Lalique sculpteur de lumière
Depuis 1921, la Manufacture Lalique installée en Alsace, région de tradition verrière, perpétue un savoir-faire artisanal qui, transmis depuis des générations, forge l’identité et la mémoire de chaque pièce.
La main de l’homme, artiste-artisan, métamorphose la matière brute, fusion à 1 400° de silice et de plomb, en des objets uniques qui méritent le statut d’œuvres d’art. Autant d’objets exceptionnels qui font de la marque un fleuron du patrimoine artistique et culturel international, rayonnant à travers un réseau de plus de 80 boutiques et 1 500 points de vente dans le monde.
Le style Lalique naît du geste de l’artiste esquissant un dessin en osmose totale avec la matière ; un style reconnaissable au modelage manuel des pièces et des décors, comme une sculpture, à la richesse du décor figuratif, aux finitions qui donnent ce contraste caractéristique de cristal clair et satiné.
Les maîtres du feu
Chercher à comprendre le travail du verrier, c’est rendre hommage à l’homme de l’art et à la complexité de son savoir-faire. Si la « halle » au verre chaud mène la danse – c’est là que la matière est produite et que l’objet prend forme, dans nos ateliers, à Wingen-sur-Moder en Alsace, les trois quarts du travail sont réalisés dans les ateliers du verre froid, où l’objet sans cesse remis sur le métier y atteint la perfection.
Sculpteur de lumière
D’abord, offrir l’œuvre du verrier aux premiers rayons du soleil et se laisser éblouir par l’éclat du cristal que fait vibrer la lumière naturelle. Puis d’une pichenette, éveiller des sons d’une incroyable pureté.
La magie du cristal s’opère dans la fusion, étape par laquelle la silice, la potasse, le minium de plomb et le groisil se métamorphosent, suivant des dosages qui restent un secret jalousement conservé, en une matière brillante, lumineuse et à la sonorité si particulière. Comme d’autres choisissent la pierre ou le bronze, René Lalique, au siècle dernier, créa des objets décoratifs et des sculptures en verre qui, aujourd’hui transposés dans le cristal, exercent sur le collectionneur un pouvoir de séduction inégalé. « Rodin des transparences » comme Maurice Rostand, fils d’Edmond, l’avait si bien nommé, homme-clé de l’une des plus belles marques du luxe français, cet artiste de génie aborda avec un égal talent l’architecture d’intérieur et le mobilier aussi bien que le bijou et la sculpture. Héritier de l’art et de l’œuvre de René Lalique, le verrier d’aujourd’hui continue de dompter la lumière. Jouant avec la profondeur du relief, il fait naître des œuvres entièrement réalisées à la main et dont les admirables effets de transparences sont magnifiés par un rendu tour à tour brillant ou satiné. Magicien au pouvoir quasi illimité, il nous ouvre les portes translucides d’un univers poétique qui mène au pays des songes et des mystères.
La beauté du geste…
Des êtres étranges, vêtus comme des cosmonautes, hantent la « halle » au verre chaud pour le changement de pot. Bravant des températures extrêmes – la matière en fusion atteint les 1 400 °C – dans un ballet spectaculairement orchestré, une chorégraphie faite de souffles, de tournoiements et de gestes mesurés, les verriers « cueillent » le cristal au bout d’une canne, éliminent, aux ciseaux, bulles et imperfections de la boule de feu avant de la mettre en forme selon différentes techniques, dont le pressé-moulé utilisé pour la plupart des pièces : « cueilli » à la canne, le cristal est coulé dans un moule puis pressé jusqu’à épouser les parois du moule. Transportée sur le tapis roulant de « l’arche de recuisson », l’ébauche est ramenée en douceur à température ambiante.
L’opération dure entre vingt-quatre heures et cinq jours. Les pièces quittent la « halle » au verre chaud pour gagner l’atelier du verre froid où sont effectuées retouches, sculptures et finitions. L’ébauche porte en surface les « coutures » laissées par le moule, à l’intérieur duquel la pièce a pu contracter des plis ou « frissons ». Taille et retouches viennent remédier à ces défauts de jeunesse avant que ne commence un véritable travail de sculpture.
L’artiste verrier avive les arêtes, redonne de la nervosité à la pièce, cisèle une chevelure ou la colonne vertébrale d’un nu. Il se penche sur les visages, fouille leurs traits jusqu’à ce qu’ils soient à la fois expressifs et fidèles à l’œuvre du créateur. L’ensemble de ces opérations peut durer jusqu’à quarante heures pour La Grande Nue Vénus. Au niveau des finitions, le jeu se joue entre parties brillantes et satinées, qui coexistent sur la plupart des pièces. Polies, matées, satinées ou sablées, les surfaces sont parfois rehaussées d’un émaillage au pinceau.
Après un choix drastique effectué après chaque étape de la fabrication, le contrôle qualité valide les pièces une à une, en fonction de critères techniques mais aussi suivant des critères esthétiques, dans le respect de l’esprit de la création.
Réalisée à main levée, la signature Lalique est gravée à l’aide d’une pointe diamantée. L’œuvre sculptée peut alors quitter Wingen-sur-Moder.