La semaine de l’Europe à l’École
Ainsi qu’il avait été annoncé (JR 597) l’École polytechnique a accueilli du 4 au 8 octobre des personnalités éminentes du monde de la recherche et de l’industrie ainsi que des acteurs de la vie politique européenne.
Notre camarade Dickran Injoudjian (41), qui a collaboré activement depuis un an à la prépartion de cette semaine de l’Europe, a rédigé un compte-rendu de cette manifestation que nous présentons avec grand plaisir à nos lecteurs.
Je considère la semaine de l’Europe à l’X comme fort réussie. Voici mes principales observations et conclusions, surtout pour le cas probable et souhaitable où élèves et direction de l’École décideraient de donner à cette » semaine » une suite en 2005.
Les conférences
a) La comparaison entre les trois conférences du lundi 4 octobre au matin montre l’importance d’un cadrage clairement convenu très à l’avance entre le conférencier et les organisateurs (dont les élèves responsables de la séance concernée) ; importance aussi des questions préparées avec soin par ces élèves (et, si possible, d’autres).
Les conférences sur les transports et l’espace ont été très bonnes. Ont été bien décrites les questions concernant l’énergie que traite la Commission. Toutefois, il eût été de première importance de montrer aussi que les institutions actuelles de l’Union européenne ne permettent pas d’aborder sérieusement – et a fortiori de résoudre – les problèmes majeurs, et à la limite vitaux, qui se posent à l’échéance d’une génération, par exemple ceux de la sécurité d’approvisionnement en énergie, de la répartition des équipements entre les divers modes de production et de l’évolution de ceux-ci dans le temps. Ce point pourrait être utilement abordé l’année prochaine.
b) La conférence de l’ingénieur en chef Le Gallic, qui a remplacé au pied levé M. Giovachini, sur l’industrie de l’armement européen a été un modèle du genre : simple, mais nullement simpliste, montrant les succès, mais aussi les difficultés et les limites…
c) La conférence de M. Nowina-Konopka sur » Europe fédérale ou Europe des Nations » a intéressé les élèves, et c’est justice, même si certaines prises de position auraient sans doute gagné à être plus précises ou mieux argumentées.
d) La conférence-débat entre P. Lamy et Jean-François Poncet me semble avoir répondu aux attentes. Il est excellent que les élèves, dans ce cas comme dans d’autres, se soient exercés à l’exercice difficile de » l’animation « . Dans tous les cas, ils ont certainement aperçu eux-mêmes sur quels points améliorer leur performance.
Pascal Lamy, commissaire européen chargé du Commerce, a débattu avec Jean-François Poncet, sénateur et ancien ministre des Affaires étrangères.
ÉCOLE POLYTECHNIQUE, D.COM., PHILIPPE LAVIALLE
e) La conférence sur la recherche européenne a probablement plus intéressé les chercheurs que les élèves, trop centrée qu’elle était, à mon sens, sur la recherche pure et publique (et tout particulièrement l’astronomie). En outre, les problèmes qui diminuent l’efficacité de l’Union européenne dans ce domaine important devraient à mon sens faire l’objet d’une conférence l’année prochaine.
f) La conférence-débat entre P. Boniface et P. Béhar sur les limites de l’Europe me semble avoir été particulièrement enrichissante. Il est piquant de constater que d’intéressantes différences d’opinion entre les deux conférenciers ne sont apparues qu’au cours du dîner qui a suivi.
g) La table rectiligne sur » Construire sa vie professionnelle en Europe » a, je pense, apporté aux élèves des informations utiles. Il me semble toutefois que certains ordres de grandeur et certaines données pratiques auraient pu avantageusement être plus abondants : encore un aspect à compléter l’année prochaine.
h) La partie la plus intéressante de la séance sur » Les X en formation en Europe » était l’exposé en anglais sur l’organisation UNITECH. Les récits des expériences d’élèves ou d’anciens élèves auraient avantageusement pu être plus concrets.
Conclusions
Certaines conclusions se dégagent d’elles-mêmes de ce qui précède et elles pourraient être utiles si une suite est donnée l’an prochain.
J’ajoute en terminant, et c’est à mes yeux particulièrement important, que le centrage pourrait à cette occasion être différent, afin de mettre prioritairement en lumière, non pas les institutions considérées en elles-mêmes, ou les positions de tel État membre, mais les grands problèmes qui commandent pour une part essentielle l’avenir de l’Union européenne à moyen ou long terme. Je rappelle qu’une liste d’exemples de tels problèmes avait été donnée il y a environ un an au tout début du projet.
Identifier ces problèmes, en mesurer l’importance, montrer en quoi certains d’entre eux sont quasiment insolubles dans le cadre institutionnel actuel, tout cela est d’autant plus souhaitable que, non seulement les enjeux sont majeurs pour les citoyens européens, mais aussi que la formation des élèves et la vocation de beaucoup d’entre eux les conduiront à en connaître dans leur vie professionnelle.