La semaine de l’Europe à l’École

Dossier : EuropeMagazine N°600 Décembre 2004Par Dickran INDJOUDJIAN (41)

Ain­si qu’il avait été annon­cé (JR 597) l’É­cole poly­tech­nique a accueilli du 4 au 8 octobre des per­son­na­li­tés émi­nentes du monde de la recherche et de l’in­dus­trie ain­si que des acteurs de la vie poli­tique européenne.
Notre cama­rade Dickran Injoud­jian (41), qui a col­la­bo­ré acti­ve­ment depuis un an à la pré­par­tion de cette semaine de l’Eu­rope, a rédi­gé un compte-ren­du de cette mani­fes­ta­tion que nous pré­sen­tons avec grand plai­sir à nos lecteurs.

Je consi­dère la semaine de l’Eu­rope à l’X comme fort réus­sie. Voi­ci mes prin­ci­pales obser­va­tions et conclu­sions, sur­tout pour le cas pro­bable et sou­hai­table où élèves et direc­tion de l’É­cole déci­de­raient de don­ner à cette » semaine » une suite en 2005.

Les conférences

a) La com­pa­rai­son entre les trois confé­rences du lun­di 4 octobre au matin montre l’im­por­tance d’un cadrage clai­re­ment conve­nu très à l’a­vance entre le confé­ren­cier et les orga­ni­sa­teurs (dont les élèves res­pon­sables de la séance concer­née) ; impor­tance aus­si des ques­tions pré­pa­rées avec soin par ces élèves (et, si pos­sible, d’autres).

Les confé­rences sur les trans­ports et l’es­pace ont été très bonnes. Ont été bien décrites les ques­tions concer­nant l’éner­gie que traite la Com­mis­sion. Tou­te­fois, il eût été de pre­mière impor­tance de mon­trer aus­si que les ins­ti­tu­tions actuelles de l’U­nion euro­péenne ne per­mettent pas d’a­bor­der sérieu­se­ment – et a for­tio­ri de résoudre – les pro­blèmes majeurs, et à la limite vitaux, qui se posent à l’é­chéance d’une géné­ra­tion, par exemple ceux de la sécu­ri­té d’ap­pro­vi­sion­ne­ment en éner­gie, de la répar­ti­tion des équi­pe­ments entre les divers modes de pro­duc­tion et de l’é­vo­lu­tion de ceux-ci dans le temps. Ce point pour­rait être uti­le­ment abor­dé l’an­née prochaine.

b) La confé­rence de l’in­gé­nieur en chef Le Gal­lic, qui a rem­pla­cé au pied levé M. Gio­va­chi­ni, sur l’in­dus­trie de l’ar­me­ment euro­péen a été un modèle du genre : simple, mais nul­le­ment sim­pliste, mon­trant les suc­cès, mais aus­si les dif­fi­cul­tés et les limites…

c) La confé­rence de M. Nowi­na-Konop­ka sur » Europe fédé­rale ou Europe des Nations » a inté­res­sé les élèves, et c’est jus­tice, même si cer­taines prises de posi­tion auraient sans doute gagné à être plus pré­cises ou mieux argumentées.

d) La confé­rence-débat entre P. Lamy et Jean-Fran­çois Pon­cet me semble avoir répon­du aux attentes. Il est excellent que les élèves, dans ce cas comme dans d’autres, se soient exer­cés à l’exer­cice dif­fi­cile de » l’a­ni­ma­tion « . Dans tous les cas, ils ont cer­tai­ne­ment aper­çu eux-mêmes sur quels points amé­lio­rer leur performance.

Pascal Lamy, commissaire européen chargé du Commerce, a débattu avec Jean-François Poncet, sénateur et ancien ministre des Affaires étrangères.
Pas­cal Lamy, com­mis­saire euro­péen char­gé du Com­merce, a débat­tu avec Jean-Fran­çois Pon­cet, séna­teur et ancien ministre des Affaires étrangères. 
ÉCOLE POLYTECHNIQUE, D.COM., PHILIPPE LAVIALLE

e) La confé­rence sur la recherche euro­péenne a pro­ba­ble­ment plus inté­res­sé les cher­cheurs que les élèves, trop cen­trée qu’elle était, à mon sens, sur la recherche pure et publique (et tout par­ti­cu­liè­re­ment l’as­tro­no­mie). En outre, les pro­blèmes qui dimi­nuent l’ef­fi­ca­ci­té de l’U­nion euro­péenne dans ce domaine impor­tant devraient à mon sens faire l’ob­jet d’une confé­rence l’an­née prochaine.

f) La confé­rence-débat entre P. Boni­face et P. Béhar sur les limites de l’Eu­rope me semble avoir été par­ti­cu­liè­re­ment enri­chis­sante. Il est piquant de consta­ter que d’in­té­res­santes dif­fé­rences d’o­pi­nion entre les deux confé­ren­ciers ne sont appa­rues qu’au cours du dîner qui a suivi.

g) La table rec­ti­ligne sur » Construire sa vie pro­fes­sion­nelle en Europe » a, je pense, appor­té aux élèves des infor­ma­tions utiles. Il me semble tou­te­fois que cer­tains ordres de gran­deur et cer­taines don­nées pra­tiques auraient pu avan­ta­geu­se­ment être plus abon­dants : encore un aspect à com­plé­ter l’an­née prochaine.

h) La par­tie la plus inté­res­sante de la séance sur » Les X en for­ma­tion en Europe » était l’ex­po­sé en anglais sur l’or­ga­ni­sa­tion UNITECH. Les récits des expé­riences d’é­lèves ou d’an­ciens élèves auraient avan­ta­geu­se­ment pu être plus concrets.

Conclusions

Cer­taines conclu­sions se dégagent d’elles-mêmes de ce qui pré­cède et elles pour­raient être utiles si une suite est don­née l’an prochain.

J’a­joute en ter­mi­nant, et c’est à mes yeux par­ti­cu­liè­re­ment impor­tant, que le cen­trage pour­rait à cette occa­sion être dif­fé­rent, afin de mettre prio­ri­tai­re­ment en lumière, non pas les ins­ti­tu­tions consi­dé­rées en elles-mêmes, ou les posi­tions de tel État membre, mais les grands pro­blèmes qui com­mandent pour une part essen­tielle l’a­ve­nir de l’U­nion euro­péenne à moyen ou long terme. Je rap­pelle qu’une liste d’exemples de tels pro­blèmes avait été don­née il y a envi­ron un an au tout début du projet.

Iden­ti­fier ces pro­blèmes, en mesu­rer l’im­por­tance, mon­trer en quoi cer­tains d’entre eux sont qua­si­ment inso­lubles dans le cadre ins­ti­tu­tion­nel actuel, tout cela est d’au­tant plus sou­hai­table que, non seule­ment les enjeux sont majeurs pour les citoyens euro­péens, mais aus­si que la for­ma­tion des élèves et la voca­tion de beau­coup d’entre eux les condui­ront à en connaître dans leur vie professionnelle. 

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