La recherche sur le campus Polytechnique
Dans la compétition mondiale dont fait désormais l’objet l’enseignement supérieur, le facteur majeur de réussite est la qualité de la recherche. C’est évidemment le cas des institutions qui font référence dans le monde, bien sûr beaucoup d’universités américaines bien connues, mais aussi européennes pas uniquement dans les plus grands pays d’Europe, puisque, par exemple, Polytechnicum de Zurich (ETH) figure en bonne place dans tous les classements. C’est aussi l’étendue et la qualité de leur recherche qui font la réputation de leur doctorat, diplôme le plus élevé sur le plan international.
Dans ce contexte, un élément primordial de la stratégie de l’École est de constituer un campus d’envergure internationale en s’associant avec d’autres organismes. Ce campus doit devenir un lieu d’excellence scientifique et d’innovation contribuant aussi bien à la création de connaissances et au développement de technologies qu’à leur transfert vers le milieu économique, tout en prenant en compte les grands enjeux de société, énergie, santé, environnement, information, sécurité…
Des partenariats nécessaires
Laboratoire de biochimie
La recherche de l’École est déjà essentiellement partenariale : les 21 laboratoires de l’École sont « mixtes » avec le CNRS et plusieurs sont également associés avec d’autres organismes (INSERM, UPMC, CEA, INRIA, ENSTA…). D’autre part, la région parisienne est extrêmement riche en laboratoires. S’orienter vers des regroupements est donc plus réaliste que d’envisager de trouver les moyens d’un développement autonome et tous les organismes partagent le même besoin de faire face à la compétition internationale et d’optimiser les moyens.
Dans cette optimisation, les organismes publics de recherche et les entreprises sont de plus en plus intéressés à coordonner leurs efforts de recherche et à le faire à proximité des étudiants. L’État, notamment avec la création des RTRA, des PRES, des pôles de compétitivité ainsi que les collectivités territoriales veulent aussi encourager les projets coopératifs structurants. Tous ces éléments confirment la pertinence du concept de campus « multiorganisme » choisi par l’École.
Quels axes de développement ?
Le développement du potentiel de recherche du campus doit se faire en tenant compte de la vocation multidisciplinaire de l’École et des domaines clés pour l’avenir tant sur le plan scientifique que pour la compétitivité ou les enjeux de société. Il faut cependant faire des choix et l’École a mis en avant plusieurs domaines :
• biologie et interfaces,
• sciences et technologies de l’information et des communications (STIC),
• optique-nanosciences et matériaux,
• économie-finance-gestion,
• climat-environnement,
• énergie.
La biologie devient un domaine omniprésent et qui interagit avec toutes les autres sciences. Pour être présente dans cette discipline au bon niveau, l’École doit augmenter significativement son potentiel et a défini dans ce but un programme « Biologie et interfaces » qui fait intervenir tous les départements. Ce programme implique de nouvelles infrastructures de nature à attirer des équipes de talent, en coopération avec le CNRS et l’INSERM notamment.
Dans le domaine des STIC, l’arrivée de Thales et l’association avec l’INRIA, le CEA, le CNRS, Paris XI et Supélec dans Digiteo Labs qui comprendra 300 personnes sur le site de l’X en 2009 vont faire du campus un acteur majeur dans le domaine des systèmes complexes, du « système sur puce » aux grands systèmes industriels à forte composante logicielle.
Avec Thales (voir l’article ci après), l’École a engagé un partenariat à long terme qui a donné naissance à une équipe commune « Nanocarb » dédiée aux dispositifs électroniques à base de nanotubes de carbone, à la chaire « Ingénierie des systèmes complexes » et à une centrale de technologie mutualisée Thales-Polytechnique-Institut d’optique.
Digiteo Labs, qui vient d’être étendu en un RTRA (Réseau thématique de recherche avancée), va structurer la recherche en STIC du plateau de Saclay et sera le principal acteur public du pôle de compétitivité System@tic. Des moyens nouveaux permettront ainsi la création de projets d’ampleur internationale auxquels participeront le Laboratoire d’informatique (LIX), le Centre de mathématiques appliquées (CMAP), le Laboratoire de physique des interfaces et couches minces (LPICM) et le Laboratoire de mécanique des solides (LMS).
