La solitude de l’écrivain
Voici un nouvel ouvrage de notre camarade Alexandre Chatelain (71). Après Baby Lan, où il décrivait sa vie quotidienne, il nous apporte ici, selon les termes de la Lettre de la Communauté de juin 2017, sa « contribution au débat national actuel sur le vivre ensemble ».
C’est un roman de 22 petits chapitres, bien écrit, facile à lire : avantage appréciable à notre époque. Et le procédé littéraire de faire parler un défunt – Alan, un ingénieur mort dans un accident de voiture en pleine force de l’âge – est bien commode.
Car l’auteur peut lui prêter plusieurs de ses propres traits ; le chapitre premier résume les principaux dans une formule originale : « Réduire mon espace de bonheur raisonnable à un cube qui présenterait les faces suivantes : travail, santé, amis, musique, livres, écriture. »
Mais il y ajoute des pratiques qui ne sont certes pas les siennes : par exemple, une sexualité débridée, qui fait déconseiller de laisser cet ouvrage entre toutes les mains.
Je sais bien que des auteurs contemporains célèbres ne se privent pas de telles descriptions. Mais était-ce bien nécessaire ?
J’ai trouvé intéressante l’idée d’étendre aux sentiments une donnée physiologique, bien connue des gériatres : la part de féminité de l’homme (masculin), qui s’accentue avec l’âge. C’est d’ailleurs aussi vrai de la « masculinité » de la femme.
Enfin, j’apprécie la finale du chapitre 19 : « L’œuvre demeure après le passage de l’artiste », pensée confirmée par la toute dernière ligne du livre : « Une œuvre reste toujours inachevée. »