La révolution SMART, une formidable opportunité de se réinventer pour les utilities
Pour contribuer à son engagement dans le débat sur la transition énergétique, GDF SUEZ a créé une PME interne dédiée aux technologies smart, Ecometering.
Ecometering conçoit, développe et exploite pour le compte des entités de commercialisation de la branche Énergie du groupe des solutions innovantes, clés en main, pour la maîtrise et le pilotage intelligent de l’énergie.
Des particuliers aux professionnels industriels et du tertiaire, ces solutions sont adaptées à tous les segments du marché. Explications avec Michaël Schack, Directeur Général d’Ecometering (78), et Stanislas de Crevoisier, Directeur Industriel (93).
Quel objectif a présidé à la création d’Ecometering ?
Michaël Schack : Les ruptures technologiques liées à l’internet des objets, au web 2.0, à la production décentralisée d’énergie ainsi que des évolutions sociologiques accompagnées de nouvelles règlementations conduisent toutes les grandes utilities européennes à se remettre en question.
Le groupe GDF SUEZ a créé Ecometering en janvier 2013, PME interne imaginée pour concevoir, développer et exploiter des solutions innovantes pour la maîtrise et le pilotage intelligent d’énergies.
De l’émergence d’un consommateur qui produit désormais une partie de l’énergie qu’il consomme – le consom’acteur – nait le besoin d’une palette de nouveaux services, allant de la mesure au pilotage à distance par exemple.
C’est pour relever ce défi que le groupe a créé Ecometering en janvier 2013, PME interne imaginée pour concevoir, développer et exploiter des solutions innovantes pour la maîtrise et le pilotage intelligent d’énergies.
Ces solutions sont commercialisées aujourd’hui par Electrabel en Belgique, GDF SUEZ DolceVita ou GDF SUEZ Energies France sur le territoire national.
A titre d’exemple : Vertuoz Habitat solution pour la répartition des frais de chauffage au gaz dans le logement collectif en France, ou le Thermostat Connecté DolceVita, qui permet de piloter son chauffage au gaz à distance depuis son smartphone afin de l’adapter à son mode de vie.
Comment se met-on en ordre de bataille pour opérer une telle évolution ?
MS : Avec les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, le smart energy est la troisième priorité de GDF SUEZ en Europe. Pour la mettre en oeuvre, Ecometering a été conçue comme un méta-projet, une petite structure à la gouvernance allégée. Ecometering compte aujourd’hui une centaine de collaborateurs parmi lesquels figurent nombre de hauts potentiels.
C’est l’agilité et la relative autonomie dont bénéficie Ecometering, qui nous permettent de prendre des décisions rapidement. Une de nos forces est notre capacité à développer et à faire évoluer notre écosystème de partenaires.
Celui-ci nous permet d’être toujours à la pointe de la technologie en termes de matériel et logiciel et de développer des solutions innovantes, donnant un avantage concurrentiel au groupe.
Avez-vous trouvé à l’intérieur de l’entreprise tous les moyens humains dont vous aviez besoin pour lancer un tel projet ?
Stanislas de Crevoisier : Dans un tel processus, il est absolument indispensable de brasser des personnes provenant d’horizons divers pour multiplier les retours d’expériences et susciter un maximum de créativité. Ecometering est donc un mix de personnes issues de différentes entités de GDF SUEZ, ainsi que d’externes, dont je suis, issus du monde des PME innovantes ou des start-up technologiques.
Cette double culture est essentielle pour trouver le bon équilibre : innover et faire évoluer les mentalités, tout en restant fidèle aux valeurs et aux personnes qui composent le groupe GDF SUEZ.
Est-ce un avantage d’appartenir à un grand groupe comme GDF SUEZ ?
SdC : Un premier avantage est que GDF SUEZ connaît formidablement bien tous les métiers de l’énergie. Deuxième avantage : nous pouvons bénéficier des avancées technologiques d’autres entités du Groupe.
La surface financière d’une grande entreprise comme GDF SUEZ n’est enfin pas négligeable comparé à une petite start-up qui doit se battre en permanence pour finaliser ses financements. Au total, l’appartenance à GDF SUEZ nous donne une force de frappe humaine, technique et commerciale extraordinaire, notamment en matière de commercialisation des solutions que nous proposons, qui passe essentiellement par le groupe.
Le lent démarrage de la transition énergétique freine-t-il le développement d’Ecometering ?
SdC : Au jour le jour, cela ne nous empêche pas de travailler tant il est vrai que les projets ne manquent pas. Au-delà, c’est le client qui prime. Qu’on lui présente à un prix acceptable un produit ou un service répondant à un réel besoin, le marché suivra.
Une de nos forces est notre capacité à développer et à faire évoluer notre écosystème de partenaires. Celui-ci nous permet d’être toujours à la pointe de la technologie en termes de matériel et logiciel et de développer des solutions innovantes.
MS : On prévoit que 50 milliards d’objets seront connectés dans les cinq ans qui viennent. A l’horizon de deux ou trois ans, vous pourrez intégralement piloter à distance votre maison avec votre smartphone. Cette évolution va changer nos modes de vie. C’est une formidable opportunité pour les utilities de se réinventer.
En tirant à la baisse les prix du charbon et du gaz naturel, les gaz de schiste ne sont-ils pas une menace pour le développement des solutions smart ?
SdC : Là encore il ne faut pas perdre de vue l’évolution inéluctable qui est en marche, qu’il s’agisse de l’émergence du consom’acteur qui produit une partie de son énergie ou, autre exemple, des bâtiments à énergie positive. A terme, on aura de moins en moins besoin de centrales pour produire de l’électricité.
Le réseau électrique ne servira plus que d’appoint car la production électrique sera locale, les clients consommant sur place l’énergie qu’ils produisent et se vendant leurs excédents les uns aux autres. C’est loin d’être de la science fiction.