La reconversion écologique, une transformation des valeurs et des représentations

Dossier : Urgence écologique : entre réformisme et radicalitésMagazine N°800 Décembre 2024
Par Dominique MÉDA
Par Groupe X Urgence écologique

Dans ce témoi­gnage, Domi­nique Méda pré­sente son point de vue sur la dimen­sion socio­lo­gique de l’urgence éco­lo­gique. Selon elle, la tran­si­tion éco­lo­gique est bien davan­tage une recon­ver­sion, qui néces­site non seule­ment des chan­ge­ments tech­niques et éco­no­miques, mais aus­si une trans­for­ma­tion radi­cale de nos valeurs et repré­sen­ta­tions culturelles.

Dominique, pourriez-vous vous présenter en soulignant les éléments de votre parcours qui vous semblent importants
au regard de la question de l’urgence écologique ?

D’abord je veux vous remer­cier – et vous féli­ci­ter si vous le per­met­tez – de vous sai­sir de cette ques­tion et de le faire de cette manière. Cela montre votre grand sens des responsabilités.

Pour répondre à votre ques­tion : pre­miè­re­ment, le fait d’avoir com­men­cé mon par­cours intel­lec­tuel avec la phi­lo­so­phie m’a conduite à consi­dé­rer que la « recon­ver­sion éco­lo­gique » n’est pas d’abord une ques­tion tech­nique ou éco­no­mique, mais qu’elle néces­site une véri­table « conver­sion » de nos repré­sen­ta­tions, de nos valeurs, de nos cadres cog­ni­tifs. Réen­cas­trer les humains dans le reste de la Nature, sub­sti­tuer à un para­digme de la conquête et de l’exploitation de la Terre un para­digme du « prendre soin », comme le sug­gé­rait Aldo Leo­pold dans son Alma­nach d’un com­té des sables, renon­cer à l’idée que pro­duire et consom­mer tou­jours plus consti­tuent néces­sai­re­ment un pro­grès, c’est un préalable. 

Je com­mence tou­jours mes cours en phi­lo­so­phie du déve­lop­pe­ment durable avec le fameux article de Lynn White : « Les racines his­to­riques de notre crise éco­lo­gique ». Peut-être savez-vous que dans cet article l’historien met en cause le texte de la Genèse et son anthropo­centrisme, en rap­pe­lant que Dieu a deman­dé à Adam et Ève de domi­ner et assu­jet­tir les autres espèces. Cette thèse est contro­ver­sée mais fait réflé­chir. L’histoire des idées me semble essen­tielle pour com­prendre com­ment nous en sommes arri­vés là et pour­quoi, comme l’écrit White, en dehors de l’homme aucune espèce n’a jamais souillé son habi­tat avec autant de rapidité.

Par ailleurs, ma for­ma­tion d’énarque m’a appris que les poli­tiques publiques sont trop sou­vent déci­dées sur le fon­de­ment de consi­dé­ra­tions pure­ment éco­no­miques, voire éco­no­mi­cistes, et que la for­ma­tion de ce que l’on appelle les élites est inappropriée. 

Enfin, depuis que je suis socio­logue, je sais que ce n’est pas parce que les scien­ti­fiques ont démon­tré quelque chose que les poli­tiques mettent en œuvre les solu­tions atten­dues. On peut trou­ver plu­sieurs expli­ca­tions à cela : l’action des lob­bys, le rôle des « mar­chands de doute », mais aus­si la très grande dif­fi­cul­té pour un pays à agir seul, si les autres ne s’engagent pas, et plus géné­ra­le­ment la dif­fi­cul­té à repen­ser et restruc­tu­rer entiè­re­ment un ensemble de poli­tiques publiques long­temps pen­sées en silos. Sans comp­ter la rup­ture avec le cadre cog­ni­tif et les « valeurs » sur les­quelles nous fon­dons nos actions depuis plus de deux siècles : l’idée que le pro­grès réside dans la crois­sance des quan­ti­tés pro­duites et consom­mées, dans la mise en coupe réglée de la Nature, dans la mise du Monde sous forme de marchandises.