L’ENST étudie maintenant la possibilité de rejoindre Palaiseau, ce qui lui permettrait de bénéficier de ce riche environnement scientifique et donnerait une extension nouvelle à la composante STIC du campus.
Optique-nanosciences et matériaux seront des thèmes forts du RTRA « Triangle de la physique » (Palaiseau-Orsay-Saclay) dans lequel interviendront 8 laboratoires de l’École.
En particulier, l’ensemble constitué par le laboratoire de l’IO (LCFIO), ceux de l’X et de l’ENSTA (LULI, LOB, LOA), Thales, auxquels s’ajoutera l’ONERA en 2010, représentera un potentiel unique en Europe et doit permettre de réaliser sur le campus un projet européen (Extreme Light Infrastructure) qui sera le laser à impulsions ultracourtes le plus puissant sur le plan mondial en 2011, dont on attend à la fois une physique jusque-là inexplorée, et des applications nombreuses tant dans le domaine biomédical que dans celui des matériaux. Le site verra également la création d’un centre dédiée à la structure électronique : de la théorie à la modélisation et à la simulation.
En économie-finance, le développement à Palaiseau du nouveau département enseignement-recherche d’économie, le partenariat avec HEC dans l’INSEFI (Institut d’économie et de finance) et l’installation de l’ENSAE et d’une partie du laboratoire CREST permettront de réaliser un centre de qualité internationale. Les chaires soutenues par des entreprises (voir encadré) dans le cadre de la Fondation du risque, qui associent les départements d’économie et de mathématiques appliquées de l’X, l’ENSAE, l’ENPC, notamment, renforceront ce centre. D’autres chaires en économie sont également en préparation.Le climat et l’environnement feront l’objet de nouveaux projets centrés sur l’impact des évolutions climatiques sur la société dans le cadre du groupement récemment annoncé par le gouvernement au titre du Plan Climat à la suite de la proposition de Paris vi, du CNRS, du CEA, de l’UVSQ et de l’X, qui coopèrent déjà dans l’Institut Pierre Simon Laplace. Par ailleurs, le parc d’instruments pour la recherche atmosphérique du campus sera étendu en particulier par l’installation des équipements du CEREA (laboratoire commun EDF/ENPC).
Dans le domaine de l’énergie, l’École s’implique fortement dans la fusion à confinement inertiel et dans la fusion à confinement magnétique (ITER dont l’accord international vient d’être signé à Paris) en s’appuyant sur les compétences des laboratoires LULI, CPHT et LPTP. Il est par ailleurs envisagé de créer un pôle énergie-environnement au sein de ParisTech.
Les relations avec les entreprises et la valorisation
Les coopérations de recherche avec les entreprises sont naturellement présentes dans tous les domaines qui viennent d’être évoqués. L’École ambitionne d’augmenter le montant des contrats industriels et les partenariats à moyen terme avec des entreprises en particulier sous forme de chaires d’enseignement et de recherche dont le nombre devrait passer de 5 à 15 dans les cinq ans à venir. Les projets en gestation concernent l’énergie, l’économie industrielle, les « surfaces actives », la modélisation, la matière molle…
Par ailleurs, les laboratoires seront impliqués dans les projets à leadership industriel des principaux pôles de compétitivité franciliens : System@tic, Medicen (santé), Astech (aéronautique) et Industrie financière.
Pour atteindre ces objectifs, l’École devra trouver les moyens d’accompagner les équipes dans la recherche de partenaires aussi bien en France qu’à l’étranger, dans la mise au point des contrats et devra également poursuivre son investissement dans la valorisation, tant en matière de brevets et licences que de création d’entreprises.
L’encouragement à la création de start-up et l’accueil d’équipes industrielles collaborant avec des laboratoires du campus seront favorisés par la construction d’une infrastructure de 10 000 m² sous maîtrise d’ouvrage des collectivités locales qui décuplera la capacité actuelle.
Cette énumération n’est pas exhaustive et peut seulement donner un aperçu de l’ambition du campus dont les laboratoires pourraient comprendre 3 000 personnes en 2012, dont un millier de doctorants.