La LPM

La loi de programmation militaire (LPM) : techniques et politique

Dossier : Loi de programmation militaireMagazine N°797 Septembre 2024
Par Monique LEGRAND-LARROCHE (X82)

La LPM : que reflète ce sigle qui rythme la vie du minis­tère des Armées et des indus­triels du monde de l’armement ? Les lois de pro­gram­ma­tion mili­taire, LPM donc, ont été ins­ti­tuées par le géné­ral de Gaulle en 1958 afin de don­ner un cadre plu­ri­an­nuel pour le déve­lop­pe­ment de la dis­sua­sion, per­met­tant de l’affranchir de la contrainte des annua­li­tés bud­gé­taires. Ces lois, d’une durée de cinq à six ans, com­portent une pré­vi­sion de res­sources finan­cières par année, des dis­po­si­tions nor­ma­tives et un pano­ra­ma géné­ral du conte­nu asso­cié à ces res­sources : équi­pe­ments, effec­tifs, normes de pré­pa­ra­tion opé­ra­tion­nelle (nombre d’heures de vol par pilote, de jours de mer par bâti­ment, de jour­nées d’activité du com­bat­tant terrestre…).

Même si elles ne sont pas tou­jours intégrale­ment res­pec­tées, elles donnent une réfé­rence qui pro­tège les bud­gets de défense d’à‑coups trop bru­taux, péna­li­sants pour ces investis­sements de longue durée. L’histoire de la LPM retrace l’évolution de la vision de notre défense depuis 1958 : la période de la guerre froide domi­née par la dis­sua­sion, les fameux « divi­dendes de la paix » après la chute du mur de Ber­lin, la remon­tée des bud­gets avec l’explosion de la menace ter­ro­riste. La LPM, votée par le Par­le­ment, est un acte politique.

“La LPM, votée par le Parlement, définit les équilibres entre le court et le moyen terme.”

Le pré­sent dos­sier pré­sen­te­ra les réflexions qui pré­cèdent une LPM, que ce soit la visua­li­sa­tion du contexte géos­tra­té­gique, concré­ti­sée soit par un Livre blanc, soit par une Revue natio­nale stra­té­gique, ou la for­ma­li­sa­tion de ses enjeux par les armées. La LPM 2024–2030, votée par le Par­le­ment à l’été 2023, com­prend un effort impor­tant pour la dis­sua­sion nucléaire, avec le renou­vel­le­ment simul­ta­né des deux com­po­santes, aéro­por­tée et sous-marine, et pour­suit le concept de modèle d’armée com­plet. Le modèle fran­çais est fon­dé sur une auto­no­mie stra­té­gique qui se décline en la capa­ci­té à assu­rer l’équipement des forces armées (liber­té d’approvisionnement, d’utilisation, de modifi­cation) et qui repose sur une base indus­trielle de défense fran­çaise et euro­péenne. Un indus­triel pré­sen­te­ra l’importance de cette loi sur son activité.

Reve­nons à la durée des pro­grammes d’arme­ment. Pour la majeure par­tie d’entre eux, le déve­lop­pe­ment est assez long, car nous recher­chons la supé­rio­ri­té tech­no­lo­gique et donc la per­for­mance. Ain­si le déve­lop­pe­ment de mis­siles capables d’intercepter les menaces hyper­vé­loces d’aujourd’hui a été lan­cé il y a une dizaine d’années. Il faut être capable d’anticiper et d’innover, d’autant plus que la France garde ses sys­tèmes d’armes long­temps et, même s’ils béné­fi­cient de réno­va­tions, ils doivent res­ter capables de contrer les menaces qui naissent. Un des grands équi­libres à arbi­trer dans les LPM est la part res­pec­tive entre les grands pro­grammes de longue durée et les pro­jets deman­dant peu de déve­lop­pe­ment, dits sur éta­gère, qui ser­vi­ront les armées d’aujourd’hui mais seront sur­clas­sés demain. Les ministres fêtent la livrai­son des pro­grammes lan­cés par leur pré­dé­ces­seur et lancent des pro­jets que leurs suc­ces­seurs ver­ront arri­ver dans les forces !

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