La friche industrielle de Laudun-l’Ardoise dans le Gard rhodanien fait partie des premiers « sites clés en main France 2030 ».

La France, première économie verte et décarbonée d’Europe ?

Dossier : RéindustrialisationMagazine N°799 Novembre 2024
Par Thomas COURBE

La réflexion sur le futur de l’économie fran­çaise est indis­so­ciable de celle sur la décar­bo­na­tion de notre pays, par­ti­cu­liè­re­ment en matière d’industrie. Le mou­ve­ment de réin­dus­tria­li­sa­tion, qui com­mence à se maté­ria­li­ser avec les résul­tats des inves­tis­se­ments des plans France Relance puis France 2030, répond autant à un impé­ra­tif de sou­ve­rai­ne­té, en sécu­ri­sant la pro­duc­tion de biens stra­té­giques, qu’à une exi­gence de per­for­mance envi­ron­ne­men­tale, en nous redon­nant le contrôle sur les condi­tions de pro­duc­tion des biens que nous consom­mons. La stra­té­gie indus­trie verte déployée par l’État prend acte de ce constat et pose les jalons de l’ambition indus­trielle de la France, qui doit la posi­tion­ner comme pre­mière éco­no­mie verte d’Europe d’ici 2030.

La France a pour ambi­tion d’être une grande Nation verte, tout en ren­for­çant la sou­ve­rai­ne­té du pays. Les leviers prin­ci­paux de cette ambi­tion sont la réin­dus­tria­li­sa­tion et la tran­si­tion éco­lo­gique, qu’il s’agit de faire aller de pair.

Produire en France est une évidence économique et géopolitique

Cela signi­fie l’atteinte d’objectifs ambi­tieux comme la neu­tra­li­té car­bone en 2050 via la réduc­tion des émis­sions de CO2 et la pré­ser­va­tion de la bio­di­ver­si­té à tra­vers la pro­tec­tion de 30 % des terres et de 30 % des mers à échéance 2030. Quant à l’objectif de réin­dus­tria­li­sa­tion, il s’incarne en par­ti­cu­lier à tra­vers le plan d’investissement France 2030 et la loi indus­trie verte dont l’ensemble des réformes pour la par­tie indus­trielle sont entrées en vigueur fin octobre.

Ces objec­tifs de tran­si­tion éco­lo­gique et de réin­dus­tria­li­sa­tion sont com­pa­tibles : la démarche de contrac­tua­li­sa­tion de la réduc­tion des émis­sions de l’industrie enga­gée depuis 2021 per­met de garan­tir que la décar­bo­na­tion s’effectue sans perte de com­pé­ti­ti­vi­té pour les entre­prises expo­sées à la concur­rence inter­na­tio­nale. En paral­lèle, la dyna­mique de réin­dus­tria­li­sa­tion est tirée par les muta­tions de l’appareil pro­duc­tif, qu’il s’agisse de l’émergence de nou­velles chaînes de valeur néces­saires pour la tran­si­tion – bat­te­ries, éolien en mer, hydro­gène, cap­ture et sto­ckage de car­bone – ou du déve­lop­pe­ment de l’économie cir­cu­laire et du recy­clage pour sécu­ri­ser les appro­visionnements, par exemple en métaux critiques.

“Réindustrialiser, c’est déjà décarboner.”

Les objec­tifs de tran­si­tion éco­lo­gique et de réindus­trialisation, en plus d’être com­pa­tibles, sont néces­saires pour la tran­si­tion éco­lo­gique à l’échelle pla­né­taire et afin de reprendre le contrôle sur le conte­nu envi­ron­ne­men­tal des pro­duits que nous consom­mons. D’après l’Insee, pour chaque usine relo­ca­li­sée en France, 1 Md€ de volt­am­pères cor­res­pon­drait à une baisse de l’empreinte car­bone de 1 MtCO2. La cause est double : un mix élec­trique majo­ri­tai­re­ment décar­bo­né et des normes environ­nementales exi­geantes, qui ont encou­ra­gé l’industrie fran­çaise à réduire ses émis­sions. Réindus­trialiser, c’est déjà décarboner. 

Les priorités de l’État pour la transformation économique

Pour répondre à cet enjeu de trans­for­ma­tion de l’économie, l’action de l’État s’incarne dans trois prio­ri­tés : la pla­ni­fi­ca­tion pour don­ner de la visi­bi­li­té au mar­ché, la décar­bo­na­tion des indus­tries exis­tantes et enfin un sou­tien à l’offre afin d’effectuer cette tran­si­tion avec des solu­tions pro­duites en France.

