Nice : vélocargo de La Poste, pionnière de la logistique verte

La Poste, pionnière de la logistique verte et des transports bas carbone

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022
Par Philippe DORGE

La Poste s’est fixée comme objec­tif ambi­tieux d’atteindre le « zéro émis­sion nette » à hori­zon 2030 en s’appuyant sur son plan stra­té­gique : « La Poste 2030, enga­gée pour vous ». Phi­lippe Dorge, Direc­teur Géné­ral Adjoint en charge de la Branche Ser­vice-Cour­rier-Colis, nous explique com­ment cette ambi­tion se décline en termes de mobi­li­té et de la logis­tique verte. Explications. 

La Poste s’est emparée de l’enjeu de la mobilité et de logistique verte depuis 2013. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

En effet, depuis 2013, dans le cadre de son acti­vi­té colis, La Poste a réduit son empreinte car­bone de 32 % en misant sur l’innovation pour faire évo­luer ses pro­ces­sus et sur des inves­tis­se­ments consi­dé­rables pour déve­lop­per sa flotte. Cela s’est tra­duit notam­ment par l’optimisation des liai­sons moyennes et longue dis­tance ; la mas­si­fi­ca­tion des char­ge­ments ; l’utilisation de caisses mobiles cou­plées au vrac ran­gé per­met­tant un emport aug­men­té de 30 % ; la mutua­li­sa­tion des flux de cour­rier, de colis et de petites mar­chan­dises ain­si que l’utilisation d’une des plus grandes flottes de véhi­cules élec­triques avec 35 000 véhi­cules élec­triques, dont 18 000 vélos et 7 000 véhi­cules utilitaires.

En paral­lèle, nous pou­vons éga­le­ment rap­pe­ler que La Poste est le lea­der mon­dial de la com­pen­sa­tion car­bone volon­taire du sec­teur Logis­tique Trans­port, avec plus de 50 mil­lions d’euros dédiés à la com­pen­sa­tion de ses émis­sions car­bone rési­duelles depuis 2012. Elle a notam­ment contri­bué à la défi­ni­tion du Label bas car­bone en France, une démarche de com­pen­sa­tion locale recon­nue par l’État des émis­sions qui ne peuvent être évitées.


En bref

La Poste est une socié­té ano­nyme à capi­taux publics, filiale de la Caisse des Dépôts et de l’État. Le groupe La Poste est orga­ni­sé en quatre branches : Ser­vices-Cour­rier-Colis, Grand Public et Numé­rique, Geo­Post et La Banque Pos­tale qui consti­tue avec sa filiale CNP Assu­rances le 11e ban­cas­su­reur euro­péen. La Poste dis­tri­bue plus de 18 mil­liards d’objets par an dans le monde (lettres, impri­més publi­ci­taires et colis), 6 jours par semaine. Atta­ché à sa pré­sence ter­ri­to­riale, le groupe compte 17 000 points de contact (bureaux de poste, agences pos­tales com­mu­nales, relais poste com­mer­çants) et 18 000 points d’accès à un ser­vice pos­tal (Pickup, car­rés pros, consignes ou encore drive colis). En 2021, le groupe La Poste a réa­li­sé un chiffre d’affaires de 34,6 mil­liards d’euros, dont 41 % à l’international, et emploie près de 245 000 col­la­bo­ra­teurs, dans 63 pays sur 5 conti­nents dont 193 000 en France.


Aujourd’hui, vous allez encore plus loin avec le déploiement des transports bas carbone. Quels sont les projets qui vous mobilisent en ce sens ? 

Au quo­ti­dien, ce sont 5 000 camions qui cir­culent pour ache­mi­ner les lettres et les colis. L’activité trans­port repré­sente 83 % des émis­sions car­bone de La Poste. 31 % sont liées au pre­mier et der­nier kilo­mètre, et 52 % au trans­port poids lourds pour l’ensemble du groupe. La Poste a un rôle majeur à jouer en matière d’impact envi­ron­ne­men­tal du sec­teur, alors que les volumes de colis ne cessent de croître.

Forts de ces constats, nous avons lan­cé deux pro­jets de grande enver­gure pour décar­bo­ner notre acti­vi­té trans­port. Pre­miè­re­ment, nous tra­vaillons sur le ver­dis­se­ment de notre flotte de véhi­cules uti­li­taires pour le pre­mier et le der­nier kilo­mètre. D’ici 2025, 200 mil­lions d’euros vont être alloués à la pour­suite de cet objec­tif. Concrè­te­ment, cela va se tra­duire par le dou­ble­ment de notre parc de véhi­cules élec­triques avec l’acquisition de 8 000 véhi­cules uti­li­taires élec­triques sup­plé­men­taires et le déploie­ment de 1 000 vélos car­gos qui vien­dront s’ajouter au 125 exis­tants. Forts de ces 15 000 véhi­cules élec­triques, 1 livrai­son Colis­si­mo sur 2 sera décar­bo­née dès 2025 en France et 100 % des livrai­sons Colis­si­mo seront décar­bo­nées non seule­ment dans les Zones à Faibles Emis­sions, mais aus­si dans les prin­ci­pales agglomérations.

Deuxiè­me­ment, nous pré­voyons un inves­tis­se­ment de 400 mil­lions d’euros pour conver­tir les flottes de poids lourds aux éner­gies bas car­bone, et pour accom­pa­gner nos 600 trans­por­teurs par­te­naires dans leur tran­si­tion. Dans cette conti­nui­té, nous avons pris un enga­ge­ment fort : d’ici 2030, grâce à la conver­sion pro­gres­sive du trans­port rou­tier, 50 % des kilo­mètres par­cou­rus par La Poste en France le seront en poids lourds bas-car­bone. Dès 2030, La Poste pré­voit une accé­lé­ra­tion de l’utilisation des éner­gies élec­triques pour les liai­sons moyenne dis­tance (250−400 km) et de l’hydrogène dans ses trans­ports pour les liai­sons longue dis­tance (de plus de 400 km).

