La forme d’une vie
J’imagine que tout lecteur de La Jaune et la Rouge sait que les fractales, ces objets mathématiques, à la fois monstrueux et poétiques, ont été découverts par Benoît Mandelbrot.
Le lecteur de ces Mémoires ne doit pas espérer y trouver des développements mathématiques lui permettant d’approfondir le sujet, mais en revanche il y découvrira un personnage extraordinaire dont la trame de vie repose sur une interaction exceptionnelle entre hasard et nécessité, entre passion et logique, et émaillée de coups de chance relevant justement de l’univers fractal.
Benoît était assez lucide pour décrire les principales rugosités de son propre parcours et trop ouvert et généreux pour se borner à régler des comptes. Sa jeunesse jusqu’à son adolescence est marquée par le combat pour la survie et celle de ses proches, tout en retirant le meilleur profit d’un environnement familial et culturel exceptionnel, avec notamment l’influence de son oncle, le très grand mathématicien, Szolem Mandelbrot.
De là probablement sa grande résilience d’intelligence et de caractère qui le conduira à fuir toute doxa, à tracer une route originale et brillante, pas toujours reconnue à sa juste valeur, notamment en France.
Cet alliage, une vie durant, entre le courage de l’hétérodoxie et la passion pour la science des choses m’a subjugué et en séduira bien d’autres.