La Genèse
Voici une approche originale de l’étude du livre de la Genèse.
Ce n’est pas celle d’un lecteur en quête de sens qui interroge le texte en espérant qu’il en dégagera des indications éclairantes pour lui sur Dieu, sur le monde, sur l’humanité.
Ce n’est pas non plus celle d’un érudit, d’un exégète, qui, par une démarche historico-critique (ou autre), scrute les origines du texte, ou plutôt des textes, leur histoire, leurs contextes, pour en estimer la pertinence.
Non, Gruot prend le texte comme il est, pour argent comptant, a‑t-on envie de dire. Il en fait effectivement une lecture littérale, sans le discuter, comme d’ailleurs l’a fait l’Église pendant des siècles et comme il l’a reçu lui-même dans son catéchisme des années vingt. Sans se demander si l’on est dans le mythe ou dans l’histoire, sans s’interroger sur les différentes traductions possibles. Il utilise comme seul matériau de son étude la version française de la Bible de Jérusalem et les notes qu’elle contient.
Quelle est donc sa problématique ? Comme il l’indique dans son introduction, il part de quelques a priori :
- Selon l’Église, la Genèse, comme tout livre de la Bible, est un texte révélé – ou inspiré – par Dieu et donc pleinement véridique.
- Or il fourmille de redites, d’invraisemblances et de contradictions.
- De plus, c’est un livre difficile, rebutant, dont on arrête vite la lecture sans chercher à l’analyser.
Sa démarche a pour objet principal de procéder à une analyse critique du texte. Lecteur sans parti pris et vigilant, il se comporte comme un naturaliste qui, en présence d’un objet inconnu, se livre à un examen détaillé et en fait une description aussi précise que possible. Il cherche à débroussailler le texte pris au premier degré, dans ses répétitions, dans ses confusions, dans ses contradictions. Il fait la synthèse, dans des tableaux clairs et intéressants, d’un grand nombre de sujets tels que les alliances, les promesses, les généalogies, les patriarches, les datations, les âges, les peuplades, les lieux, etc.
Et manifestement il prend plaisir à pointer tout ce qui cloche, tout ce qui est incohérent. Il le fait avec son humour caustique et pince-sans-rire, bien connu de ses camarades, ce qui donne quelques moments de lecture réjouissants. Pour ma part, ce florilège de perplexités établi par Gruot ne m’a nullement surpris ni perturbé dans la lecture moins “ naïve ” que je fais de la Genèse, mais il m’a bien diverti.