L’an 2000
Il est difficile de ne pas rappeler que l’an un est réputé être celui de la naissance de Jésus-Christ et que l’Église catholique organise des fêtes pour l’an 2000, selon une tradition jubilaire qui remonte à 1300 et s’est poursuivie depuis lors. Une telle tradition existait de longue date chez les Juifs qui célébraient un jubilé tous les quarante-neuf ans.
© PHILIPPE DUFAY/PHOTO LOISIRS
Pour une revue comme la nôtre, quels sujets peut-on traiter en cette occasion ? Il est en effet difficile d’être original en une période où tous les médias vont déverser des torrents d’encre pour célébrer ce millénaire qui, il faut bien l’avouer, présente un caractère quelque peu magique.
Une option prudente consisterait à présenter un bilan du passé, par exemple du dernier siècle, du dernier millénaire, ou encore des derniers dix mille ans. L’originalité ne serait sûrement pas au rendez-vous.
L’option fort téméraire consistant à proposer une prospective dans divers domaines se heurte à des difficultés qui la rendent probablement assez vaine au moins dans certains secteurs. Imaginons en effet un exercice similaire en janvier 1900. On aurait certes pu prédire une guerre européenne. Il aurait été plus difficile de prédire qu’elle serait mondiale. Il eût été impossible de prédire qu’il y en aurait deux. Quant aux percées technologiques qui ont modifié et qui modifieront notre mode de vie, elles étaient franchement imprévisibles. Certes l’automobile existait et l’aviation commençait à balbutier. Mais l’électronique et l’énergie nucléaire restaient à inventer. Leurs conséquences ne pouvaient donc être imaginées.
Cependant, il n’en est pas moins vrai que l’événement générateur que nous fêtons en janvier 2000 a eu des conséquences incalculables : nous les constatons, par exemple, tous les jours dans le domaine de la culture et de l’art. Dans le domaine de l’éthique l’homme est malheureusement encore dans bien des cas un loup pour l’homme – et Dieu sait que le XXe siècle doit assumer un triste bilan de ce point de vue. Mais il existe des autorités morales, ayant survécu depuis deux mille ans – d’autres plus longtemps – à tous les assauts, toutes les usures et toutes les faiblesses qui donnent à l’homme d’aujourd’hui non seulement mauvaise conscience vis-à-vis de certaines de ses turpitudes, mais aussi et surtout qui proposent à l’humanité perturbée par les mutations si rapides de notre temps des perspectives d’espérance.
Compte tenu des considérations précédentes, et en particulier comme la récapitulation de ce qui s’est passé serait soit superficielle, soit dépassant largement le cadre de ce numéro, et que la prospective, le XXe siècle l’a montré, risque d’être assez largement démentie par ce qui se passera en réalité, l’exercice semble fort périlleux.
Le parti que nous avons pris est donc de présenter quelques articles, à la fois en rapport avec le sujet, et fort éloignés de l’exhaustivité. Mais peut-être pourrons-nous en janvier 2001, qui correspond effectivement au début d’une ère nouvelle, proposer un numéro plus structuré.
Camarades, à vos plumes !
Le Soleil apparaissant au cours de l’éclipse du 11 août 1999 symbolise sur la couverture le début d’une ère nouvelle : les années 2000.