Le groupe X Maroc, finance à Casablanca

« L’Afrique détient un potentiel extraordinaire »

Dossier : 225e anniversaire de l'École polytechniqueMagazine N°749 Novembre 2019
Par Saïd IBRAHIMI

À la croi­sée des conti­nents, Casa­blan­ca Finance City se posi­tionne comme la pre­mière place finan­cière en Afrique et le par­te­naire des plus grands centres finan­ciers internationaux.

Le point avec son CEO Saïd Ibra­hi­mi, qui nous en dit plus sur le posi­tion­ne­ment et l’offre de CFC.

Casablanca Finance City se présente comme un hub économique et financier, destiné à développer les activités de ses membres dans le continent africain. Qu’en est-il concrètement ?

La place finan­cière de Casa­blan­ca a été créée en 2010 dans un contexte où le sec­teur finan­cier maro­cain avait atteint la taille cri­tique lui per­met­tant de s’internationaliser davantage.

De nom­breux acteurs éco­no­miques et finan­ciers inter­na­tio­naux com­men­çaient à se tour­ner vers l’Afrique. Le conti­nent offre en effet des pers­pec­tives et des dyna­miques de crois­sance uniques au monde, mais avec une com­plexi­té qui rend néces­saire un ancrage fort sur place.

À CFC pro­po­sons aux acteurs éco­no­miques et finan­ciers qui ont une voca­tion afri­caine de prendre appui sur le Maroc comme base pour se déployer en Afrique. Nous offrons un cadre aux meilleurs stan­dards inter­na­tio­naux mais aus­si l’appui d’un sec­teur ban­caire per­for­mant et très pré­sent en Afrique. Cette stra­té­gie de posi­tion­ner le Maroc comme porte d’entrée vers l’Afrique a été pro­mue de manière très volon­ta­riste par Sa Majes­té le Roi Moham­med VI, avec tous les suc­cès que nous connaissons.

Nous avons éga­le­ment pour ambi­tion d’attirer des inves­tis­seurs pour contri­buer au déve­lop­pe­ment du conti­nent. Plus de 5 Mds $ de fonds sont actuel­le­ment gérés par des membres CFC. Le fonds Africa50 basé à CFC depuis 2014 compte inves­tir jusqu’à 100 Mds $ dans le déve­lop­pe­ment durable en Afrique. Nous tra­vaillons à aug­men­ter ces mon­tants pour répondre aux besoins mas­sifs en termes de finan­ce­ment dans les infra­struc­tures et le déve­lop­pe­ment en Afrique.

Notre com­mu­nau­té d’affaires ras­semble près de 200 entre­prises, dont plu­sieurs ins­ti­tu­tions finan­cières, des banques, des socié­tés d’assurance, des fonds de capi­tal d’investissement et des ges­tion­naires d’actifs, mais éga­le­ment des pres­ta­taires de ser­vices pro­fes­sion­nels, des sièges régio­naux de mul­ti­na­tio­nales et des socié­tés hol­ding. Au total, nos membres sont pré­sents dans 48 pays du continent.

Concrè­te­ment, nous accueillons et sou­te­nons leur déve­lop­pe­ment en offrant non seule­ment un cadre aux meilleures normes, mais aus­si une flui­di­té” et une péren­ni­té pour la vie des affaires, notam­ment en termes de doing business.

En quoi se décline votre offre justement ?

Nous avons mis en place une pro­po­si­tion de valeur dédiée à nos membres. Celle-ci repose sur une sim­pli­fi­ca­tion et une accé­lé­ra­tion de l’environnement des affaires. En tant que membre CFC, les entre­prises peuvent obte­nir des contrats de tra­vail pour expa­triés en 48 heures et sans restriction.

Nous avons un accom­pa­gne­ment spé­ci­fique pour l’obtention des visas busi­ness en 24 heures, et les titres de séjour en 2 semaines. Nous offrons aus­si une totale liber­té de ges­tion des avoirs en devises de source étrangère.

