L’Afrique, un lien qui vient du cœur

Dossier : X-AfriqueMagazine N°640 Décembre 2008

Le groupe X‑Afrique est né en 2003 par fusion de deux ini­tia­tives paral­lèles. Il compte aujourd’­hui 250 membres et s’ef­force de ren­for­cer les liens entre les poly­tech­ni­ciens en Afrique.

Paro­diant à rebours les fameux Mous­que­taires, les quatre res­pon­sables du groupe X‑Afrique n’é­taient que trois, ce jour-là, dans la boîte à claque, pour van­ter avec fer­veur les actions du groupe X‑Afrique. C’est que, » l’A­frique, on aime ou on n’aime pas. Si l’on aime, la rela­tion devient de ce fait vis­cé­rale » comme l’a mon­tré l’en­goue­ment qu’a sus­ci­té l’é­lec­tion de Barak Obama.

Afri­cains eux-mêmes, tra­vaillant en Afrique ou amou­reux de l’A­frique, les 250 membres du groupe, dont le quart réside en Afrique, agissent dans quatre domaines prin­ci­paux (sans comp­ter quelques opé­ra­tions ponc­tuelles d’en­traide) : la pro­mo­tion de l’É­cole, l’aide à la venue d’é­lèves afri­cains, l’in­ser­tion pro­fes­sion­nelle des élèves en Afrique et des réflexions et échanges sur l’Afrique.

Promouvoir l’École

La pro­mo­tion de l’É­cole s’ef­fec­tue par l’exis­tence même du groupe X‑Afrique et sa par­ti­ci­pa­tion offi­cielle à de nom­breux évé­ne­ments, dont la fête de l’é­lec­tion de M. Barak Oba­ma, pré­cise Alain Ducass. » Je me sou­viens du Consu­mer elec­tro­nic show à Las Vegas où j’ai par­lé de l’A­frique dans la socié­té de l’in­for­ma­tion si bien que le séna­teur de Phi­la­del­phie est venu me saluer et nous avons pu échan­ger d’in­té­res­santes impres­sions sur l’im­pli­ca­tion des dia­spo­ras afri­caines dans la vie économique. »

Kina­pa­ra Cou­li­ba­ly (98), copré­sident Afrique sub­sa­ha­rienne, ori­gi­naire de Côte‑d’Ivoire, marié, sans enfant, ingé­nieur chez Schlumberger.
« J’ai tra­vaillé quelques années en Angle­terre. De retour en France, j’ai tenu à m’impliquer dans les acti­vi­tés des anciens élèves et dans un groupe comme X‑Afrique. »

De gauche à droite, Kina­pa­ra Cou­li­ba­ly (98), Alain Ducass (73) et Jean-Fran­çois Sor­ro (72).

X‑AFRIQUE
c/o AX 5, rue Des­cartes, 75005 Paris

Hatim Ara­ki (90), copré­sident Magreb, ori­gi­naire du Maroc, diplô­mé de l’ENSAE, marié, jeune papa, direc­teur tech­nique de Come & Stay, entre­prise agis­sant dans le domaine de la vente par Internet.

Alain Ducass (73), copré­sident Europe, ingé­nieur des Mines, marié, 6 enfants.
« Je suis tom­bé dans la mar­mite afri­caine quand j’étais jeune ingé­nieur pas­sion­né par le déve­lop­pe­ment éco­no­mique. J’y compte beau­coup d’amis. Le drame, ce sont les gens qui veulent tra­vailler et ne le peuvent pas. Il faut lut­ter contre cette injus­tice fon­da­men­tale. Mon métier, c’est de créer du bou­lot. »