Nous nous sommes d’abord fixé des objec­tifs ambi­tieux : réduire de 55 % les émis­sions euro­péennes d’ici 2030 par rap­port à 1990. C’est avec cette tra­jec­toire Fit for 55  que l’État a décli­né pour chaque sec­teur des cibles de réduc­tion à atteindre. L’industrie, qui repré­sente 20 % des émis­sions natio­nales, est le cas le plus abou­ti de ces tra­vaux de pla­ni­fi­ca­tion éco­lo­gique. Il s’agit aus­si du sec­teur qui pré­sente les coûts d’abattement par­mi les plus avan­ta­geux en rai­son de la concen­tra­tion des émis­sions, avec notam­ment un coût de sou­tien public moyen de 30 €/tCO2, bien infé­rieur à celui des trans­ports et du rési­den­tiel (100−200 €/tCO2). Pour don­ner un ordre de gran­deur, le site le plus émet­teur de France, le site de Grande-Synthe à Dun­kerque, repré­sen­tait seul, avant les pro­jets de décar­bo­na­tion qui sont en cours, 15 % des émis­sions indus­trielles soit 12 MtCO2/an.

Efficacité de la décarbonation industrielle

Décar­bo­ner l’industrie est donc effi­cace. Bien qu’elle néces­site un niveau d’investissements éle­vé (50 Md€ public-pri­vé d’ici 2030), l’industrie reste le sec­teur le moins coû­teux à décar­bo­ner. Un tiers des inves­tis­se­ments, sou­vent liés à l’efficacité éner­gé­tique comme le calori­fugeage des équi­pe­ments, sont direc­te­ment ren­tables pour les entre­prises ; une ren­ta­bi­li­té ren­for­cée récem­ment par la hausse des prix de l’énergie.

Nous concen­trons donc le sou­tien public sur les investis­sements qui néces­sitent un cofi­nan­ce­ment, avec un effet de levier prou­vé : 5 % sup­plé­men­taires de réduc­tion des émis­sions indus­trielles ont déjà été atteints grâce aux aides publiques et aux pro­jets déclen­chés depuis 2020. 

Pour accé­lé­rer, 5 mil­liards d’euros via le plan d’investis­sement France 2030 ont été alloués à la décar­bo­na­tion de l’industrie et un par­te­na­riat avec les 50 sites les plus émet­teurs a été mis en place. Il en résulte, en 2024, 33 % de réduc­tions d’émissions sup­plé­men­taires contractua­lisées (11,4 MtCO2eq) entre l’État et les indus­triels pour 2,2 Md€ de finan­ce­ment public. Il s’agit par exemple du rem­pla­ce­ment d’un four ver­rier au gaz par un four élec­trique ou de la récu­pé­ra­tion du trai­te­ment d’air dans la fabri­ca­tion de médicaments. 

Dans un contexte où le prix de la tonne de car­bone devrait conti­nuer d’augmenter pour atteindre 150 €/tCO2 d’ici 2030, inci­tant les entre­prises à adap­ter leurs modèles éco­no­miques, ces actions sont essen­tielles pour réus­sir la tran­si­tion éco­lo­gique tout en pré­ser­vant la com­pé­ti­ti­vi­té industrielle.

“L’industrie est un démonstrateur de la faisabilité d’une transition écologique compatible avec la croissance et la compétitivité.”

L’industrie est aujourd’hui l’un des sec­teurs les plus avan­cés dans la pla­ni­fi­ca­tion éco­lo­gique. Elle est un démons­tra­teur de la fai­sa­bi­li­té d’une tran­si­tion éco­lo­gique com­pa­tible avec la crois­sance et la compétitivité.

En com­plé­ment de la poli­tique d’atténuation, l’État sou­tient aus­si les entre­prises dans l’adaptation au chan­ge­ment cli­ma­tique qui est sus­cep­tible de les affec­ter dans leur capa­ci­té à main­te­nir leur acti­vi­té. Le chan­tier le plus abou­ti est celui de la ges­tion de l’eau dans l’industrie : 55 sites se sont enga­gés dans une démarche volon­taire de réduc­tion de la quan­ti­té d’eau pré­le­vée à l’horizon 2030, essentiel­lement via des chan­ge­ments de pro­cé­dés indus­triels qui repré­sentent une dimi­nu­tion de 13 % du pré­lè­ve­ment d’eau de ces sites. Nous les accompagnons.