Ensuite, l’accès à notre com­mu­nau­té busi­ness de près de 200 entre­prises fait par­tie inté­grante de notre pro­po­si­tion de valeur. C’est le second élé­ment consti­tu­tif de notre offre, à savoir faire par­tie et inter­agir avec des entre­prises inter­na­tio­nales de pre­mier plan qui par­tagent toutes une forte voca­tion afri­caine. À tra­vers notre Busi­ness Club, nous favo­ri­sons les syner­gies en offrant de nom­breuses occa­sions d’échanges et des retours d’expériences.

Enfin, le troi­sième pilier consiste à mettre à dis­po­si­tion de notre com­mu­nau­té des infor­ma­tions clés pour opé­rer en Afrique dans les meilleures condi­tions. Il est sou­vent dif­fi­cile d’appréhender la diver­si­té de l’Afrique pour un inves­tis­seur étran­ger, avec 54 pays, 54 cultures et 54 maniures d’opérer. C’est pour­quoi nous avons créé notre série « Afri­ca Insights » en par­te­na­riat avec nos membres, pour faci­li­ter la com­pré­hen­sion et l’accès aux infor­ma­tions clés de la vie des affaires. Nous pro­dui­sons éga­le­ment des focus pays régu­liers et nous invi­tons nos par­te­naires des Agences de Pro­mo­tion des Inves­tis­se­ments (APIs) afri­caines pour venir expo­ser aux entre­prises CFC leur vision des affaires en Afrique et les oppor­tu­ni­tés concrètes d’investissement dans leurs pays.

Ces par­te­na­riats sont autant de points focaux pour appuyer et gui­der les inves­tis­seurs en met­tant à leur dis­po­si­tion des infor­ma­tions clés sur les dyna­miques locales.

Quels sont les sujets qui vous mobilisent aujourd’hui particulièrement au sein de Casablanca Finance City, et pour conclure, quelles sont vos perspectives ? 

Nous avons un enga­ge­ment fort sur la finance verte qui est un sujet majeur pour le conti­nent. Le Royaume du Maroc s’est posi­tion­né de manière très volon­ta­riste sur le déve­lop­pe­ment durable, et CFC s’inscrit natu­rel­le­ment dans cette optique.

Casa­blan­ca Finance City pilote le réseau Afri­qie du FC4S (Finan­cial Cen­ters for Sus­tai­na­bi­li­ty), dont l’assemblée géné­rale annuelle s’est tenue en octobre à Genève. Le lan­ce­ment de ce pre­mier réseau mon­dial des places finan­cières vertes avait eu lieu à Casa­blan­ca en 2017 . Son but est de per­mettre aux centres finan­ciers de par­ta­ger et de capi­ta­li­ser sur leurs expé­riences et leurs réseaux afin d’accélérer le déve­lop­pe­ment de la finance verte et d’améliorer son impact au niveau mondial.

En juin der­nier, nous avons orga­ni­sé un sémi­naire inter­na­tio­nal sur le ver­dis­se­ment du sys­tème finan­cier afri­cain en par­te­na­riat avec l’université chi­noise de Tsing­hua, dans le cadre du pro­gramme mon­dial de lea­der­ship sur la finance verte. Plus de 150 experts de 24 pays dif­fé­rents ont par­ti­ci­pé aux trois jours d’échanges et réflé­chi aux leviers dis­po­nibles pour que la finance verte contri­bue à accroître les inves­tis­se­ments durables en Afrique.

Aujourd’hui, notre prio­ri­té est de mas­si­fier notre éco­sys­tème vert, en atti­rant de nou­velles entre­prises finan­cières et des fonds d’investissement dédiés à l’atténuation ou à l’adaptation au chan­ge­ment climatique.

Nous accueillons déjà plu­sieurs fonds, mais nous sou­hai­tons que d’autres acteurs spé­cia­li­sés viennent s’installer à Casa­blan­ca afin de ren­for­cer l’expertise de la place casa­blan­caise sur ce sujet cen­tral pour l’avenir du conti­nent africain.

Poster un commentaire