Dans la pre­mière phase de notre pro­gramme de décar­bo­na­tion, de 2022 à 2030, La Poste s’appuiera sur les éner­gies de tran­si­tion qui sont dis­po­nibles aujourd’hui. Nous allons ain­si pri­vi­lé­gier le recours à du bio­car­bu­rant natio­nal en uti­li­sant majo­ri­tai­re­ment du B100 issu du col­za fran­çais, ain­si que du XTL issu d’huilles végé­tales usa­gées et nous allons déployer huit sta­tions d’avitaillement de bio­gaz répar­ties sur nos pla­te­formes indus­trielles sur le ter­ri­toire natio­nal. À l’instar de la sta­tion d’avitaillement au gaz natu­rel (GNV) ouverte sur un site pos­tal à Chelles en 2021, ces sta­tions seront inté­grées au réseau La Poste et appro­vi­sion­ne­ront sa flotte ain­si que celles de ses par­te­naires de transport.

Pour réus­sir une décar­bo­na­tion effi­cace des trans­ports, la com­plé­men­ta­ri­té de ces éner­gies, la prise en compte de leurs avan­tages et de leurs limites sont indispensables !

Des actions concrètes et des expérimentations sont en cours. Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Pour chaque éner­gie de sub­sti­tu­tion pos­sible, à savoir l’électrique, l’hydrogène, le bio­gaz et le bio­car­bu­rant, nous avons réa­li­sé des études pour éva­luer le coût glo­bal, l’impact envi­ron­ne­men­tal, l’autonomie pos­sible et la dis­po­ni­bi­li­té des maté­riels et des molé­cules. Dans cette démarche, nous tra­vaillons avec les construc­teurs, les éner­gé­ti­ciens, ain­si que les trans­por­teurs pour mieux cer­ner l’évolution des tech­no­lo­gies et mener des expé­ri­men­ta­tions sur ces nou­velles énergies.

Dans le domaine de l’électrique, nous avons notam­ment mis en exploi­ta­tion un poids lourd élec­trique en juillet der­nier en région lyon­naise et pré­voyons le déploie­ment de trois poids lourds élec­triques en Île-de-France en 2023. En paral­lèle, nous allons mettre en exploi­ta­tion avant la fin de l’année le pre­mier camion hydro­gène et nous pré­voyons aus­si la mise en place d’une sta­tion mobile hydro­gène vert sur la pla­te­forme indus­trielle du Thil­lay (95). Tou­jours dans le domaine de l’hydrogène, nous par­ti­ci­pons au consor­tium « LaunchHY4Good » qui est pilo­té par France Sup­ply Chain pour l’achat de cinq camions hydro­gène à par­tir de 2023.

Enfin, en capitalisant sur votre avance et votre leadership sur ces sujets, votre ambition est aussi d’insuffler un effet d’entraînement vertueux sur l’ensemble du secteur. Comment cela se traduit-il ? 

Parce que nous ne pour­rons pas atteindre seuls les objec­tifs que nous nous sommes fixés, nous vou­lons avoir un rôle levier pour entraî­ner et mobi­li­ser l’ensemble des acteurs du sec­teur des trans­ports. Déjà en 2010, La Poste avait coor­don­né un grou­pe­ment de com­mande mul­ti-entre­prises et avait contri­bué à l’émergence du mar­ché du véhi­cule uti­li­taire élec­trique en France. Pour conti­nuer à décar­bo­ner les trans­ports, nous nous enga­geons dans une démarche simi­laire pour entraî­ner l’ensemble de la filière. L’objectif de la com­mande mas­si­fiée est de peser sur l’offre afin que les construc­teurs étoffent leur cata­logue et accé­lèrent sur les éner­gies alter­na­tives. En paral­lèle, La Poste tra­vaille aus­si avec les construc­teurs en tes­tant leurs pro­to­types ; avec les éner­gé­ti­ciens en sou­te­nant le déploie­ment des sta­tions d’avitaillement ; et avec les trans­por­teurs par­te­naires, en allon­geant la durée des contrats pour sécu­ri­ser et encou­ra­ger leurs inves­tis­se­ments dans les poids lourds bas carbone.


Focus sur le score écologique

Pour répondre aux attentes et demandes de ses clients sur l’impact envi­ron­ne­men­tal de ses acti­vi­tés de livrai­son, La Poste a lan­cé le Score Éco­lo­gique, un outil basé sur la modé­li­sa­tion de chaque étape du par­cours d’envoi et de récep­tion d’un cour­rier ou d’un colis avec un focus sur l’impact en matière de chan­ge­ment cli­ma­tique (les émis­sions de gaz à effet de serre) ; de qua­li­té de l’air (les émis­sions de pol­luants atmo­sphé­riques) et de cir­cu­la­ri­té (l’éco-conception et la recy­cla­bi­li­té des emballages).

Chaque client de La Poste peut ain­si cal­cu­ler le score pour un envoi ou une récep­tion en France Métro­po­li­taine et intra Ter­ri­toires Ultra Marins. Très pro­chai­ne­ment, les envois vers les outre-mer et l’international pour­ront éga­le­ment être évalués.

Pour plus d’informations : https://www.laposte.fr/score-ecologique


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