Jean-Fran­çois Sor­ro (72), secré­taire géné­ral, ingé­nieur des Mines, marié, 3 enfants.
« J’ai diri­gé une entre­prise au Maroc durant cinq ans et la direc­tion régio­nale Magh­reb d’un groupe durant trois ans. J’en ai gar­dé un atta­che­ment fort pour l’Afrique du Nord et toute l’Afrique. L’Afrique et l’Europe doivent res­ser­rer for­te­ment et rapi­de­ment leurs liens cultu­rels, éco­no­miques et poli­tiques. La France a un rôle clé à jouer et les X afri­cains et fran­çais peuvent appor­ter un concours pré­cieux. »

Favoriser la venue d’élèves africains à l’École

Le pro­blème est d’a­bord d’ordre finan­cier. Il faut trou­ver des bourses pour les étu­diants afri­cains. » Nous étu­dions, avec la Fon­da­tion, un sys­tème de bourses rem­bour­sables en cas de non-retour de l’é­lève dans son pays d’o­ri­gine, tirant leçon de l’exemple des Maro­cains dont la moi­tié ne retourne pas au Maroc. » Reste, en amont, le pro­blème des classes pré­pa­ra­toires, encore très rares en Afrique (où l’on peut citer en exemple le lycée Moham­med V de Casablanca).

Deux ini­tia­tives parallèles
L’éphémère groupe « X‑Afrique sub­sa­ha­rienne », créé en sep­tembre 2002 par Abdou­rah­mane Cis­sé (2001), et Oueys­si­nou Nakou­li­ma (96), s’adressait sur­tout aux poly­tech­ni­ciens afri­cains. Le groupe X‑Sud, lan­cé deux mois plus tard par Alain Ducass (73), s’intéressait plus par­ti­cu­liè­re­ment au codé­ve­lop­pe­ment avec l’Afrique. Les deux ont rapi­de­ment fusion­né en mars 2003, sous le nom d’X‑Afrique. Rap­pe­lons qu’il existe des groupes plus spé­ci­fiques, X‑Maroc et X‑Tunisie, dont une par­tie signi­fi­ca­tive des membres adhère à X‑Afrique.

Aider à l’insertion professionnelle

» Il faut, comme le rap­pelle Jean-Fran­çois Sor­ro, que les anciens élèves soient atti­rés par un retour dans leur pays et puissent accé­der à des emplois de bon niveau lors­qu’ils y rentrent. Un des volets de la solu­tion semble être d’im­pli­quer le plus pos­sible les élèves et anciens élèves dans la créa­tion de centres de pro­fit en Afrique pen­dant le dérou­le­ment de leurs études en France. » Cela a ame­né à la créa­tion du pro­jet » Mar­cot­tage » (voir article en page sui­vante), ani­mé par des béné­voles X‑Afrique ou non. L’a­na­lyse de ce pro­jet lan­cé en 2005 dépasse très lar­ge­ment celle du groupe X‑Afrique.

Réfléchir sur l’Afrique

» Nous pla­çons beau­coup d’es­poir dans l’a­ve­nir, explique Kina­pa­ra Cou­li­ba­ly. La crise actuelle a démon­tré la ges­tion déplo­rable de l’Oc­ci­dent et va conduire à un nou­vel équi­libre Nord-Sud. »

Le groupe tra­vaille beau­coup par cour­riel et dif­fuse une lettre sur Inter­net. Il orga­nise des réunions, dont la der­nière s’est tenue le 4 décembre avec notre cama­rade Sté­phane Cie­nie­wis­ki (95), res­pon­sable du Bureau de l’A­frique à Ber­cy (DGTPF). Il négo­cie des conven­tions de par­te­na­riat avec les pou­voirs publics. Il est sur­tout très actif dans le cadre des » dia­spo­ras » afri­caines (voir article en page sui­vante), et mul­ti­plie les échanges avec des groupes inter­na­tio­naux (Maroc Entre­pre­neurs, Afri­ca­go­ra, Réseau des étu­diants algé­riens des grandes écoles, » Afri­can busi­ness club »), avec les dif­fé­rentes écoles afri­caines por­tant le nom de polytechnique.

Propos recueillis par
Jean-Marc Chabanas (58)

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