La Poste, pionnière de la logistique verte et des transports bas carbone
La Poste s’est fixée comme objectif ambitieux d’atteindre le « zéro émission nette » à horizon 2030 en s’appuyant sur son plan stratégique : « La Poste 2030, engagée pour vous ». Philippe Dorge, Directeur Général Adjoint en charge de la Branche Service-Courrier-Colis, nous explique comment cette ambition se décline en termes de mobilité et de la logistique verte. Explications.
La Poste s’est emparée de l’enjeu de la mobilité et de logistique verte depuis 2013. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, depuis 2013, dans le cadre de son activité colis, La Poste a réduit son empreinte carbone de 32 % en misant sur l’innovation pour faire évoluer ses processus et sur des investissements considérables pour développer sa flotte. Cela s’est traduit notamment par l’optimisation des liaisons moyennes et longue distance ; la massification des chargements ; l’utilisation de caisses mobiles couplées au vrac rangé permettant un emport augmenté de 30 % ; la mutualisation des flux de courrier, de colis et de petites marchandises ainsi que l’utilisation d’une des plus grandes flottes de véhicules électriques avec 35 000 véhicules électriques, dont 18 000 vélos et 7 000 véhicules utilitaires.
En parallèle, nous pouvons également rappeler que La Poste est le leader mondial de la compensation carbone volontaire du secteur Logistique Transport, avec plus de 50 millions d’euros dédiés à la compensation de ses émissions carbone résiduelles depuis 2012. Elle a notamment contribué à la définition du Label bas carbone en France, une démarche de compensation locale reconnue par l’État des émissions qui ne peuvent être évitées.
En bref
La Poste est une société anonyme à capitaux publics, filiale de la Caisse des Dépôts et de l’État. Le groupe La Poste est organisé en quatre branches : Services-Courrier-Colis, Grand Public et Numérique, GeoPost et La Banque Postale qui constitue avec sa filiale CNP Assurances le 11e bancassureur européen. La Poste distribue plus de 18 milliards d’objets par an dans le monde (lettres, imprimés publicitaires et colis), 6 jours par semaine. Attaché à sa présence territoriale, le groupe compte 17 000 points de contact (bureaux de poste, agences postales communales, relais poste commerçants) et 18 000 points d’accès à un service postal (Pickup, carrés pros, consignes ou encore drive colis). En 2021, le groupe La Poste a réalisé un chiffre d’affaires de 34,6 milliards d’euros, dont 41 % à l’international, et emploie près de 245 000 collaborateurs, dans 63 pays sur 5 continents dont 193 000 en France.
Aujourd’hui, vous allez encore plus loin avec le déploiement des transports bas carbone. Quels sont les projets qui vous mobilisent en ce sens ?
Au quotidien, ce sont 5 000 camions qui circulent pour acheminer les lettres et les colis. L’activité transport représente 83 % des émissions carbone de La Poste. 31 % sont liées au premier et dernier kilomètre, et 52 % au transport poids lourds pour l’ensemble du groupe. La Poste a un rôle majeur à jouer en matière d’impact environnemental du secteur, alors que les volumes de colis ne cessent de croître.
Forts de ces constats, nous avons lancé deux projets de grande envergure pour décarboner notre activité transport. Premièrement, nous travaillons sur le verdissement de notre flotte de véhicules utilitaires pour le premier et le dernier kilomètre. D’ici 2025, 200 millions d’euros vont être alloués à la poursuite de cet objectif. Concrètement, cela va se traduire par le doublement de notre parc de véhicules électriques avec l’acquisition de 8 000 véhicules utilitaires électriques supplémentaires et le déploiement de 1 000 vélos cargos qui viendront s’ajouter au 125 existants. Forts de ces 15 000 véhicules électriques, 1 livraison Colissimo sur 2 sera décarbonée dès 2025 en France et 100 % des livraisons Colissimo seront décarbonées non seulement dans les Zones à Faibles Emissions, mais aussi dans les principales agglomérations.