Comment, selon votre observation, se déclenchent les grandes transformations sociétales et les changements de paradigme (comme l’abolition de l’esclavage, les droits des femmes, la sortie de l’apartheid, etc.) ?

Ce qui est cer­tain, c’est que les idées pré­cèdent les chan­ge­ments. Les nou­velles idées, les nou­veaux réfé­ren­tiels, se dif­fusent plus ou moins sou­ter­rai­ne­ment et sur­gissent à un moment grâce à un évé­ne­ment, une conjonc­ture, une per­son­na­li­té. Paral­lè­le­ment aus­si, comme l’expliquait Marx, les chan­ge­ments éco­no­miques et tech­no­lo­giques conduisent ceux qui vivent les contra­dic­tions à vou­loir résoudre celles-ci et à enga­ger des chan­ge­ments. Nous avons besoin en même temps d’un chan­ge­ment de repré­sen­ta­tions (rompre avec l’idée d’un humain des­ti­né à mettre la nature à son ser­vice et adop­ter celle d’une inter­dé­pen­dance de tous les élé­ments consti­tu­tifs du sys­tème terre), de l’engagement de dif­férentes com­mu­nau­tés (les scien­ti­fiques, les poli­tiques, les corps inter­mé­diaires, les ONG) et d’une véri­table pla­ni­fi­ca­tion pour résoudre les contra­dic­tions dans les­quelles le déve­lop­pe­ment du capi­ta­lisme nous a aujourd’hui conduits.

“Ce qui est certain, c’est que les idées précèdent les changements.”

Nous avons abso­lu­ment besoin d’une bifur­ca­tion radi­cale et donc d’un plan capable d’organiser la réduc­tion des émis­sions, le déve­lop­pe­ment des éner­gies, les inves­tis­se­ments, la pro­duc­tion et l’emploi à toutes les échelles : euro­péenne, natio­nale et locale. C’est exac­te­ment ce qu’avait pro­po­sé en 1972 le vice-pré­sident de la Com­mis­sion euro­péenne, Sic­co Man­sholt, bou­le­ver­sé par la lec­ture du rap­port Limits to Growth, dans une Lettre qui com­pre­nait un véri­table pro­gramme de bifur­ca­tion éco­lo­gique et que je vous invite vrai­ment à lire. Mais les acteurs ne se sont pas sai­sis de celui-ci : les éco­no­mistes l’ont com­plè­te­ment décré­di­bi­li­sé et les poli­tiques s’en sont ser­vi comme d’une arme dans le réfé­ren­dum sur l’entrée de quatre nou­veaux pays dans l’UE. Sans doute les contra­dic­tions n’étaient-elles pas suf­fi­sam­ment aiguës. On a per­du cin­quante ans. 

En fait, pour que le chan­ge­ment s’engage, il faut soit une crise très grave (une famine, une guerre, un acte violent qui attire l’attention, je pense aux actions des suf­fra­gettes), soit une per­son­na­li­té qui arrive avec des idées et des actions en adé­qua­tion avec les attentes des citoyens et qui pro­pose un récit convain­cant (Mar­tin Luther King et Nel­son Man­de­la sont de bons exemples), soit un mou­ve­ment géné­ral, une évo­lu­tion des men­ta­li­tés qui rend le chan­ge­ment dési­rable ou inévi­table. Il faut malheu­reusement sou­vent les trois en même temps.

Que manque-t-il aujourd’hui pour opérer les changements dont la planète a besoin ? Est-ce à chercher du côté des politiques ? Des entreprises ? Des citoyens ? Comment regarder le rôle et l’évolution de l’Europe à cet égard ?

