Extrusion Néolithe

La fossilisation accélérée : un procédé unique au service de l’économie circulaire et de la décarbonation

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Nicolas CRUAUD (X16)

Avec son pro­cé­dé de fos­si­li­sa­tion accé­lé­rée, Néo­lithe s’attaque à des pro­blé­ma­tiques envi­ron­ne­men­tales majeures et contri­bue au déve­lop­pe­ment d’une alter­na­tive plus ver­tueuse et cir­cu­laire en matière de recy­clage et de valo­ri­sa­tion des déchets. Nico­las Cruaud (X16), pré­sident de Néo­lithe, nous en dit plus.

Dans le monde de l’économie circulaire, quel est votre positionnement ? 

Nous avons créé Néo­lithe pour appli­quer une logique cir­cu­laire au trai­te­ment des déchets ultimes, ceux qui ne peuvent être recy­clés, convain­cus qu’une valo­ri­sa­tion matière était pos­sible. Notre acti­vi­té consiste donc à appor­ter une alter­na­tive à l’enfouissement et à l’incinération des déchets tout en séques­trant le car­bone bio­gé­nique que ceux-ci contiennent. Plus concrè­te­ment, nous fabri­quons dans nos usines des gra­nu­lats à par­tir de déchets non-recy­clables et non-dan­ge­reux, qui seront ensuite inté­grés dans des bétons. Néo­lithe crée donc des boucles d’économie cir­cu­laire où les déchets trai­tés loca­le­ment contri­buent à construire plus sobre­ment au niveau local.


Lire aus­si : La (nou­velle) indus­trie, condi­tion de la tran­si­tion écologique


Sur un plan technologique, qu’apportez-vous ? Comment fonctionne votre solution de fossilisation accélérée ?  

Il faut rap­pe­ler en pre­mier lieu que nous visons tou­jours la meilleure manière de trai­ter le déchet. Ce qui peut être réuti­li­sé doit l’être, ce qui peut être recy­clé doit l’être. Nos usines sont conçues pour trai­ter 100 000 tonnes de déchets par an, grâce à la « fos­si­li­sa­tion accé­lé­rée », un pro­cé­dé méca­nique et chi­mique à froid qui ne génère aucun rejet dans l’air, l’eau ou le sol. Les prin­ci­pales étapes de ce pro­cé­dé inno­vant et à forte valeur ajou­tée sont : 

  • La micro­ni­sa­tion et le sur­tri : Néo­lithe a recours à des pro­cé­dés de broyage qui per­mettent de trans­for­mer la matière en poudre. Néo­lithe pro­fite de cette étape pour sur­trier la matière, pour sépa­rer les élé­ments en mélange et réin­té­grer ceux qui peuvent l’être dans des filières de recy­clage (plas­tiques, métaux, plâtre…). 
  • Le mélange, la mise sous pres­sion et l’extrusion : une fois micro­ni­sé, le déchet est mélan­gé à un liant miné­ral bas-car­bone. Le tout est ensuite mis sous pres­sion puis extru­dé sous la forme vou­lue, aujourd’hui en granulats.
  • Le vieillis­se­ment : le gra­nu­lat gagne ses pro­prié­tés méca­niques en pas­sant par une phase cru­ciale de vieillissement. 

À quels secteurs d’activités vous adressez-vous ? Quelles pistes explorez-vous pour étendre vos activités ? 

Notre approche cir­cu­laire nous amène à devoir pen­ser l’amont et l’aval. L’amont, ce sont les acteurs du déchet, en par­ti­cu­lier les centres de tri, les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales, qui nous confient leur refus de tri. Nous trai­tons autant avec des grands groupes que des entre­prises indé­pen­dantes et régio­nales. Les gra­nu­lats que nous pro­dui­sons se sub­sti­tuent pour par­tie à des gra­nu­lats de car­rière, et sont inté­grés dans des bétons. Nous inté­res­sons donc les entre­prises de la construc­tion et les car­riers, à qui l’on offre l’occasion d’utiliser des gra­nu­lats à l’empreinte car­bone lar­ge­ment réduite.

