de l’École polytechnique le plus beau parc de France.
« Le para est un condensé de la vie extrascolaire de l’École, les deux promotions mélangées », ajoute Hugo, élève de la section. « Entre nous, pas de rivalité car le saut n’est pas une science exacte. Il faut de la confiance et beaucoup de discipline pour atteindre notre but : sauter à plusieurs. Il faut toujours avancer car la marge de progression est énorme. » Autant de leçons qui leur serviront dans la vie professionnelle.
La vie de promotion est rythmée par des traditions : de la remise des bicornes à la passation de drapeau en passant par la remise des tangentes (l’épée), la présentation au drapeau et le défilé du 14 Juillet. La dernière en date fut la cérémonie de Présentation au drapeau, appelée familièrement la PAD, qui s’est déroulée sous la présidence de François Fillon, Premier ministre, et de Marion Guillou, présidente du Conseil d’administration, le 18 octobre dernier.
Les clés de l’École
Anaïs Gauthier, élève de la promotion 2008 présentée au drapeau, revient sur ce moment fort. » Je ne comprenais pas tellement sa signification avant le jour J mais j’ai réalisé après coup que c’était un événement marquant pour la vie de l’École. Cette présentation au drapeau est comme si l’on nous donnait les clés de l’École : c’est à partir de ce moment que les X 2008 s’investissent vraiment dans la vie de leur promotion – par la reprise des binets (associations) notamment. C’est aussi une fierté pour notre famille qui vient souvent pour la première fois à l’École polytechnique, parfois de très loin à l’étranger. Elle découvre ainsi l’X en présence de toute la promotion réunie en grand uniforme, de façon très solennelle mais aussi très émouvante. »
L’ENCADREMENT MILITAIRE
L’importance du groupe
Les chefs de section apportent aux élèves leur expérience du commandement, où l’aspect humain est primordial. Et c’est cet aspect que met en avant le major Mario Dodeman, chef de section handball de la promotion 2007. » Bien sûr, nous enseignons à nos élèves l’ordre serré, nous défilons avec eux le 14 Juillet, mais c’est surtout pour les aider que nous nous investissons. Nous leur apportons notre vécu et notre recul car nous avons l’habitude de travailler avec des jeunes dans les armées. Notre rôle est de les mettre dans les meilleures conditions possibles pour les cours, d’être à leur écoute, de les aider dans leur vie quotidienne, mais aussi de leur rappeler le savoir-vivre. Nous leur enseignons surtout l’importance du collectif, du groupe dans lequel chacun a sa place pour construire ensemble. Nous sommes une sonnette d’alarme entre le corps professoral et l’élève, un confident parfois. »
Cadres référents pour les élèves, les commandants de compagnie demeurent un pilier de l’encadrement de contact. Par une connaissance approfondie et individuelle des élèves que seuls les chefs de section partagent, ils leur transmettent des valeurs qui leur serviront à l’avenir et doivent être un exemple de management.
Un triple rôle
Le rôle d’un commandant d’unité est triple : encadrement, éducation et formation. Encadrement et éducation tout d’abord. Le sport, les activités extrascolaires, les voyages de section sont des moyens de connaître ses élèves en tant que chef. Leurs points forts et à améliorer sont discutés et leur comportement noté par le commandant d’unité qui participe activement aussi à certains jurys (Les enrichissants Projets scientifiques collectifs, jury de passage, etc.).
Formation ensuite. Le commandant participe entre autres à la formation en communication.
Les 114 soutenances de stage de contacts humains du chef de bataillon Alexandre Gand sont à l’évidence autant de débriefings qui serviront aux élèves pour présenter et défendre leur point de vue dans leur future carrière mais pas seulement. En effet, les soutenances obligent aussi les élèves à se livrer, à s’exposer à la critique, à démontrer leurs capacités à tirer des enseignements d’un stage. » Cela demande un investissement personnel particulièrement important.
Les élèves peuvent en effet avoir l’esprit critique bien développé ! « , explique le commandant Gand. « Nous assurons par ailleurs un suivi personnalisé des élèves avec une attention particulière pour les internationaux de par notre proximité privilégiée. »
» L’encadrement militaire a le gros avantage de ne pas compter ses heures et d’être présent sur site pour le moindre problème. Les élèves polytechniciens ont une chance immense. »