La nation, une ressource d’avenir
Philippe d’Iribarne (X55) est un auteur fécond. Il n’est que de constater dans sa nouvelle production le nombre de renvois qu’il peut afficher à ses propres ouvrages. J’ai pour ma part gardé une forte impression de La logique de l’honneur, qu’il a publié en 1989. Pour le présent ouvrage (110 pages), il a travaillé avec un universitaire. Les deux auteurs ont manifestement été marqués par la pensée de Marcel Gauchet, à laquelle ils se réfèrent souvent. Le titre donne l’idée : la notion de nation n’est pas obsolète et, bien au contraire, elle pourrait permettre de répondre efficacement aux défis de notre monde européen. « La nation, point d’équilibre entre l’universel et l’enraciné. » La raisonnement se décline en trois temps. D’abord le rappel de ce que le concept a eu d’émancipateur, face à l’Empire et face à l’Église, deux puissances universalistes. Ensuite la (re)présentation des maux de nos sociétés contemporaines, les « impasses d’un monde postnational ». Enfin – et c’est là que 30 petites pages sont un peu courtes pour développer une riche réflexion – la perspective d’une Europe confédérale fécondée par « l’universel incarné et le lieu du pardon » que serait la nation inspirée par les idéaux chrétiens. Je remarque au passage que les analyses des auteurs miroitent par moments avec la réflexion de Jean-Éric Schoettl au sujet du rôle des juges, dont je rends compte page 95.