Le tra­vail à faire est énorme. Le cli­ma­tos­cep­ti­cisme bat son plein mal­gré l’abondance de tra­vaux scien­ti­fiques. Tous ceux dont les inté­rêts sont mena­cés par le chan­ge­ment – au pre­mier chef l’industrie fos­sile – mettent tout en œuvre pour s’y oppo­ser. L’action des « mar­chands de doute » fonc­tionne à plein régime. Mais nous avons aus­si un énorme pro­blème de coor­di­na­tion. Alors que tous les pays devraient agir dans la même direc­tion, cha­cun pour­suit ses propres inté­rêts ; il n’y a pas de lea­der mon­dial et même l’Europe ne par­vient pas à par­ler d’une seule voix. De ce fait, per­sonne ne se sent vrai­ment res­pon­sable, cha­cun joue le pas­sa­ger clan­des­tin. C’est vrai aux niveaux inter­na­tio­nal, euro­péen et natio­nal. Nous ne par­ve­nons pas à tra­cer une voie, à rendre celle-ci claire et dési­rable, à mon­trer ses avan­tages et ses étapes. 

À défaut d’un mou­ve­ment inter­na­tio­nal, l’Europe me sem­blait pou­voir mon­trer l’exemple avec le Green Deal. J’espère que les nou­veaux équi­libres ne vont pas rendre celui-ci caduc. Comme pour tous les grands chan­ge­ments, on a besoin que tous les acteurs aillent dans la même direc­tion : pou­voirs publics, par­te­naires sociaux, citoyens, ONG. L’énorme pro­blème, c’est que, plus nous atten­dons, plus les gens vont souf­frir du chan­ge­ment éco­lo­gique, plus ils vont se tour­ner vers des illu­sion­nistes. La crainte que l’on peut avoir aujourd’hui est que l’aggravation de la situa­tion due à la dégra­da­tion du cli­mat et de la bio­di­ver­si­té, au lieu de débou­cher sur des poli­tiques appro­priées, ne soit uti­li­sée par des par­tis anti­éco­lo­giques pour détour­ner la colère sur d’autres expli­ca­tions, l’immigration par exemple.

Quelle place selon vous pour la radicalité dans cette situation d’urgence écologique ? Quelle est pour une sociologue
la définition du mot radicalité ? Est-elle nécessaire ? Contre-productive ? Inévitable ?

L’absence de mesures et de poli­tiques à la hau­teur des enjeux conduit presque néces­sai­re­ment au déve­lop­pe­ment d’actions et de com­por­te­ments radi­caux. C’est un très beau mot, le terme radi­cal. Radi­cal, c’est à la fois ce qui concerne l’essence ou la racine des choses et ce qui a une action déci­sive sur les causes pro­fondes d’un phé­no­mène. Nous avons clai­re­ment besoin de prendre le pro­blème à la racine et de chan­ger com­plè­te­ment nos comportements. 

Et, si la situa­tion n’est pas suf­fi­sam­ment prise au sérieux, il est légi­time que celles et ceux qui savent, ou celles et ceux qui ont com­pris ce qui est en train de se pas­ser, ain­si que celles et ceux qui ont peur des consé­quences dra­ma­tiques pré­vi­sibles, finissent par enga­ger des actions fortes pour atti­rer l’attention. Je le regrette, parce que les actions radi­cales ont sou­vent des effets ambi­va­lents : elles font peser sur celles et ceux qui les entre­prennent le soup­çon de mili­tan­tisme (ils appa­raissent comme défen­dant une cause) et ain­si affai­blissent para­doxa­le­ment leur action. 

Il me semble donc pré­fé­rable de mobi­li­ser au préa­lable tous les réper­toires d’action pos­sibles, par exemple les actions juri­diques qui per­mettent de chan­ger les choses, parce qu’elles obligent les pou­voirs publics ou les entre­prises à bou­ger. Mais en effet, si la situa­tion conti­nue à être blo­quée, alors que nous devrions être dans l’urgence, les actions radi­cales se mul­ti­plie­ront sans aucun doute de façon inévitable.

