La professionalisation des jeunes vers les métiers de la mécanique
Une pénurie de jeunes entrant dans la vie active
Les entreprises industrielles rencontrent depuis quelques années des difficultés pour recruter les personnels dont elles ont besoin, quel que soit le niveau de qualification.
L’origine de cette situation est liée à différents éléments qui se combinent et s’accentuent avec l’application des 35 heures :
- la situation démographique actuelle et à quatre-cinq ans fait apparaître une double rupture, caractérisée par une arrivée de jeunes sur le marché du travail en réduction et un nombre de départs en retraite en augmentation,
- l’évolution du nombre de diplômés au baccalauréat (plus de 50 % d’une classe d’âge) a pour effet immédiat de désamorcer la filière technologique, en particulier au niveau V (CAP – BEP). En effet, chaque année le flux de sortie de jeunes à ce niveau de qualification professionnelle se réduit. Les élèves et leurs familles aspirent à une poursuite d’études. Les cycles de formation professionnelle, dont la finalité est l’insertion dans la vie active, deviennent des filières de poursuite d’études. Ce phénomène se caractérise par un afflux de jeunes au niveau du premier cycle universitaire,
- l’orientation des jeunes s’effectue naturellement vers les formations générales, abstraites ; ils vont privilégier les filières tertiaires au détriment des voies techniques et technologiques.
Les entreprises industrielles touchées par ce phénomène
Cette situation de pénurie va s’accentuer pour les raisons démographiques précédemment explicitées, et concerne tous les métiers de l’industrie, notamment ceux de la mécanique. Les métiers techniques (chaudronniers, mécaniciens, électromécaniciens ; techniciens de bureaux d’études, ingénieurs développement produits...) sont principalement touchés, des qualifications de niveau CAP – BEP au diplôme d’ingénieur, mais sont concernés également des métiers transversaux comme les forces de vente technique.
L’adéquation entre le nombre de professionnels qualifiés sur le marché de l’emploi et la forte demande des entreprises industrielles semble de plus en plus difficile à réaliser, quelles que soient la taille et l’implantation géographique de l’entreprise.
Tous les secteurs industriels sont concernés, car ils font appel à des savoir-faire mécaniques, qu’il est primordial de capitaliser et de transmettre. Ces difficultés sont ressenties fortement dans le secteur de la mécanique, et s’accentuent pour certains métiers, comme la chaudronnerie ou encore le découpage.
La Fédération des industries mécaniques : un précurseur pour répondre à la pénurie de personnels qualifiés
Pour répondre aux besoins des entreprises, apporter des solutions à cette situation, la branche professionnelle de la métallurgie, l’Éducation nationale et la Fédération des industries mécaniques (FIM) se mobilisent depuis de nombreuses années.
Des actions d’information, d’orientation, de valorisation sont développées auprès des publics en voie d’orientation (« Bravo l’Industrie » – UIMM1, » Planète Métal » – GIM2, mise en œuvre de classes industrielles en partenariat avec l’Éducation nationale).
Des outils de formation se sont développés en lien avec les entreprises industrielles, en particulier le réseau des CFAI (Centres de formation d’apprentis de l’industrie), réseau UIMM, qui forme actuellement plus de 22 000 jeunes aux métiers de l’industrie du CAP à l’ingénieur. En 2001, les formations les plus demandées par les entreprises accueillant les apprentis au niveau CAP – BEP, BAC Pro et BTS sont la productique mécanique, la chaudronnerie et la maintenance. Ces statistiques de recrutement d’apprentis illustrent concrètement les niveaux et filières métiers qui répondent aux besoins des entreprises.
La FIM mène depuis plusieurs années des actions spécifiques concernant les métiers de la mécanique dont les principaux objectifs sont :
- d’augmenter le flux de jeunes s’orientant vers les métiers de la mécanique,
- d’améliorer les formations, les diversifier et les adapter aux réalités industrielles,
- de mener des actions innovantes pour donner l’exemple et accroître les motivations à s’orienter ou se réorienter vers la mécanique.
Chaque année, ces objectifs se déclinent en actions nouvelles, développement d’outils de communication et mise en place de nouveaux dispositifs de formation aux métiers de la mécanique.
Valoriser les métiers de la mécanique
Un des axes de communication de la FIM est la valorisation de l’image des métiers afin d’orienter les jeunes vers les filières de formation industrielles.
Cette volonté d’améliorer l’image de la mécanique s’illustre par des actions telles que :
- la participation à des salons, forums, expositions consacrés aux jeunes et à la formation,
- la réalisation de films de promotion des métiers,
- le développement d’actions d’information auprès des jeunes de quatrième et de troisième menées dans les collèges d’Île-de-France en partenariat avec le GIM : carrefours métiers » productique « , » maintenance « , diffusion de films Gagner l’avenir, Productique réalisés en 2001.
Adapter et créer de nouveaux diplômes
La Direction de la formation de la FIM lance des projets de modernisation et de création de nouveaux diplômes.
En 2001, une licence professionnelle » Génie industriel » a été créée à Paris en partenariat avec l’université Paris VI Pierre et Marie Curie, et à Bourges avec l’université d’Orléans.
Le développement de l’apprentissage constitue également une orientation de la politique de formation initiale de la Fédération.
Elle appuie sa mise en œuvre sur Mécavenir, créé en 1994, Centre de formation d’apprentis de l’industrie, membre du réseau UIMM.
Mécavenir propose des formations par apprentissage à des métiers cohérents avec les besoins des entreprises (productique, chaudronnerie, chargé d’affaires international…), validées par des diplômes de niveaux II et III.
Développer des actions innovantes
Forte de l’analyse concernant les causes du désamorçage des filières techniques et technologiques, la FIM propose de développer des solutions de formation innovantes en s’appuyant notamment sur Mécavenir, pour ce qui concerne l’enseignement supérieur par apprentissage.
Parmi ces actions figurent celles qui visent à réorienter les jeunes de l’université vers la mécanique, en développant des opérations pilotes de passerelle » Université – Entreprise « . Mécavenir propose à des jeunes de premier cycle universitaire des solutions à six mois, un an ou deux ans d’université : des parcours professionnalisant vers les métiers de la mécanique et de l’industrie, avec des durées variables selon le profil du jeune, validés par un BTS. L’enquête 2001 d’insertion professionnelle des apprentis en CFAI (six mois après le passage de l’examen) montre un taux de 96 % pour les jeunes de niveau III.
Cette passerelle » Université – Entreprise » permet d’augmenter le flux de jeunes formés aux métiers de la mécanique. Une nouvelle voie vient compléter cet accès : la licence professionnelle » Génie industriel « . En effet, elle répond d’une part à l’aspiration des jeunes techniciens de compléter leurs cursus par une année complémentaire validée par un diplôme de niveau II, et d’autre part, elle fait apparaître une nouvelle voie d’accès dans les entreprises de la mécanique.
La réussite de ces actions innovantes montrent qu’il est possible de trouver des solutions originales qui pourraient, si elles sont mises en œuvre sur des flux de jeunes plus importants, apporter une réponse au désamorçage des filières technologiques et compléteraient les efforts de la branche métallurgie et de l’Éducation nationale.
_________________________________
1. Union des industries métallurgiques et minières.
2. Groupe des industries métallurgiques de la Région parisienne.