La Synagogue et le Saint Jean rejoignent La descente de Croix du Louvre
Le groupe de la Descente de Croix conservé au Louvre est une des œuvres phares de l’art gothique français, tant par la qualité et l’élégance de son style que par son rare pouvoir émotionnel. Le cœur du groupe fut acquis par le Louvre en 1896 auprès de l’expert Charles Mannheim : il se composait de la Vierge et de Joseph d’Arimathie soutenant le corps du Christ, et de la statuette isolée de l’Église.
Puis le groupe fut rejoint en 1947 par la statuette du « Prophète » donnée par les enfants du baron et de la baronne de Rothschild.
À ce groupe manquaient toutefois visiblement deux personnages : le saint Jean traditionnellement représenté au pied de la Croix, en pendant de la Vierge, et l’allégorie de la Synagogue, symétrique de celle de l’Église.
Les deux statuettes étaient considérées comme à jamais perdues. Leur identification en 2011 chez un collectionneur français est un événement considérable. Ces deux statuettes faisaient partie de la collection de son grand-père Paul Corbin (1862−1948). Polytechnicien originaire de Metz, ingénieur et inventeur établi en Savoie, Paul Corbin collectionna surtout les armes anciennes et l’art japonais, mais aussi l’Art nouveau et les ivoires gothiques. Ainsi entrèrent dans sa collection, à une date inconnue, ces deux chefs‑d’œuvre de l’art gothique.
Leur acquisition par le musée du Louvre a notamment été rendue possible grâce au mécénat des Amis du Louvre et de nombreux donateurs, particuliers et entreprises.
L’entrée du saint Jean et de La Synagogue dans les collections du Louvre témoigne de manière exemplaire de l’étrange ténacité avec laquelle des œuvres séparées au cours du temps parviennent, malgré les aléas de l’histoire, à finalement se retrouver après parfois des siècles de séparation.