Développer les nouvelles chaînes de valeur qui répondent à nos besoins

Le déve­lop­pe­ment en France de capa­ci­tés de pro­duc­tion de tech­no­lo­gies vertes répond à un double impé­ra­tif, stra­té­gique et économique.

Il doit d’abord per­mettre de sécu­ri­ser les approvision­nements fran­çais et euro­péens dans les sec­teurs stra­té­giques, néces­saires à la réus­site des tran­si­tions, éco­lo­gique comme numé­rique. En paral­lèle, l’implan­tation de ces sites indus­triels nou­veaux ou le ren­for­ce­ment des sites exis­tants per­met aux éco­no­mies euro­péennes de cap­ter la valeur créée par le déve­lop­pe­ment de ces nou­veaux marchés.

À titre d’exemple, d’ici 2030 la taille du mar­ché mon­dial des semi­-conduc­teurs devrait dou­bler, pour atteindre 1 200 Md€, notam­ment pour répondre à une demande tou­jours crois­sante de com­po­sants élec­tro­niques, por­tée par l’électrification de l’économie et le déve­lop­pe­ment de l’intelligence arti­fi­cielle. La dyna­mique est la même dans le sec­teur de l’éolien en mer, qui pour­rait pas­ser de 125 à près de 260 Md€ à l’horizon 2030.

« L’État soutient activement le déploiement de capacités de production d’énergies renouvelables, dont il facilite le financement, notamment avec le crédit d’impôt industrie verte. »

Sur ces mar­chés, le déploie­ment de capa­ci­tés de pro­duc­tion sur le sol euro­péen est un vec­teur d’amélio­ration du solde com­mer­cial, aujourd’hui for­te­ment défi­ci­taire, notam­ment du fait d’une forte concen­tra­tion de la pro­duc­tion de ces tech­no­lo­gies en Asie. Pour consti­tuer ces chaînes de valeur, l’État agit en concen­trant les efforts d’investissement sur les maillons de la chaîne de valeur pour les­quels une réin­dus­tria­li­sa­tion est pos­sible et stra­té­gique. Pour maxi­mi­ser l’effet de levier et la cohé­rence de notre action, nous le fai­sons en asso­ciant étroi­te­ment les niveaux d’intervention euro­péens et nationaux.

Cette ambi­tion est par­ti­cu­liè­re­ment mar­quée dans les sec­teurs des équi­pe­men­tiers éner­gé­tiques. Pour l’hydrogène, la France dis­po­se­ra d’ici 2028 de capa­ci­tés de pro­duc­tion de 4 GW d’électrolyseurs par an, dont 50 % seront tour­nées vers l’export d’ici 2030. Dans la pro­duc­tion éner­gé­tique, au-delà du nucléaire, l’État sou­tient acti­ve­ment le déploie­ment de capa­ci­tés de pro­duc­tion d’énergies renou­ve­lables, dont il faci­lite le finan­ce­ment, notam­ment avec le cré­dit d’impôt indus­trie verte, qui per­met de finan­cer les pro­jets d’usines de pro­duc­tion de pompes à cha­leur, d’éoliennes, de pan­neaux pho­to­vol­taïques et de bat­te­ries, ain­si que sur l’aval les pro­jets de recyclage.

Vue aérienne d’une centrale 
solaire en France. © Alix Millet / Adobe Stock
Vue aérienne d’une cen­trale solaire en France. © Alix Millet / Adobe Stock

Coordination européenne pour la filière des batteries

L’exemple de la bat­te­rie est par­mi les plus avan­cés. Le déve­lop­pe­ment de la filière répond à un double enjeu. D’une part, il s’agit d’un enjeu éco­no­mique et de créa­tion d’emplois, la bat­te­rie repré­sen­tant envi­ron 30 % de la valeur d’un véhi­cule élec­trique. D’autre part, d’un enjeu d’autonomie stra­té­gique, car le déve­lop­pe­ment de cette chaîne de valeur est cen­tral pour atteindre nos objec­tifs en termes d’électrification de la mobilité.

Pour cette rai­son, nous avons mis en place un Pro­jet impor­tant d’intérêt euro­péen com­mun (PIIEC) coor­don­né par la France en liai­son avec l’Allemagne, qui couvre l’ensemble de la chaîne de valeur, allant de l’extraction des matières pre­mières, de la concep­tion et de la fabri­ca­tion des cel­lules et des packs de bat­te­ries, au recy­clage et à l’élimination des déchets.

