La Khômiss, deux cents ans et résolument moderne
L’histoire de la Khômiss ne saurait se résumer à ces vingt-cinq dernières années. La Khômiss (évolution orthographique de « Commission des Cotes ») existe depuis maintenant deux cents ans. Au fil du XIXe siècle, elle assure de nombreuses missions à l’École : transmission des traditions, notamment à travers le cryptage, Remise des Cotes, Point Gamma, canalisation de l’esprit frondeur des polytechniciens… Elle veille aussi à l’application du « Code X », recueil des règles de vie et de comportement entre camarades. La « Commiss » est alors composée d’un GénéK et de ses 12 acolytes – dont au moins un des deux Caissiers.
La Khômiss est profondément attachée au statut militaire de l’École, dont elle est un farouche défenseur
Le GénéK en est le représentant et le chef, seul membre connu du reste de la promotion et élu par cette dernière. Le vote, encadré par la Kès et le BôBar, a lieu le jour de la Battledress. Afin d’éviter les excès, l’élection du GénéK se fait sans campagne. C’est l’impression que les candidats ont laissée à leurs camarades qui orientera leur choix.
Le cryptage
Les missions de la Khômiss
Apprendre aux nouveaux les valeurs de l’École ; connaître et transmettre les traditions ; développer le sens de la camaraderie au sein de la communauté polytechnicienne ; exprimer, au besoin par des voies peu orthodoxes, les revendications des élèves lorsque les voies traditionnelles de requête ont échoué et canaliser ainsi les éventuels mécontentements ; égayer les cérémonies et moments forts de la vie à l’École.
La Khômiss coorganise avec la Kès le cryptage (ou bahutage) conformément à son rôle historique. Celui-ci est inspiré du cryptage tel qu’il existait à Carva, mais ne dure qu’une semaine et impose donc un rythme effréné. Un premier gag égaye la première intervention du nouveau Commandant de Promotion. Ensuite vient la Nuit des Souterrains, adaptation de l’ancienne visite des catacombes parisiennes. Celle-ci consiste en une soirée complète, organisée par la Khômiss, et encadrée par les élèves. Au cœur de cette soirée bon enfant et festive, les « très obligés successeurs » (TOS) font une visite des souterrains de l’École, entrecoupée d’un discours du GénéK et suivie du partage d’un verre de vin chaud au BôBar.
En fin de semaine, la traditionnelle Chasse au Trésor dans Paris a également été remise au goût du jour. Enfin, la Khômiss a adapté le parachutage à l’incorporation d’aujourd’hui. Il s’agit maintenant pour le major maths et physique (MP) et le minor physique et chimie (PC) de rejoindre le camp de La Courtine par leurs propres moyens, depuis le lieu où ils ont été abandonnés par la Khômiss (Vintimille cette année, le Jura ou Amsterdam les années précédentes).
Cérémonies et liens entre les promotions
La Khômiss a rénové certaines anciennes traditions, comme la Remise des Bicornes et la Remise des Tangentes, qui marquent des temps forts de la transmission des savoirs et des coutumes d’une promotion à la suivante.
Ainsi, quelques semaines après le retour sur le Plateau de la promotion en première année a lieu la Remise des Bicornes. Lors de cette cérémonie, chaque « fillot » (chacun doit trouver un parrain dans la promotion précédente) se voit remettre son bicorne et le Code X par son parrain et, après le discours d’un antique, partage une bouteille de champagne bue à même le bicorne avec lui.
Début octobre les parrains remettent cette fois leur tangente à leur fillot. Cette cérémonie augure du passage de témoin et de la transition d’une promotion à l’autre. À l’issue se tient le traditionnel Magnan- Tangente, où les jeunes conscrits mangent un repas entier à la pointe de leur épée – ou de celle de leur parrain.
« Le désordre et les traditions depuis plus de deux siècles ».
