La Solidarité apès l’école
Faute avouée est à demi pardonnée : nous sommes assez contents de ce qu’a été notre vie de promo depuis la sortie de l’École.
Et dans ce numéro consacré aux traditions il nous a paru légitime de faire figurer l’une des plus estimables d’entre elles, le maintien de cette « camaraderie polytechnicienne », tellement glorifiée mais pas toujours effective, et qui devrait trouver dans chaque promotion un milieu nourricier idéal.
Loin de nous l’intention de nous tresser des couronnes et de nous proposer comme modèle. Tout au plus espérons-nous donner quelques idées à ceux qui, d’aventure, en manqueraient.
Et cela en disant, tout simplement, ce que nous avons fait, et continuons à faire.
Depuis la fin de la dernière guerre, un magnan de promo réunit très régulièrement, tous les ans, un nombre de cocons qui s’est toujours situé, jusque dans les années récentes, entre 75 et 90.
Ce magnan, qui se tient à midi, et, dans toute la mesure du possible, dans les locaux de l’École, se prolonge, le soir même, par un dîner avec les épouses, en ville. Le cadre de ces nouvelles agapes varie d’une année à l’autre.
A l’occasion des anniversaires quinquennaux, ces manifestations se corsent notablement :
- Au magnan du midi, toujours célébré à l’École, sont invités nos anciens et nos conscrits. Le magnan de 1977, à Palaiseau, rassemblait ainsi 170 convives. Sont également conviées les personnalités encore en vie du Carva d’avant-guerre.
- Le soir, sont invités à participer, outre les Camarades des 3 promos et leurs épouses, leurs enfants directs ou par alliance – et, depuis peu, les petits-enfants. Les veuves ne sont pas oubliées.
Le nombre des présents s’élève parfois jusqu’à 500. La soirée débute par un spectacle de deux heures environ, entièrement assuré par les camarades eux-mêmes.
Comme dans un « Grand Echiquier » de la meilleure veine, se produisent là, outre un talentueux meneur de jeu, des chanteurs à voix, des chansonniers, des comédiens, des musiciens classiques, une chorale, un orchestre de jazz, et même, en 1977, un corps de ballet évoluant dans la tenue ad hoc (ces danseuses étoiles étaient, en 1972, de gracieuses majorettes)
La soirée se prolonge par un souper, et l’on coconne et danse fort avant dans la nuit.
L’ensemble du spectacle est enregistré, et des disques, ou cassettes, sont mis, dans les mois qui suivent, à la disposition des camarades.
Dans ce schéma général viennent s’intégrer des manifestations particulières, variables selon les années.
C’est ainsi qu’en 1977 :
- un week-end en Corse a été organisé à l’intention des ménages
- un arbre symbolique a été planté à Palaiseau (le premier d’une vaste forêt, si les autres promos suivent cet exemple) .
- un spectacle audiovisuel sur le Carva des années 37–39 est venu compléter nos dégagements scéniques
- nous avons compté parmi nos hôtes les premiers ménages polytechniciens (après avoir fêté, en 1972, les premières polytechniciennes)
Si quelques lecteurs considèrent comme un peu puériles toutes ces réjouissances, nous les invitons à venir juger sur place l’atmosphère chaleureuse qu’elles savent créer. Chacune de ces retrouvailles est un bain de jeunesse, où rayonne, non seulement l’amitié, mais aussi la joie.
La solidarité de la promo ne s’arrête d’ailleurs pas là. Elle se manifeste aussi dans l’adversité. Car il arrive, bien sûr, que le malheur nous atteigne : camarades en difficulté, veuves désemparées, familles démunies. Dans ces « mauvaises passes », la promo, sollicitée, réagit comme un seul homme, avec efficacité et générosité.
C’est tout. Mais ce n’est sans doute pas si mal. Et si d’autres font mieux que nous, nous serons les premiers à nous en réjouir.
Puissent en tout cas les mânes de Chambergeot susciter une saine émulation entre les promos.
La même salle à 35 ans d’intervalle