Cette volon­té d’agir et de concen­trer les efforts sur cette filière a per­mis de com­bler le défi­cit de finan­ce­ment des pro­jets et d’entraîner les finan­ce­ments pri­vés, tout en garan­tis­sant le niveau de com­pé­ti­ti­vi­té face à la concur­rence inter­na­tio­nale. Le PIIEC bat­te­ries a béné­fi­cié à plus de 50 entre­prises tra­vaillant avec 150 par­te­naires exté­rieurs (entre­prises et labo­ra­toires) mobi­li­sant 14 mil­liards d’euros d’investissements privés.

C’est dans ce cadre que le déve­lop­pe­ment d’une offre fran­çaise de bat­te­ries est en passe d’être concré­ti­sé grâce à 5 pro­jets de giga­fac­to­ries lan­cés depuis 2019. Il per­met­tra de pas­ser d’une dépen­dance totale aux impor­ta­tions extra-euro­péennes en 2019 à une cou­ver­ture des besoins natio­naux d’ici 2027.

Renforcement des composantes du cadre d’investissement

Pour par­ve­nir à nos objec­tifs, pré­ser­ver la com­pé­ti­ti­vi­té de l’industrie et favo­ri­ser son ver­dis­se­ment, plu­sieurs com­po­santes du cadre d’investissement doivent être renforcées.

La dis­po­ni­bi­li­té du fon­cier d’abord : le suc­cès de la poli­tique de réin­dus­tria­li­sa­tion et la mul­ti­pli­ca­tion des implan­ta­tions font de l’accès au fon­cier indus­triel et logis­tique un sujet prio­ri­taire. Dans le contexte du « zéro arti­fi­cia­li­sa­tion nette » et de besoins esti­més à 22 000 hec­tares sup­plé­men­taires pour sou­te­nir l’effort de réin­dus­tria­li­sa­tion, l’action de l’État se concentre sur deux prio­ri­tés, la libé­ra­tion de nou­veaux ter­rains et leur pré­pa­ra­tion pour l’accueil accé­lé­ré d’implantations indus­trielles. Ces der­niers mois, la loi indus­trie verte et le dis­po­si­tif « 50 sites clés en main » ont por­té des mesures ambi­tieuses dans ce sens, notam­ment en faci­li­tant la réha­bi­li­ta­tion et la dépol­lu­tion des friches indus­trielles et en accé­lé­rant les pro­cé­dures d’autorisation environ­nementale et de rac­cor­de­ment aux uti­li­tés (eau, électricité).

« La loi industrie verte et le dispositif « 50 sites clés en main » facilitent la réhabilitation et la dépollution des friches industrielles. »

Le déve­lop­pe­ment des com­pé­tences ensuite, pour s’inscrire dans la durée, qui sup­pose aus­si un ren­for­ce­ment de l’attractivité des métiers indus­triels : pour répondre à la demande et assu­rer les appa­rie­ments, une coopé­ra­tion forte avec les fédé­ra­tions indus­trielles, notam­ment au sein du conseil natio­nal de l’industrie, per­met de construire des dis­po­si­tifs de for­ma­tion et de valo­ri­sa­tion des métiers indus­triels cali­brés au plus près des besoins des entreprises.

Enfin, le sou­tien conti­nu à l’innovation : l’intensité de la concur­rence inter­na­tio­nale sur les mar­chés des tech­no­lo­gies vertes requiert un effort d’investissement mas­sif de la part des entre­prises qui s’y posi­tionnent. Sur ces mar­chés, l’innovation est cen­trale en ce qu’elle remet à plat des avan­tages com­pa­ra­tifs éta­blis et per­met d’en créer de nou­veaux, sur les­quels la France est capable de se dis­tin­guer. L’écosystème fran­çais des green­tech, que nous sou­te­nons acti­ve­ment dans le cadre du plan France 2030, est aujourd’hui le sec­teur le plus dyna­mique de la French Tech, concen­trant la moi­tié des levées de fonds l’an der­nier et pro­po­sant des solu­tions dans tous les seg­ments allant de la pro­duc­tion de ciment bas car­bone à la concep­tion de réac­teurs nucléaires modulables.

Dans l’industrie pharmaceutique, produire en France, c’est en moyenne 40 % de carbone en moins mais 20 à 40 % plus cher que de produire en Asie.
Dans l’industrie phar­ma­ceu­tique, pro­duire en France, c’est en moyenne 40 % de car­bone en moins mais 20 à 40 % plus cher que de pro­duire en Asie. © RF BSIP / Adobe Stock

Pour une concurrence équitable au sein du marché européen

Le der­nier levier est d’ordre régle­men­taire. Il consiste à réta­blir une concur­rence équi­table en accor­dant une atten­tion par­ti­cu­lière au conte­nu envi­ron­ne­men­tal des pro­duits accé­dant au mar­ché européen.

