La technologie et les métiers du droit : quels seront les apports de l’IA ?
Mustapha Oussedrat, président de KPMG Avocats, revient sur le rôle et la place des nouvelles technologies dans les métiers du droit. Avant-gardiste, le cabinet qui a vu le jour il y a 5 ans s’est doté de plusieurs solutions et outils, dont certains développés en interne, au service de ses collaborateurs, de ses avocats, mais aussi des clients de KPMG. Il nous en dit plus dans cette interview.
Quel est le contexte autour de la création du cabinet KPMG Avocats ?
Le cabinet a vu le jour au printemps 2019 afin de compléter l’offre du groupe KPMG et d’apporter à nos clients une expertise et un accompagnement dans le domaine du droit de l’entreprise en couvrant notamment le droit fiscal, le droit des affaires et le droit social.
Aujourd’hui, le groupe KPMG apporte à ses clients français et étrangers, grands comptes français et internationaux, ETI et ME, une offre complète qui couvre l’ensemble des besoins sur le volet financier, juridique, fiscal et social en mobilisant les meilleures expertises et compétences de KPMG.
Depuis sa création, KPMG Avocats a connu une très forte croissance. Nous réalisons un chiffre d’affaires net de près de 135 millions d’euros en 2024 et avons plus de 650 collaborateurs (tous statuts confondus) répartis dans nos 22 bureaux qui maillent tout le territoire national.
Aujourd’hui, nous sommes le 3e cabinet en termes d’effectifs et le 8e cabinet en termes de chiffre d’affaires. Nous sommes essentiellement positionnés sur 3 marchés : les grands comptes, les ETI et les TPE/PME.
Alors que l’émergence des nouvelles technologies et, notamment l’IA et la data, a vocation à transformer la pratique du droit, KPMG Avocats a opté pour une approche volontariste. Pouvez-vous nous en dire plus ?
KPMG Avocats n’a pas attendu l’engouement médiatique récent autour de l’IA afin de s’intéresser aux nouvelles technologies et aux opportunités qu’elles peuvent nous offrir dans l’intérêt de nos clients. Le réseau KPMG a investi et mis en place un portail mondial, Digital Gateway, avec une version pour le volet fiscalité (Tax) et droit des affaires (Law), qui permet à nos clients de piloter et de monitorer à une échelle internationale tous leurs sujets et enjeux relevant de la fiscalité, de la conformité et du droit des affaires. Ce portail est le fruit d’une démarche collaborative et concertée avec l’ensemble des autres métiers du groupe KPMG et, notamment le département Connected Tech de KPMG France qui est très en pointe sur les sujets relatifs à la transformation digitale.
“KPMG Avocats n’a pas attendu l’engouement autour de l’IA afin de s’intéresser aux nouvelles technologies et aux opportunités qu’elles peuvent nous offrir dans l’intérêt de nos clients.”
Aujourd’hui, alors que le déploiement de l’IA et notamment l’IA générative s’accélère, notre objectif est de capitaliser sur les technologies les plus récentes afin de poursuivre cette conduite du changement dans la pratique du droit, toujours au service de nos collaborateurs et pour accompagner la transformation de la fonction juridique et fiscale de nos clients.
Ainsi, il y a déjà quelques mois, nous avons développé avec une start-up, AdaptivAI, une solution intégrée et adaptée en repartant des besoins et des attentes de nos équipes. Aujourd’hui, cette solution est utilisée par nos équipes pour faire des recherches, des travaux de rédaction ou d’analyse de data. Cette solution adossée à l’IA leur permet de gagner en productivité et en précision, mais aussi de gagner du temps sur des tâches très souvent chronophages.
“Si nous sommes convaincus que ces solutions ne remplaceront pas les experts et les avocats, elles permettent néanmoins de positionner intellectuellement le travail de l’avocat sur des prestations à plus forte valeur ajoutée.”
Nous avons aussi développé des outils pour optimiser les recherches documentaires dans nos différentes bases de données techniques ou propres à notre métier. En parallèle, nous utilisons aussi des solutions du marché, comme Copilot de Microsoft, qui apporte une assistance complémentaire à nos collaborateurs et avocats. Si nous sommes convaincus que ces solutions ne remplaceront pas les experts et les avocats, elles permettent néanmoins de positionner intellectuellement le travail de l’avocat sur des prestations à plus forte valeur ajoutée.
Dans cette appropriation des outils et des solutions technologiques, quels sont les enjeux, selon vous ? À quoi faut-il être plus particulièrement vigilant ?
Pour des acteurs, comme KPMG Avocats, il est important de rester en veille active afin d’être en mesure de s’approprier ces outils au service de nos missions, qui prennent la forme de prestations intellectuelles, et de la qualité de service qui est due à nos clients.
Au-delà, il me semble aussi important de garder à l’esprit que la profession d’avocat est une profession intellectuelle et réglementée, ce qui doit toujours nous pousser à être particulièrement précautionneux dans l’utilisation de ces technologies. Nous devrons toujours veiller à ce que les professionnels restent maîtres des contenus et opinions délivrés sur lesquels ils engagent la signature du cabinet. En parallèle, se pose bien évidemment aussi la question de la sécurité, de la confidentialité et de la protection des données qui sont analysées et traitées par les solutions que nous pouvons être amenés à utiliser.