La genèse d’un anniversaire à épisodes
« Hier, aujourd’hui et demain » : un programme ambitieux pour célébrer deux cents ans d’histoire du corps des Mines, désormais rejoint par celui des Télécommunications. Colloques historiques et prospectifs ont émaillé l’année écoulée pour culminer au point d’orgue du 18 novembre dernier, jour anniversaire du décret qui a organisé le » Corps impérial des ingénieurs des mines « .
REPÈRES
L’École des Mines remonte à l’Ancien Régime. Le Journal des Mines, créé en 1794, devient Les Annales des Mines en 1816. En 1810, Napoléon Ier organise le » Corps impérial des ingénieurs des Mines » et crée le Conseil général des Mines. Héritier des ingénieurs des télégraphes recrutés à la sortie de l’X à partir de 1844, le corps des Télécommunications, créé en 1902, fusionne avec le corps des Mines en 2009. Le Conseil général des technologies de l’information fusionne à cette occasion avec le Conseil général des Mines pour devenir le Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies.
La préparation des célébrations a commencé dès 2009. Les deux corps des ingénieurs des Mines et des ingénieurs des Télécommunications venaient d’être réunis.
Les cérémonies d’anniversaire méritaient une certaine durée et se sont étendues sur toute l’année 2010. L’axe choisi a été le temps : « Hier, aujourd’hui et demain « . Il fallait donc mettre sur pied à la fois des colloques historiques et des colloques prospectifs.
Le séminaire » Maîtrise des risques et la vie en société« 1
Les risques et leur régulation
Si l’on admet qu’il existe une forte demande sociale de protection face aux risques de toute nature qui légitiment une intervention des pouvoirs publics, la définition des modalités pratiques d’une telle intervention pose nombre de questions fondamentales : Quel mode de financement ? Quel régulateur ? Quelle forme de régulation mettre en oeuvre et à quel degré ? Quels sont les critères de choix de l’action publique ?
Benjamin Huteau (2002)
Il a été organisé le 2 juin 2010 par un groupe de réflexion de l’Association amicale des ingénieurs des Mines, qui se réunit régulièrement sous la présidence d’André-Claude Lacoste (60) et de Gustave Defrance, et tient de tels séminaires environ tous les deux ans.
Deux colloques prospectifs
En juin dernier, Alain Bravo (65), directeur général de Supélec, a organisé un premier colloque sur le thème » Quelle économie numérique, quelle société numérique en 2030 ? » En septembre, c’est Claude Mandil (61), ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie, qui coordonnait le thème » Quels équilibres énergétiques en 2050 ? »
Un large appel à l’extérieur
Approfondir des thèmes familiers aux deux composantes du nouveau Corps
Il fallait se garder de » jouer la monoculture » et équilibrer les origines des intervenants, issus des deux racines du » nouveau » corps des Mines. Il fallait également s’ouvrir largement sur l’extérieur.
C’est ainsi que le Colloque sur la société numérique a accueilli les interventions d’un médecin psychiatre, d’un inspecteur général de l’agriculture ou d’une spécialiste du droit sur Internet. Le Colloque sur l’énergie a offert sa tribune, notamment, à un physicien allemand ancien parlementaire, à la directrice générale de l’énergie belge et au président d’une association écologiste.
La rationalité dans les choix
Pascal Faure (83), vice-président du Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies, insiste sur » l’héritage d’une longue tradition d’ingénieurs, de scientifiques et d’hommes d’entreprises, dont la légitimité est forte et reconnue dans les domaines de l’économie et du développement industriel au sens le plus large. »
« Le corps des Mines, dit-il, est emblématique des valeurs fondatrices de l’X, avec des ingénieurs pluridisciplinaires capables de rationalité dans les choix au service de l’intérêt général. Ce sont aussi des ingénieurs humanistes, des hommes de progrès, qu’il s’agisse de progrès technologique, économique ou sociétal. « Ils savent, comme ils l’ont toujours su, s’adapter pour rester des pionniers.
« Ils comptent parmi les atouts de la France pour maîtriser les bouleversements de l’économie mondiale. »
Histoires parallèles
Après les colloques prospectifs, nous sommes revenus aux leçons qu’on peut tirer de l’histoire des deux corps récemment fusionnés. L’un, celui des Mines, fêtait ses deux cents ans. L’autre, celui des Télécoms, était déjà plus que centenaire. Nous avons voulu organiser deux colloques sous la houlette d’historiens professionnels. L’idée a été parfois controversée, mais nous avons tenu bon. Après tout, ce sont les historiens qui ont toujours le dernier mot…
Place aux jeunes
Trop près ou trop loin
« Quelle société numérique en 2030 ? »
se demandaient les participants au Colloque sur les technologies, en estimant que la date était bien lointaine pour des prévisions réalistes. « Quelle énergie en 2050 ? » s’interrogeait le Colloque sur l’énergie, estimant, lui, qu’il fallait au moins se placer à cet horizon pour une prospective sérieuse. Deux approches illustrant bien les complémentarités du nouveau Corps.
Le Colloque de clôture du 18 novembre a constitué le point d’orgue de cette série d’événements2. Un objectif était de » faire valoir que l’État doit pouvoir s’appuyer sur des fonctionnaires à formation scientifique « . Il fallait aussi faire de cet anniversaire un rite de transmission pour les jeunes générations, en mettant en avant des thèmes décisifs pour l’avenir. Nous avons donc largement impliqué des jeunes dans la préparation de ce Colloque, ingénieurs élèves ou ingénieurs en début de carrière professionnelle. Ils sont intervenus lors du Colloque, soit directement, soit par l’intermédiaire de reportages vidéo, notamment en interviewant quatre grands anciens prestigieux.
L’État doit pouvoir s’appuyer sur des fonctionnaires à formation scientifique
Ceux qui ont fait la France
Toutes les manifestations ont été complétées par une exposition, organisée à l’occasion des Journées du patrimoine, dont le thème était en 2010 » Les hommes et les femmes qui ont fait la France « . Nous avons réalisé une vingtaine de panneaux à la gloire d’anciens illustres des Mines ou des Télécoms, exposition toujours installée dans le Hall Bérégovoy du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.
1. Les Actes du séminaire du 2 juin 2010 sur « La maîtrise des risques et la vie en société » ont été publiés en octobre 2010 dans le numéro 60 des Annales des Mines (Responsabilité et Environnement).
2. Voir les comptes rendus de cette journée dans les pages suivantes du présent dossier.