Que signifie être radical aujourd’hui en matière d’environnement ?

Il y a plu­sieurs manières de l’être. Indi­vi­duel­le­ment, vous pou­vez déci­der de vivre com­plè­te­ment autre­ment et vous orga­ni­ser pour main­te­nant et pour l’après. Vous pou­vez aus­si atti­rer l’attention pour convaincre vos conci­toyens et les res­pon­sables poli­tiques qu’il faut d’autres mesures : en fai­sant des col­lages, en jetant de la soupe ou de la pein­ture sur des tableaux, en col­lant vos mains sur le bitume et en arrê­tant la cir­cu­la­tion ou, comme le sug­gère Andreas Malm, en sabo­tant des infra­struc­tures. Mal­heu­reu­se­ment, ces actions-là ne par­viennent pas à leur but, parce que trop sou­vent elles sont cri­mi­na­li­sées et se retournent contre leurs auteurs, rapi­de­ment consi­dé­rés comme des fau­teurs de troubles.

Il est aus­si pos­sible d’engager des actions juri­diques, comme celles lan­cées par la Fon­da­tion Urgen­da aux Pays-Bas ou l’Affaire du siècle en France. La Fon­da­tion Urgen­da, orga­ni­sa­tion non gou­ver­ne­men­tale mili­tant pour le déve­lop­pe­ment durable aux Pays-Bas, a écrit en 2012 au Pre­mier ministre néer­lan­dais pour deman­der que l’État s’engage à réduire de 40 % les émis­sions de CO₂ d’ici 2020 (par rap­port aux émis­sions mesu­rées en 1990). 

Insa­tis­faite de la réponse obte­nue, la fon­da­tion a déci­dé en 2015 de sai­sir le tri­bu­nal de pre­mière ins­tance de La Haye en invo­quant plu­sieurs prin­cipes de droit inter­na­tio­nal, dont le droit inter­na­tio­nal du cli­mat. Le juge néer­lan­dais a pro­non­cé une déci­sion his­to­rique en affir­mant que les objec­tifs néer­lan­dais de réduc­tion des gaz à effet de serre étaient trop faibles par rap­port non seule­ment à la Consti­tu­tion néer­lan­daise, aux objec­tifs de réduc­tion des émis­sions fixés par l’Union euro­péenne, aux prin­cipes éta­blis en ver­tu de la Conven­tion euro­péenne des droits de l’homme, à l’obligation de ne pas nuire éta­blie en droit inter­na­tio­nal, mais éga­le­ment aux prin­cipes d’équité, de pré­cau­tion et de dura­bi­li­té énon­cés dans la Conven­tion-cadre des Nations unies sur les chan­ge­ments cli­ma­tiques (CCNUCC) et l’Accord de Paris.

« Si un groupe d’étudiants, de scientifiques et de personnalités, d’une certaine taille critique, prenait la parole, cela pourrait avoir un effet significatif. »

Il existe aus­si d’autres types d’actions juri­di­co-média­tiques, telles que celles racon­tées par Domi­nique Bourg dans le livre qu’il a codi­ri­gé avec Clé­mence Demay et Brian Favre : Déso­béir pour la terre, défense de l’état de néces­si­té. Ce sont des actions de déso­béis­sance qui mobi­lisent la sphère juri­dique et l’intervention des scien­ti­fiques. Par exemple, en 2022, des membres du col­lec­tif Scien­ti­fiques en rébel­lion sont entrés après l’heure de fer­me­ture du musée dans la gale­rie de paléon­to­lo­gie et d’anatomie com­pa­rée du Muséum natio­nal d’histoire natu­relle et se sont ins­tal­lés au pied d’un sque­lette de mam­mouth pour aler­ter sur la crise éco­lo­gique en cours. Aucune dégra­da­tion n’a été commise. 

