La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?
Animés par Julien Damon, professeur associé à Sciences-Po, les débats portaient aussi sur le thème des Mégalopoles, avec Bernard Guirkinger, directeur général adjoint de Suez environnement, Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau et Jun Han, ministre conseiller à l’ambassade de Chine.
« L’eau manque aux grandes villes, constatent-ils. L’accès recule. Nous avons deux impératifs : nourrir et soigner. »
Animés par Julien Damon, professeur associé à Sciences-Po, les débats portaient aussi sur le thème des Mégalopoles, avec Bernard Guirkinger, directeur général adjoint de Suez environnement, Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau et Jun Han, ministre conseiller à l’ambassade de Chine.
« L’eau manque aux grandes villes, constatent-ils. L’accès recule. Nous avons deux impératifs : nourrir et soigner. »
Ils mettent l’espoir dans « une prise de conscience politique ».
Pierre-Frédéric Ténière-Buchot, gouverneur du Conseil mondial de l’eau, rappelle que la Terre compte sept milliards de personnes, dont plus de la moitié réside en zone urbaine.
En matière d’eau, il oppose « les villes pauvres qui pleurent leur eau » aux « villes riches qui nagent dans l’abondance ». Pour ces dernières, qui se heurtent néanmoins aux problèmes de rareté et de pollution, Antoine Frérot, président-directeur général de Veolia environnement, préconise le recyclage des eaux usées, le décloisonnement des domaines techniques de fonctionnement des villes et l’implication des consommateurs.
Michel Cantal-Dupart, architecte et urbaniste, plaide pour la sauvegarde du réseau d’eau non potable de la Ville de Paris, qui arrose les jardins depuis cent cinquante ans, tandis que Jacques Olivier, directeur général du Syndicat interdépartemental d’assainissement des eaux, rappelle que l’assainissement doit aller bien au-delà de la seule eau consommée.
Un consensus historique
« La guerre de l’eau n’aura pas lieu » avait titré Michel Camdessus dans le programme préliminaire. Il préfère, à la réflexion, proposer une tournure interrogative.
« Le mot rival, remarque-t-il, vient du latin rivalis, qui signifie littéralement riverain. On franchit la rivière, le Rubicon par exemple, pour prendre le pouvoir. En pratique, jamais des riverains n’ont été réellement en lutte pour l’eau. »
Le droit à l’eau
« La doctrine de l’amont, qui donnait tous les droits à celui placé en amont d’une rivière, avait été instaurée de façon unilatérale par les États-Unis en 1795, à la frontière mexicaine. Elle fait place explicitement au droit à l’eau pour tous, dans la Convention établie par l’ONU en 1997.
« Mais cette convention est si belle, remarque-t-il, que treize ans plus tard elle n’a pas encore recueilli les trente ratifications nécessaires.
À Berlin, 60 % de l’eau est de l’eau recyclée
« On recense deux cent soixante-trois bassins internationaux dans le monde, autant de sources de conflits potentiels.
« On a tacitement refusé toute guerre de l’eau au cours des précédents millénaires, mais le passé ne peut être garant de l’avenir.
« On déclare aujourd’hui le droit à l’eau sans prendre le moyen de le réaliser. Deux conditions sont indispensables : la recommandation doit s’accompagner du respect de la parole donnée et il faut faire un effort pour transformer les tensions éventuelles en foyer de coopération.
« Mais l’existence même du prochain Forum mondial de l’eau est un facteur d’optimisme. »
Une chance pour l’humanité
Michel Destot, président de l’Association des maires de grandes villes de France, estime que l’urbanisation est « une grande chance pour l’humanité : les grandes villes ont existé avant les États et les grandes villes ont déjà agi en matière de gestion de l’eau. Elles mettent en pratique quatre exigences : tous les secteurs sont responsables de l’eau, il faut intensifier l’innovation, trouver le prix juste et une régulation démocratique avec les usagers. »
En concluant les rencontres, Marie-Claire Daveu, directrice de cabinet au ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, a insisté sur l’importance du Forum mondial de l’eau qui se déroulera à Marseille du 12 au 17 mars 2012, quelques mois avant la nouvelle rencontre de Rio, vingt ans après la première. Intitulé « Forum des solutions », il devrait conduire à des engagements concrets impliquant experts et décideurs de diverses régions du monde.
Renseignements : worldwaterforum6.org