Dans l’industrie phar­ma­ceu­tique, pro­duire en France, c’est en moyenne 40 % de car­bone en moins mais 20 à 40 % plus cher que de pro­duire en Asie.

Afin de valo­ri­ser l’excellence envi­ron­ne­men­tale des indus­tries euro­péennes et face à des concur­rents dis­po­sant d’une éner­gie à bas coût for­te­ment car­bo­née et de régle­men­ta­tions envi­ron­ne­men­tales plus souples, l’Union euro­péenne doit se doter d’instruments capables de recréer un level playing field, pour main­te­nir une concur­rence équi­table et in fine la com­pé­ti­ti­vi­té de ses entre­prises indus­trielles. La France por­te­ra cet objec­tif dans le cadre de l’élaboration du nou­veau Clean Indus­trial Deal annon­cé par la Commission.

Déjà, des mesures sur l’accès des pro­duits au mar­ché per­mettent d’agir en ce sens comme les règle­ments bat­te­ries et éco­con­cep­tion (ESPR). Le pre­mier impose par exemple des objec­tifs de réin­cor­po­ra­tion de métaux recy­clés dans la fabri­ca­tion des bat­te­ries à par­tir de 2031 pour pou­voir les com­mer­cia­li­ser en Europe ; le second vise à géné­ra­li­ser cette démarche afin que tous les pro­duits mis sur le mar­ché euro­péen, y com­pris les pro­duits impor­tés, res­pectent des cri­tères mini­maux en matière envi­ron­ne­men­tale et de circularité.

« Au niveau européen, la négociation du règlement Net Zero Industry Act a permis de faire évoluer les critères d’éligibilité et de notation dans le déploiement des parcs éoliens et solaires pour y introduire davantage de critères hors prix. »

Une évo­lu­tion des dis­po­si­tifs de sou­tien public, pour mieux valo­ri­ser le conte­nu envi­ron­ne­men­tal, est égale­ment pos­sible. La réforme du bonus auto­mo­bile réa­li­sée l’an der­nier per­met ain­si de mieux tenir compte de l’empreinte envi­ron­ne­men­tale de la pro­duc­tion des véhi­cules élec­triques béné­fi­ciaires. Celle-ci a eu un impact direct et signi­fi­ca­tif sur la part de véhi­cules imma­tri­cu­lés pro­duits en France et en Europe, dont le conte­nu envi­ron­ne­men­tal est en moyenne meilleur. Au niveau euro­péen, la négo­cia­tion du règle­ment Net Zero Indus­try Act a per­mis de faire évo­luer les cri­tères d’éligibilité et de nota­tion dans le déploie­ment des parcs éoliens et solaires pour y intro­duire davan­tage de cri­tères hors prix. Nous tra­vaillons avec les indus­triels de la filière pour les mettre en œuvre dans les futurs appels d’offres.

Le deuxième axe d’action concerne le champ doua­nier, avec notam­ment la mise en place du méca­nisme d’ajustement car­bone aux fron­tières (MACF), visant à ins­tau­rer un prix car­bone équi­valent pour les pro­duc­tions impor­tées en Europe. Adop­té en mai 2023, ce méca­nisme a pour objec­tif de répondre au risque de fuite de car­bone, phé­no­mène par lequel des indus­tries for­te­ment émet­trices de gaz à effet de serre délo­ca­lisent leur pro­duc­tion pour échap­per à des régle­men­ta­tions plus strictes en Europe. En com­plé­ment, une meilleure uti­li­sa­tion des ins­tru­ments de défense com­mer­ciale paraît néces­saire pour lut­ter effi­ca­ce­ment contre les pra­tiques de dum­ping. Plu­sieurs enquêtes sont en cours dans la chi­mie par exemple.

La stratégie industrie verte : un plan d’action complet à l’horizon 2030

L’État adopte ici une approche holis­tique qui intègre les enjeux indus­triels, de sou­ve­rai­ne­té, de décar­bo­na­tion et d’accès au mar­ché. Avec des objec­tifs chif­frés par filière, une pro­gram­ma­tion plu­ri­an­nuelle adap­tée à la durée des pro­jets indus­triels et un finan­ce­ment struc­tu­ré via le plan France 2030, la stra­té­gie indus­trie verte vise à sou­te­nir une tran­si­tion durable et com­pé­ti­tive pour les indus­tries françaises.

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