Néolithe pilote industriel

En matière de décarbonation et de réduction de l’empreinte environnementale et carbone, quel est l’apport de Neolithe ? 

Le pro­cé­dé de fos­si­li­sa­tion accé­lé­rée émet bien moins de CO2eq que les solu­tions de trai­te­ment de déchets en place – l’enfouissement ou l’incinération – avec 151 kg eqCO2 par tonne de déchets traitée. 

De plus, la force de la fos­si­li­sa­tion réside dans sa capa­ci­té à séques­trer le car­bone bio­gé­nique conte­nu dans le déchet. La tech­no­lo­gie déve­lop­pée par Néo­lithe inter­rompt en effet la dégra­da­tion natu­relle ou accé­lé­rée du car­bone bio­gé­nique, chaque tonne trai­tée nous per­met de séques­trer envi­ron 400 kg eq CO2.

Aujourd’hui, le marché est-il suffisamment mature pour des solutions comme la vôtre ? Quels sont les freins qu’il faut encore lever ? 

Les méthodes actuelles de trai­te­ment des déchets sont sou­vent éloi­gnées des objec­tifs de neu­tra­li­té car­bone euro­péen ou fran­çais. Nous appor­tons donc une réponse indus­trielle à ces défis. Par ailleurs, la loi TEPCV de 2015 encadre la réduc­tion des capa­ci­tés d’enfouissement des en France. Au niveau natio­nal, des mesures ambi­tieuses sont mises en place pour encou­ra­ger la tran­si­tion vers une éco­no­mie cir­cu­laire et pour réduire l’empreinte car­bone. Le cadre légis­la­tif et régle­men­taire va donc dans la bonne direc­tion, bien que nous sen­tions une réti­cence de cer­tains acteurs à pivoter.

Chez nos clients, nous sen­tons une forte attente, une demande pour des alter­na­tives, d’où la trac­tion com­mer­ciale qui nous pousse à pré­sen­ter un plan de déploie­ment indus­triel ambi­tieux dans les pro­chaines années. Nous met­tons l’accent sur la qua­li­té indus­trielle, tech­nique et envi­ron­ne­men­tale : ce sont les clés de voûte de notre réussite. 

Rien n’est simple, mais nous sommes très confiants !

Extrusion Néolithe

Et dans cette continuité, comment vous projetez-vous ? 

Nous sommes à un moment char­nière de notre jeune his­toire. Les pilotes ont fait leur preuve, il est l’heure d’accélérer. Néo­lithe s’apprête à déployer plu­sieurs usines de séques­tra­tion du car­bone, répli­cables à grande échelle dans de nom­breux ter­ri­toires en France. Chaque ins­tal­la­tion, d’une capa­ci­té annuelle de 100 000 tonnes de déchets trai­tés, per­met­tra de réduire et de séques­trer plu­sieurs dizaines de mil­liers de tonnes de CO2eq* par an et géné­re­ra en moyenne 60 emplois non délo­ca­li­sables par site.

Nos équipes tra­vaillent depuis des mois à ce nou­veau modèle d’usine, plus robuste, répli­cable, et qui répond à des attentes fortes du mar­ché. Au-delà d’une réus­site indus­trielle ou pure­ment éco­no­mique, chaque usine sera une solu­tion locale pour le trai­te­ment des déchets, autant qu’une manière de séques­trer le carbone. 

Nous fai­sons par­tie d’une nou­velle géné­ra­tion d’industriels, dont les entre­prises ont été créées pour résoudre un pro­blème de socié­té. Je crois à la puis­sance du levier indus­triel dans la lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique, qui ne doit jamais occul­ter l’indispensable sobrié­té vers laquelle nous devons conduire nos socié­tés. 

Poster un commentaire