La technologie et les métiers du droit : quels seront les apports de l’IA ?

La technologie et les métiers du droit : quels seront les apports de l’IA ?

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°800 Décembre 2024
Par Mustapha OUSSERDAT

Mus­ta­pha Ous­se­drat, pré­sident de KPMG Avo­cats, revient sur le rôle et la place des nou­velles tech­no­lo­gies dans les métiers du droit. Avant-gar­diste, le cabi­net qui a vu le jour il y a 5 ans s’est doté de plu­sieurs solu­tions et outils, dont cer­tains déve­lop­pés en interne, au ser­vice de ses col­la­bo­ra­teurs, de ses avo­cats, mais aus­si des clients de KPMG. Il nous en dit plus dans cette interview.

Quel est le contexte autour de la création du cabinet KPMG Avocats ?

Le cabi­net a vu le jour au prin­temps 2019 afin de com­plé­ter l’offre du groupe KPMG et d’apporter à nos clients une exper­tise et un accom­pa­gne­ment dans le domaine du droit de l’entreprise en cou­vrant notam­ment le droit fis­cal, le droit des affaires et le droit social. 

Aujourd’hui, le groupe KPMG apporte à ses clients fran­çais et étran­gers, grands comptes fran­çais et inter­na­tio­naux, ETI et ME, une offre com­plète qui couvre l’ensemble des besoins sur le volet finan­cier, juri­dique, fis­cal et social en mobi­li­sant les meilleures exper­tises et com­pé­tences de KPMG. 

Depuis sa créa­tion, KPMG Avo­cats a connu une très forte crois­sance. Nous réa­li­sons un chiffre d’affaires net de près de 135 mil­lions d’euros en 2024 et avons plus de 650 col­la­bo­ra­teurs (tous sta­tuts confon­dus) répar­tis dans nos 22 bureaux qui maillent tout le ter­ri­toire national.

Aujourd’­hui, nous sommes le 3e cabi­net en termes d’effectifs et le 8e cabi­net en termes de chiffre d’affaires. Nous sommes essen­tiel­le­ment posi­tion­nés sur 3 mar­chés : les grands comptes, les ETI et les TPE/PME.

Alors que l’émergence des nouvelles technologies et, notamment l’IA et la data, a vocation à transformer la pratique du droit, KPMG Avocats a opté pour une approche volontariste. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

KPMG Avo­cats n’a pas atten­du l’engouement média­tique récent autour de l’IA afin de s’intéresser aux nou­velles tech­no­lo­gies et aux oppor­tu­ni­tés qu’elles peuvent nous offrir dans l’intérêt de nos clients. Le réseau KPMG a inves­ti et mis en place un por­tail mon­dial, Digi­tal Gate­way, avec une ver­sion pour le volet fis­ca­li­té (Tax) et droit des affaires (Law), qui per­met à nos clients de pilo­ter et de moni­to­rer à une échelle inter­na­tio­nale tous leurs sujets et enjeux rele­vant de la fis­ca­li­té, de la confor­mi­té et du droit des affaires. Ce por­tail est le fruit d’une démarche col­la­bo­ra­tive et concer­tée avec l’ensemble des autres métiers du groupe KPMG et, notam­ment le dépar­te­ment Connec­ted Tech de KPMG France qui est très en pointe sur les sujets rela­tifs à la trans­for­ma­tion digitale.

“KPMG Avocats n’a pas attendu l’engouement autour de l’IA afin de s’intéresser aux nouvelles technologies et aux opportunités qu’elles peuvent nous offrir dans l’intérêt de nos clients.”

Aujourd’hui, alors que le déploie­ment de l’IA et notam­ment l’IA géné­ra­tive s’accélère, notre objec­tif est de capi­ta­li­ser sur les tech­no­lo­gies les plus récentes afin de pour­suivre cette conduite du chan­ge­ment dans la pra­tique du droit, tou­jours au ser­vice de nos col­la­bo­ra­teurs et pour accom­pa­gner la trans­for­ma­tion de la fonc­tion juri­dique et fis­cale de nos clients.

Ain­si, il y a déjà quelques mois, nous avons déve­lop­pé avec une start-up, Adap­ti­vAI, une solu­tion inté­grée et adap­tée en repar­tant des besoins et des attentes de nos équipes. Aujourd’hui, cette solu­tion est uti­li­sée par nos équipes pour faire des recherches, des tra­vaux de rédac­tion ou d’analyse de data. Cette solu­tion ados­sée à l’IA leur per­met de gagner en pro­duc­ti­vi­té et en pré­ci­sion, mais aus­si de gagner du temps sur des tâches très sou­vent chronophages.

“Si nous sommes convaincus que ces solutions ne remplaceront pas les experts et les avocats, elles permettent néanmoins de positionner intellectuellement le travail de l’avocat sur des prestations à plus forte valeur ajoutée.”

Nous avons aus­si déve­lop­pé des outils pour opti­mi­ser les recherches docu­men­taires dans nos dif­fé­rentes bases de don­nées tech­niques ou propres à notre métier. En paral­lèle, nous uti­li­sons aus­si des solu­tions du mar­ché, comme Copi­lot de Micro­soft, qui apporte une assis­tance com­plé­men­taire à nos col­la­bo­ra­teurs et avo­cats. Si nous sommes convain­cus que ces solu­tions ne rem­pla­ce­ront pas les experts et les avo­cats, elles per­mettent néan­moins de posi­tion­ner intel­lec­tuel­le­ment le tra­vail de l’avocat sur des pres­ta­tions à plus forte valeur ajoutée.

Dans cette appropriation des outils et des solutions technologiques, quels sont les enjeux, selon vous ? À quoi faut-il être plus particulièrement vigilant ?

Pour des acteurs, comme KPMG Avo­cats, il est impor­tant de res­ter en veille active afin d’être en mesure de s’approprier ces outils au ser­vice de nos mis­sions, qui prennent la forme de pres­ta­tions intel­lec­tuelles, et de la qua­li­té de ser­vice qui est due à nos clients.

Au-delà, il me semble aus­si impor­tant de gar­der à l’esprit que la pro­fes­sion d’avocat est une pro­fes­sion intel­lec­tuelle et régle­men­tée, ce qui doit tou­jours nous pous­ser à être par­ti­cu­liè­re­ment pré­cau­tion­neux dans l’utilisation de ces tech­no­lo­gies. Nous devrons tou­jours veiller à ce que les pro­fes­sion­nels res­tent maîtres des conte­nus et opi­nions déli­vrés sur les­quels ils engagent la signa­ture du cabi­net. En paral­lèle, se pose bien évi­dem­ment aus­si la ques­tion de la sécu­ri­té, de la confi­den­tia­li­té et de la pro­tec­tion des don­nées qui sont ana­ly­sées et trai­tées par les solu­tions que nous pou­vons être ame­nés à utiliser. 

Poster un commentaire