Ne pas se prendre trop au sérieux
La Khômiss chahute généralement le déroulement des diverses cérémonies militaires par un gag de plus ou moins bon goût. Lié à l’actualité de l’École ou de l’extérieur, celui-ci met en général l’accent sur les désaccords entre élèves et administration de l’École ou sur des événements spécifiques de la vie des promotions. « Voix alternative des promotions », la Khômiss tâche d’intervenir lorsque des conflits n’ont pas été résolus de manière conventionnelle (au travers de la Kès) et plus généralement lorsque l’indignation des élèves est avérée. Elle réalise alors des actions qui permettent d’exprimer le ressenti des élèves envers une ligne de conduite de la Strass, qu’ils ne désirent absolument pas suivre ou cautionner.
On citera l’instauration d’une après-midi de congé en 1995, ou l’assouplissement de la politique de la direction des études en 2006. Enfin, elle peut être amenée à rappeler à l’ordre des élèves trop peu respectueux du Code X, notamment au sujet de l’uniforme et des autres élèves. Cette année par exemple, une petite action a été menée suite à la publication de photographies d’élèves, sans veste de GU, le soir du Bal de l’X.
Traditions revisitées
Un Livre blanc sur l’avenir
Une réflexion réunissant élèves actuels et anciens est lancée sur le thème du cycle ingénieur et du sens de notre formation polytechnicienne, avec pour objectif la rédaction d’un Livre blanc sur l’avenir du cycle polytechnicien. Si vous souhaitez participer à ces réflexions, par le biais d’une contribution écrite ou d’une participation à nos futures réunions : contributions.livreblanc.x@gmail.com
La Khômiss reste à l’initiative de certains temps forts à l’École. Parmi ceux – ci, la Battledress et la Remise des Khôtes, qui ont maintenant lieu au mois de février, le même jour.
Toute la journée, les élèves sont invités à se déguiser, selon thème proposé par la Khômiss et à voter pour leur futur GénéK.
En soirée a lieu la Remise des Khôtes. Les élèves de troisième année sont invités à voter l’attribution des khôtes, sanctionnant un comportement sur l’ensemble des deux années sur le campus.
Une famille
Bien que ses actions soient d’une nature particulière, la Khômiss est avant tout formée d’élèves qui aiment profondément notre École et s’intéressent à son avenir. S’ils ne sont pas à l’abri d’une erreur de jugement, les missaires gardent néanmoins toujours à cœur de servir les promotions et de participer à ce que les polytechniciens soient, plus que la réunion de deux promotions distinctes, une famille d’individus qui partagent un même esprit et les mêmes valeurs.
8 Commentaires
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200 ans, n’est-ce point suffisant ?
Bravo pour cet article et ces 200 ans d’histoire que vous représentez, Aurélien. Cependant il serait à mon sens de bon ton de cesser ces enfantillages pour permettre à l’Ecole de finir de gommer toutes ces spécificités (fresques de campagne Kès, année militaire, BôBar) qui empêchent notre pleine absorption par le Campus Paris-Saclay.
Note de la rédaction : pour savoir si c’est un canular écrivez à l’adresse indiquée par l’auteur du commentaire michou@melix.net
Sans couleur, sans saveur, sans odeur
En réponse à X.Michel
Et donc « gommer » ce qui fait aussi une bonne partie de la saveur de cette école et de la formation de ceux qui y passent (je pense notamment à la formation militaire) ?
que dira le livre blanc de la khômiss ?
je suppose que la dilution, voire le lessivage dans paristech sera abordé avec la plus extrême finesse.
J’aime assez le contraste
J’aime assez le contraste entre « Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement » et « pour savoir si c’est un canular écrivez à l’adresse indiquée par l’auteur du commentaire michou@melix.net ».
@Anonyme
Que veux tu, l’AX
@Anonyme
Que veux tu, l’AX découvre internet…
Encore une dizaine d’années, et ils seront capables de modérer des commentaires 🙁
Gommer le militaire ?
à X.Michel,
supprimer le statut militaire de l’Ecole ?
le gouvernement de pétain l’a fait.
Bel exemple s’il en est !
GD-X42
soutien à X. MIchel
Entre nous, ce qui est important c’est que j’aie mon diplôme !
le reste on s’en fout un peu
Tiens, cet article n’évoque
Tiens, cet article n’évoque pas les exactions ni les agressions commises par la Khômiss. Etonnant, non ?
La plus petite unité usuelle de distance : le millimètre. La plus petite unité usuelle de masse : le milligramme. La plus petite unité usuelle d’intelligence : le militaire !