Deuxièmement, nous prévoyons un investissement de 400 millions d’euros pour convertir les flottes de poids lourds aux énergies bas carbone, et pour accompagner nos 600 transporteurs partenaires dans leur transition. Dans cette continuité, nous avons pris un engagement fort : d’ici 2030, grâce à la conversion progressive du transport routier, 50 % des kilomètres parcourus par La Poste en France le seront en poids lourds bas-carbone. Dès 2030, La Poste prévoit une accélération de l’utilisation des énergies électriques pour les liaisons moyenne distance (250−400 km) et de l’hydrogène dans ses transports pour les liaisons longue distance (de plus de 400 km).
Dans la première phase de notre programme de décarbonation, de 2022 à 2030, La Poste s’appuiera sur les énergies de transition qui sont disponibles aujourd’hui. Nous allons ainsi privilégier le recours à du biocarburant national en utilisant majoritairement du B100 issu du colza français, ainsi que du XTL issu d’huilles végétales usagées et nous allons déployer huit stations d’avitaillement de biogaz réparties sur nos plateformes industrielles sur le territoire national. À l’instar de la station d’avitaillement au gaz naturel (GNV) ouverte sur un site postal à Chelles en 2021, ces stations seront intégrées au réseau La Poste et approvisionneront sa flotte ainsi que celles de ses partenaires de transport.
Pour réussir une décarbonation efficace des transports, la complémentarité de ces énergies, la prise en compte de leurs avantages et de leurs limites sont indispensables !
Des actions concrètes et des expérimentations sont en cours. Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Pour chaque énergie de substitution possible, à savoir l’électrique, l’hydrogène, le biogaz et le biocarburant, nous avons réalisé des études pour évaluer le coût global, l’impact environnemental, l’autonomie possible et la disponibilité des matériels et des molécules. Dans cette démarche, nous travaillons avec les constructeurs, les énergéticiens, ainsi que les transporteurs pour mieux cerner l’évolution des technologies et mener des expérimentations sur ces nouvelles énergies.
Dans le domaine de l’électrique, nous avons notamment mis en exploitation un poids lourd électrique en juillet dernier en région lyonnaise et prévoyons le déploiement de trois poids lourds électriques en Île-de-France en 2023. En parallèle, nous allons mettre en exploitation avant la fin de l’année le premier camion hydrogène et nous prévoyons aussi la mise en place d’une station mobile hydrogène vert sur la plateforme industrielle du Thillay (95). Toujours dans le domaine de l’hydrogène, nous participons au consortium « LaunchHY4Good » qui est piloté par France Supply Chain pour l’achat de cinq camions hydrogène à partir de 2023.
Enfin, en capitalisant sur votre avance et votre leadership sur ces sujets, votre ambition est aussi d’insuffler un effet d’entraînement vertueux sur l’ensemble du secteur. Comment cela se traduit-il ?
Parce que nous ne pourrons pas atteindre seuls les objectifs que nous nous sommes fixés, nous voulons avoir un rôle levier pour entraîner et mobiliser l’ensemble des acteurs du secteur des transports. Déjà en 2010, La Poste avait coordonné un groupement de commande multi-entreprises et avait contribué à l’émergence du marché du véhicule utilitaire électrique en France. Pour continuer à décarboner les transports, nous nous engageons dans une démarche similaire pour entraîner l’ensemble de la filière. L’objectif de la commande massifiée est de peser sur l’offre afin que les constructeurs étoffent leur catalogue et accélèrent sur les énergies alternatives. En parallèle, La Poste travaille aussi avec les constructeurs en testant leurs prototypes ; avec les énergéticiens en soutenant le déploiement des stations d’avitaillement ; et avec les transporteurs partenaires, en allongeant la durée des contrats pour sécuriser et encourager leurs investissements dans les poids lourds bas carbone.
Focus sur le score écologique
Pour répondre aux attentes et demandes de ses clients sur l’impact environnemental de ses activités de livraison, La Poste a lancé le Score Écologique, un outil basé sur la modélisation de chaque étape du parcours d’envoi et de réception d’un courrier ou d’un colis avec un focus sur l’impact en matière de changement climatique (les émissions de gaz à effet de serre) ; de qualité de l’air (les émissions de polluants atmosphériques) et de circularité (l’éco-conception et la recyclabilité des emballages).
Chaque client de La Poste peut ainsi calculer le score pour un envoi ou une réception en France Métropolitaine et intra Territoires Ultra Marins. Très prochainement, les envois vers les outre-mer et l’international pourront également être évalués.
Pour plus d’informations : https://www.laposte.fr/score-ecologique