La nuit du 12 / As Bestas / La maman et la putain / Bullet Train…
L’été a été chaud et sec, mais la récolte cinéphilique est abondante.
La nuit du 12
Réalisateur : Dominik Moll – 1 h 54
Excellent film, le meilleur du lot peut-être. Tout est bien joué, mais noter d’abord la formidable humanité à l’écran de Bouli Lanners. La construction est sans faille, la mise en scène précise, c’est le docu-fiction à l’état sublimé, réfléchi, dense, qui montre des hommes encore plus que des histoires. Informé et profond. Impeccable !
As Bestas
Réalisateur : Rodrigo Sorogoyen – 2 h 17
Formidable densité et thématiques multiples. Denis Ménochet, présence puissante dans la première partie, puis Marina Foïs, époustouflante. La tension s’installe dès la scène initiale, qui préfigure le drame. Deux mondes s’affrontent : l’un, là de toujours, enracinement borné traversé d’un rêve de fuite ; l’autre, invasif et saturé de progrès, qui veut se créer et recréer un terroir. L’incompatibilité est totale. Casting excellent. Réussite complète.
El Buen Patrón
Réalisateur : Fernando León de Aranoa – 2 h
Festival Javier Bardem, bien entouré. Excellent film, subtil, autour d’un petit patron confronté à une huitaine décisive où se concentrent les problèmes et les fêlures. Bonne volonté et… faiblesse humaine ouverte aux arrangements. Un scénario lucide et précis sur le tragi-comique de nos petitesses et de nos compromissions, jusqu’à risquer d’aller trop loin.
Les goûts et les couleurs
Réalisateur : Michel Leclerc – 1 h 50
Divertissement de qualité, situations, bande-son, acteurs (Rebecca Marder, Félix Moati, Judith Chemla, Philippe Rebbot – un régal à chaque apparition) : mention bien. Petite impression d’inabouti à la fin, après une bascule du scénario.
Fratè
Réalisatrices : Karole Rocher, Barbara Biancardini – 1 h 25
Une Corse de pacotille. Un Waterloo cinématographique !
La maman et la putain
Réalisateur : Jean Eustache – 3 h 40
L’éternité selon Woody Allen : « Long, surtout vers la fin. » Mais c’est un must et puis, malgré un jeu dépourvu de tout naturel (sauf Bernadette Lafont), avec existentiel germanopratin très sexualisé, litres de whisky et cartouches de cigarettes, entre Renault 4L et irrépressible logorrhée (J.-P. Léaud), on ne s’ennuie pas. Une expérience des limites.
Compétition officielle
Réalisateurs : Mariano Cohn, Gastón Duprat – 1 h 54
Les trois têtes d’affiche excellentes… et puis Penélope Cruz, merveilleuse. Satire affûtée de l’affrontement des ego et réflexion sur le jeu d’acteur, mais dans une succession de saynètes qui sent l’exercice de style. L’ossature d’un projet de film plus qu’un film. La « non-fin » est d’ailleurs assez significative.
Bullet Train
Réalisateur : David Leitch – 2 h 07
Brad Pitt a un charme fou et emporte dans son sillage un film d’esprit BD irracontable et foutraque, mais de plus en plus divertissant. Anti-déprime.
Entre la vie et la mort
Réalisateur : Giordano Gederlini – 1 h 35
Un polar solide, rythmé, complet, tenu, convaincant. Héros crédible et tension constante. Avec Marine Vacth, beauté stressante, et Antonio de la Torre, une découverte. Olivier Gourmet, toujours impérial, devrait un de ces jours penser à varier son jeu.
Incroyable mais vrai
Réalisateur : Quentin Dupieux – 1 h 14
L’ambition de dénoncer des fantasmes (l’inépuisable virilité, la jeunesse éternelle) et, au bout, l’échec. De bons acteurs jouent avec talent un ratage affligeant.
Decision to leave
Réalisateur : Park Chan-Wook – 2 h 18
Hyper sophistication. Psychologie indéchiffrable. Sans doute l’histoire d’un flic fasciné par une mante religieuse… Un charme passe, très fugacement.
Sweat
Réalisateur : Magnus von Horn – 1 h 46
Une reine du fitness, 600 000 followers et un univers affectif réduit à un Jack Russell. Un harceleur, aussi. L’ennui d’une vie de façade. Pas tout à fait inintéressant.