En 2023, ils ont défen­du devant le tri­bu­nal de Paris la légi­ti­mi­té de leur action et ils ont pu témoi­gner, en tant que scien­ti­fiques, de la gra­vi­té de la situa­tion, per­met­tant ain­si une action péda­go­gique grâce à la média­ti­sa­tion de leur action. C’est en cela que ces actions sont inté­res­santes : elles sont inof­fen­sives mais per­mettent aux scien­ti­fiques de témoi­gner et à la jus­tice de se pro­non­cer. Il me semble enfin que l’engagement de cer­taines per­sonnes ou plu­tôt de cer­tains groupes peut exer­cer une influence déter­mi­nante : par exemple, vous avez vu l’effet qu’ont pro­vo­qué les prises de parole des étu­diants de cer­taines grandes écoles. Il me semble que, si un groupe d’étudiants, de scien­ti­fiques et de per­son­na­li­tés, d’une cer­taine taille cri­tique, pre­nait la parole et publiait sur les réseaux sociaux et dans les médias des prises de posi­tion fortes et enga­gées, cela pour­rait avoir un effet significatif.

Radicalité et réformisme sont-ils forcément contradictoires ? Peut-on trouver une complémentarité entre les deux ?

Non, les actions que je viens de pré­sen­ter me semblent radi­cales et réfor­mistes à la fois. Je ne crois pas au grand soir en cette matière, mais le gra­dua­lisme n’est pas non plus pos­sible. Il y a urgence, comme vient de le rap­pe­ler le livre d’Aurélien Bou­taud. J’aime beau­coup ce que fait le Lierre, une asso­cia­tion de fonc­tion­naires qui publie des notes et orga­nise un réseau à l’intérieur de l’administration. L’action des think tanks, comme celui que je pré­side, l’Institut Veblen, aus­si est essen­tielle. Alors vous me direz que cela n’est pas très radi­cal et pas en mesure de faire chan­ger les choses. Mais je n’ai pas fini mon énumération.

“Mettre son intelligence, sa compétence et sa position dans la société, son prestige, au service d’actions qui ne sont pas habituelles.”

Les leviers action­nables en faveur de la recon­ver­sion éco­lo­gique sont nom­breux. Il est aus­si pos­sible de s’associer avec des ONG et des cabi­nets d’avocats pour faire des pro­cès, comme l’Affaire du siècle. Il est pos­sible d’utiliser toutes les res­sources du droit et sur­tout de mettre son intel­li­gence, sa com­pé­tence et sa posi­tion dans la socié­té, son pres­tige (je pense aux étu­diants des grandes écoles), au ser­vice d’actions qui ne sont pas habi­tuelles. Puisque ce sont les étu­diants de Poly­tech­nique qui ont déci­dé de lan­cer ce numé­ro, je m’adresse à eux : vous pou­vez vous expri­mer, écrire des textes, des péti­tions, tra­vailler sur des dos­siers, les publier, deman­der des comptes, ou encore orga­ni­ser des mani­fes­ta­tions. Ce sont autant d’actions qui relèvent à la fois du réfor­misme et de la radicalité.


Quelques références :

  • Aldo Leo­pold, Alma­nach d’un com­té des sables, 1949
  • Lynn White, « Les racines his­to­riques de notre crise éco­lo­gique », Science, 1967
  • Nao­mi Oreskes et Erik M. Conway, Les mar­chands de doute, Le Pom­mier, 2012
  • Andreas Malm, Com­ment sabo­ter un pipe­line, La fabrique édi­tions, 2020
  • Domi­nique Bourg, Déso­béir pour la terre, défense de l’état de néces­si­té, Dal­loz librai­rie, 2021
  • Sic­co Man­sholt, La lettre Man­sholt, Les petits matins, 2023
  • Auré­lien Bou­taud, Décla­rer l’état d’urgence cli­ma­tique, édi­tions Rue de l’échiquier, 2024

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