« Laissez-les servir » et l’ANDSA multiplient les actions citoyennes
Le capitaine de réserve Nourouddine Abdoulhoussen, président et fondateur de l’Association Nationale « Laissez-Les Servir » bien connue des Polytechniciens, hôte notamment de la « Nuit du Bien Commun », nous explique son cheminement.
Mon Capitaine, pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Permettez-moi tout tout d’abord de remercier les nombreux donateurs de l’X et de l’AX de l’Association Nationale « Laissez-Les Servir », sans lesquels rien de durable ne pourrait être construit. Mon parcours est simple : jeune immigrant d’origine indienne, j’ai eu la chance et l’opportunité d’aller dans les banlieues parce que ma famille y vivait. Et là, j’ai découvert le monde du bas des escaliers. J’ai rencontré Steven, jeune ado sans repères, violent, frappant ses professeurs, n’ayant pas de projet de vie, fréquentant des caïds au bas des escaliers. J’ai rencontré Sarah, 9 ans, déjà déscolarisée ; Mehdi l’enfant de la DDASS, gosse sans espoir vivotant aux frontières de la petite criminalité… et je me suis demandé : « Qu’est-ce qui fait la différence entre eux et moi ? Est-ce le fait que j’ai eu la chance de faire un parcours contraignant certes mais ô combien constructeur via le service militaire ? »
Est-ce également votre appartenance à l’Armée française ?
Oui, j’en suis intimement convaincu. J’ai très vite rejoint l’Armée française, qui m’a permis de m’approprier les valeurs bimillénaires de la France tout en fortifiant mon épigénèse et mon ontogénèse culturelles. Or, ce dont j’ai pu bénéficier d’une manière presque naturelle – à travers la conscription obligatoire – a disparu en 1995. C’est pourquoi j’ai voulu créer en 2007 ce système d’accompagnement citoyen pour les enfants des banlieues, l’Association Nationale « Laissez-Les Servir ».
Comment fonctionne votre association ?
Créée et inspirée des valeurs sociales de l’Armée française et de la richesse de l’héritage patriotique commun, l’Association Nationale « Laissez-Les Servir » est l’une des rares structures apolitiques et aconfessionnelles à faire du savoir-vivre auprès des jeunes des quartiers difficiles en mettant en œuvre les concepts de contrainte émancipatrice et d’autonomie encadrée. Ainsi, par exemple, nous imposons le port d’un uniforme afin de gommer les différences.
Pouvez-vous nous donner un exemple de parcours citoyen ?
Par exemple, ce Noël, les stocks de sang français étaient tombés à un plus bas historique. Nous avons été contactés par le président de trois grosses associations de don du sang, le Capitaine de Frégate ® Besanger, qui préside également l’ANDSA, l’Association Nationale des Donneurs de Sang aux Armées. Pendant la Covid, l’ANDSA a distribué des matériels médicaux aux SSA et CTSA et organisé plusieurs campagnes de don du sang aux armées, en encourageant notamment les primo-donneurs. L’ANDSA nous a proposé de nous rendre en bus au CTSA de Clamart et nous avons tout de suite accepté.
Comment avez-vous été accueillis ?
Très chaleureusement. Ce fut une aventure humaine inoubliable. Ce jour-là, nos jeunes des quartiers sont devenus citoyens par « le sang donné pour le sang versé » de nos soldats en OPEX. À l’issue de cette séance de don du sang, qui a duré toute une matinée, les médecins et infirmières du CTSA sont sortis avec nous dans la cour de l’hôpital, devant le mât du drapeau, et nous avons entonné tous ensemble La Marseillaise. Ce fut vraiment très beau.
Allez-vous renouveler l’opération ?
Oui, bien entendu je suis favorable à reconduire cette action et mobiliser d’autres jeunes primo-donneurs, avec l’ANDSA et le CTSA.
Quelles autres actions citoyennes menez-vous en ce moment ?
L’ANLLS conduit plusieurs opérations en mettant en place la logistique, la préparation et la cuisine des produits puis la distribution de repas solidaires. Par ailleurs, lors des cérémonies de citoyenneté et de remise des cartes d’électeurs, l’ANDSA rencontre les jeunes de 18 ans nouvellement inscrit sur les listes électorales, et leur présente à cette occasion le don du sang aux Armées.